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À La Une - Liban

A Bint Jbeil, on fête la libération du Sud en rangs serrés

« N'ayez pas peur d'Israël, car c'est Israël qui a peur de nous et pas le contraire », lance Hassan Nasrallah, quatorze ans après le retrait israélien du Liban-Sud.

A Bint Jbeil, on célébrait, dimanche 25 mai 2014, le 14e anniversaire de la libération du Liban-Sud de l'occupation israélienne. Photo Amélie Zaccour

En ce 25 mai 2014, Bint Jbeil, grande ville du Liban-Sud, accueille les visiteurs avec une marée de fanions jaunes. Dans la ville, chacun porte le drapeau du Hezbollah à sa manière. Certains en ont orné la carrosserie de leur scooter ou de leur voiture, un jeune garçon s'en est drapé, des hommes en jean et polo, chaine autour du cou et chevelure brillante de gel, ainsi que des femmes en tchador le brandissent, un bébé le porte noué en fichu, un autre en bandeau horizontal, façon Rambo. Dans les rues de la ville, des vendeurs ambulants poussent des charrettes couvertes de CD et d'une sono qui hurle des chants à la gloire du régime syrien.

Dans les fiefs du Hezbollah, le 25 mai, anniversaire du retrait israélien du Liban-Sud, se fête en famille. Des toboggans Bob l'éponge ont investi le centre-ville. Dans les rues, on chante, on se prend en photo et on rit de bon cœur.

 

Bint Jbeil aux couleurs du Hezbollah. Photo Amélie Zaccour

 

La cérémonie organisée pour le 14e anniversaire de la libération du Sud, se tient un peu en retrait, sur un terrain qui surplombe une husseiniyeh et un cimetière. A l'entrée, les voitures sont soigneusement scannées par les services de sécurité du Hezbollah. Les hommes et les femmes pénètrent par deux couloirs différents et sont séparés dans l'assemblée.

L'accueil est assuré par les jeunes scouts de l'Imam Mahdi, mouvement de jeunesse affilié au Hezbollah. Ils arborent un uniforme bleu ciel sur lequel est épinglée une photo de l'ayatollah Khomeiny. « Nos scouts sont comme tous les scouts du Liban, assure Hassan, leur leader. Nous organisons des activités sociales et religieuses, et Khomeiny est notre guide spirituel, comme le Pape l'est pour les chrétiens ». Cet étudiant en physique de 22 ans, jeune homme maigrichon à lunettes, se souvient de la vie sous occupation israélienne à Aïta Chaab, son village. « Ma mère était enceinte de mon frère et devait entrer à l'hôpital en urgence. L'armée du Sud-Liban (milice libanaise pro-israélienne, ndlr) l'a bloquée pendant deux heures à un check-point, alors qu'il nous fallait déjà une heure pour atteindre l'hôpital le plus proche, à Tyr. » Lorsqu'il évoque la libération, en mai 2000, ses yeux brillent et un large sourire s'affiche sur son visage. « Des hommes du Hezbollah et d'Amal sont entrés dans le village avec des drapeaux. Les femmes chantaient et jetaient du riz. Les prisonniers de Khiam ont été libérés. Ce jour-là, nous avons pu relever la tête ». Derrière lui, un groupe d'ados passe en hurlant « Yalla, Nasrallah, yalla ! », « Yalla, Bachar, yalla ! », en référence au secrétaire général du Hezbollah et au président syrien.

 

(Pour mémoire : Marchands de légumes, commerçants ou étudiants, les hommes du Hezb fiers de combattre en Syrie)

 

La libération du Sud se fête en famille. Photo Amélie Zaccour

 

Une heure avant la cérémonie, l'assemblée n'est pas encore complète mais la fête bat déjà son plein. Une fanfare assourdissante joue en désaccord avec des enceintes qui hurlent les chants de la Résistance. Des écrans géants abimés alternent scènes de guerre et de liesse. Explosions intenses, retours de combattants glorifiés au village, femmes et enfants qui dansent et chantent en jetant des fleurs et en agitant des drapeaux jaunes.

 

Peu à peu, des dizaines de milliers de personnes remplissent les sièges. L'assemblée est clairement divisée en différents groupes. Au pied de la scène, les places d'honneur sont réservées aux cheikhs à turbans noirs et blancs et autres religieux et responsables. Une barrière les sépare des hommes, qui forment la majorité du public. Les femmes occupent le fond. Toute la partie gauche est réservée aux combattants, qui ressemblent davantage à une armée organisée qu'à un mouvement paramilitaire.

 

Photo Amélie Zaccour

 

 A 17h30 pile, le show commence. Un homme prend le micro et loue les symboles du Hezbollah et du chiisme, d'Imad Moghniyeh à Moussa Sadr. Après récitation de la Fatiha, on passe un extrait de l'hymne national libanais, puis on salue Michel Aoun et Sleiman Frangié, alliés chrétiens du Hezbollah. Des musiciens gagnent alors la scène et chantent la gloire du 25 mai et de la Libération. Mais le public s'impatiente et réclame le discours du Sayyed en criant « Abou Hadi, Abou Hadi », en référence au fils ainé de Hassan Nasrallah, mort au front contre Israël en 1997. Quand le visage du charismatique leader chiite apparait sur l'écran géant, une clameur monte de la foule, accompagnée d'un lâcher de ballons jaunes.

