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Liban - Religion

Sabbah : Le voyage du patriarche Raï en Terre sainte renforcera l’enracinement arabe des chrétiens d’Israël

Les maronites en Israël, une minorité qui s'interdit tout repli sur soi.

L’église Notre-Dame du Rosaire, à Acre, a plus de deux siècles et demi d’âge. C’est l’une des plus anciennes églises maronites de Terre sainte. Sa construction remonte à 1750.

Le patriarche émérite latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, a apporté dimanche sa caution à la décision prise par le patriarche maronite, Béchara Raï, d'accueillir en Terre sainte le pape, au cours du voyage qu'il effectue à la fin de cette semaine (24-26 mai). