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Lifestyle - Liban

Le SOS de Tania Saleh

Elle a un incroyable talent, une maturité personnelle et artistique en harmonie avec la sortie de son quatrième album « Chwayet souwar », et une colère légitime face à la difficulté de financer son travail et le produire dans une situation ambiante désespérée et désespérante. Yes I can ! Même s'il faut passer par le crowdfunding. Alors, messieurs, faites jouer votre générosité !

Une artiste multitalentueuse.

Lorsque Gisèle Khoury, fondatrice du printemps de Beyrouth, en hommage à Samir Kassir, lui avait demandé, l'an dernier, de se produire en concert pour la soirée d'ouverture avec uniquement de nouveaux titres, Tania Saleh a évidemment accepté de relever le défi. Pour l'occasion, elle parlera et chantera l'amour. L'amour de la terre, des chababik de Beyrouth, d'un être pour l'autre ; l'amour fou, platonique, déçu ou celui déséquilibré par des hommes souvent trop machistes. Loin d'être féministe, la chanteuse, également graphiste, avoue aimer les hommes qui « acceptent d'être des partenaires ».


Le moment fut magique. Il en est resté des émotions, des chairs de poule provoquées par les textes, la sublime voix de Tania Saleh et les rythmes jazzy, brésiliens et orientaux, de ce qui sera très vite un projet et un très bel album baptisé Chwayet souwar, avec la participation des compositeurs Issam Hajali, Charbel Rouhana et Claude Chalhoub. Quatrième album imprégné de ces quelques images, signé par une artiste complète diplômée des beaux-arts à Paris. Qui chante comme elle dessine, en profondeur, et avec sincérité et justesse. Comme elle le fait depuis ses débuts dans les années 90.

 

Lentement mais sûrement
Pour rappel : après une belle parenthèse avec Ziad Rahbani dans Bikhsous el-karameh wil chaab el-aanid puis Lawla fous'hat el-amal, Tania Saleh s'est lancée en solo dans un premier album qui portera tout simplement son nom. L'artiste sait bien que les choses ne sont pas faciles ; que ses albums ont pris beaucoup de temps à se faire, de l'écriture à la réalisation, à la production et la diffusion. « Ce CD a eu sa propre vie sur les réseaux sociaux, confie Tania. Piraté, certes, mais finalement, il a été écouté jusqu'en Syrie, en Égypte et à Tunis. » Son second album, Wehdé, verra le jour... 6 ans plus tard. Également autoproduit, il a parfaitement bien accompagné les premiers changements, pleins d'espoir, du monde arabe.


La carrière de Tania Saleh se construit ainsi, au gré de ses inspirations, des moyens dont elle dispose, ponctuée d'un album live et de collaborations avec Nadine Labaki dans Caramel puis Et maintenant on va où, et avec Philippe Aractingi pour Patrimoines. « Les 10 chansons de Chwayet souwar, confie-t-elle, constituent un très beau défi. Sans Gisèle Khoury, je ne l'aurais pas fait. » Le concert aura en effet permis de financer la première partie du travail, coproduit par Erik Hillestad. À savoir l'enregistrement, avec la participation de Kjetil Bjerkestrand, compositeur et arrangeur pour Ray Charles, Dee Dee Bridgewater, Ute Lemper, et les – prestigieux – musiciens, Mathias Eick, musicien de jazz qui a collaboré avec Manu Katché, Chick Corea et Pat Metheny, et ceux de la radio String Orchestra en Norvège qui ont interprété des arrangements de cordes écrits par Édouard Torikian.


Seulement voilà, en dépit des qualités musicales évidentes et d'un nouveau dispositif sonore, en dépit de la beauté de ce dernier opus, la suite du financement, soit 40 000 dollars, manque cruellement. Car il reste encore à éditer le CD, fignoler le visuel comme elle sait le faire, lancer l'album, le distribuer dans le monde – les expatriés en seront ravis –, en faire la promotion, organiser un concert et, pourquoi pas, en faire une version brésilienne. « Après de nombreuses tentatives, explique-t-elle, je n'ai pu trouver aucune solution. Le moment est également critique, la situation politique régionale est catastrophique, et les maisons de production sont en général occupées à faire de l'argent avec des artistes plus commerciales. Alors, pour ne pas attendre encore six autres années, soit je continue à faire de la musique, soit j'arrête. J'ai décidé de me donner une chance à travers le crowdfunding parce qu'il n'y a pas d'autre moyen... »

 

SOS, artiste en danger
C'est ainsi que Tania Saleh a décidé de lancer une campagne de crowdfunding, littéralement « financement par la foule », avec Zoomaal, une plate-forme de collecte de fonds pour talents arabes dans les domaines des arts et des sciences. Il vous suffit de taper :
http://www.zoomaal.com/p/taniasaleh pour comprendre, avec ses mots et ses illustrations, le message de cette artiste libanaise qui peine à faire justice à ses ambitions. Vous y verrez également l'évolution de la levée de fond, les bénéfices en fonction des dons et l'effort qui reste à faire avant le 22 juin, date limite de la campagne, pour permettre à un talent libanais de briller et de s'exporter, comme elle le mérite. Et comme le Liban le mérite...
Empruntant l'adage d'un grand philosophe, Tania Saleh conclut : « L'amour, c'est comme la guerre, facile à commencer, mais très difficile à arrêter. »

 

Pour aller plus loin : le site de Tania Saleh, sa page Facebook et son compte YouTube.

 

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Lorsque Gisèle Khoury, fondatrice du printemps de Beyrouth, en hommage à Samir Kassir, lui avait demandé, l'an dernier, de se produire en concert pour la soirée d'ouverture avec uniquement de nouveaux titres, Tania Saleh a évidemment accepté de relever le défi. Pour l'occasion, elle parlera et chantera l'amour. L'amour de la terre, des chababik de Beyrouth, d'un être pour...

commentaires (2)

Bravo pour le courage de Tania Saleh en espérant que sa campagne pour ramasser des fonds portera ses fruits .

Sabbagha Antoine

16 h 33, le 20 mai 2014

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Commentaires (2)

  • Bravo pour le courage de Tania Saleh en espérant que sa campagne pour ramasser des fonds portera ses fruits .

    Sabbagha Antoine

    16 h 33, le 20 mai 2014

  • Comment resister face a une plastique pareille ? Et une voix a faire tomber les plus apathiques .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 02, le 20 mai 2014

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