 

« Malgré les événements qui se déroulent dans notre région, surtout en Syrie, la résistance a toujours une capacité de dissuader Israël », lance Hassan Nasrallah, expliquant que son mouvement forme un « axe de la résistance » avec l'Iran et la Syrie contre Israël et l'Occident. L'index en l'air, il répète ses phrases et insiste sur les derniers mots, comme pour confirmer. « La Syrie va triompher et l'axe de la résistance va triompher », poursuit le chef du hezbollah, dont les combattants luttent avec l'armée contre les rebelles en Syrie. « N'ayez pas peur d'Israël, car c'est Israël qui a peur de nous et pas le contraire », affirme-t-il encore.

 

 Lire aussi : Nasrallah veut un président qui ne trahirait pas la résistance)

 

Photo Amélie Zaccour

 

Des mots rassurants pour ceux qui ont vécu les horreurs de l'occupation. « Pendant l'occupation, les Israéliens nous ont dit que si nous ne quittions pas nos villages, ils détruiraient les toits de nos maisons sur nos têtes. Nous ne pouvions pas pratiquer notre religion sous peine d'être kidnappés et déportés à Khiam. Une barbe suffisait pour qu'un homme soit pris pour un terroriste, explique Fatmeh*, 51 ans, mère de famille qui a émigré en Australie en 1983. Il fallait avoir une permission pour se déplacer et rendre visite à sa famille. Les jeunes avaient peur de venir sous peine d'être arrêtés ». Alors pour elle, la priorité est la défense contre Israël, qui passe automatiquement par la Syrie. « Comme les Israéliens ont perdu en 2006, ils nous font la guerre à partir de la Syrie. Avec leurs alliés occidentaux, ils financent les djihadistes du Front al-Nosra et de Da'ech et soignent leurs blessés. Ils veulent détruire le régime syrien, car il nous soutient. Mais grâce au Hezbollah, les terroristes se tiennent hors du Liban, ajoute-t-elle avec assurance. Les gens qui ne sont pas du Sud ne peuvent pas comprendre à quel point l'occupation était difficile. Ici, nous apprécions tout ce que le Hezbollah fait, et nous le remercions ».

 

*Le prénom a été changé

 

En ce 25 mai 2014, Bint Jbeil, grande ville du Liban-Sud, accueille les visiteurs avec une marée de fanions jaunes. Dans la ville, chacun porte le drapeau du Hezbollah à sa manière. Certains en ont orné la carrosserie de leur scooter ou de leur voiture, un jeune garçon s'en est drapé, des hommes en jean et polo, chaine autour du cou et chevelure brillante de gel, ainsi que des...

commentaires (5)

Si certains libanais ne savent pas l'impact que cette libération a eu sur les pleutres du pays de l'usurpation , eux , les poltrons savent ce qu'il leur a couté d'avoir voulu essayer d'usurper cette terre , et c'est ça le plus important , parce qu'avant de réessayer encore une fois , ils vont avoir à aller chercher dans leurs pires cauchemars , les souvenirs de ce qui a fait notre bonheur , à nous libanais , peuple de résistants .

FRIK-A-FRAK

11 h 29, le 27 mai 2014

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Commentaires (5)

  • Si certains libanais ne savent pas l'impact que cette libération a eu sur les pleutres du pays de l'usurpation , eux , les poltrons savent ce qu'il leur a couté d'avoir voulu essayer d'usurper cette terre , et c'est ça le plus important , parce qu'avant de réessayer encore une fois , ils vont avoir à aller chercher dans leurs pires cauchemars , les souvenirs de ce qui a fait notre bonheur , à nous libanais , peuple de résistants .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 29, le 27 mai 2014

  • Si - comme il est normal - on fête la libération d'une partie du Liban, combien, à plus forte raison devrait-on célébrer celle de l'ensemble du pays en avril 2005. Pourquoi donc celle-ci est-elle passée sous silence?

    Yves Prevost

    07 h 07, le 27 mai 2014

  • Il ne manquait plus que ça au Hezbollah pour montrer à quel point il a dénaturé la libération du Liban-Sud : consacrer la fête de cette libération au petit Hitler de Damas.

    Halim Abou Chacra

    17 h 50, le 26 mai 2014

  • On dirait deux Liban et non un chacun selon sa philosophie fête la libération à sa manière.

    Sabbagha Antoine

    16 h 23, le 26 mai 2014

  • je ne pensais pas qu'un jour le Liban arriverait à un tel niveau de fanatisme. Faire croire qu'Israël a peur du Hezbollah est une utopie. Prions que cette région, une terre libanaise, loin de Khomeny, recommence à vivre comme savent vivre les libanais... Israël on s'en moque et tant qu'elle ne nous attaque pas, que les israéliens nous oublient et nous serons les plus heureux sur terre Heureux les simples d'esprit ...

    FAKHOURI

    16 h 02, le 26 mai 2014

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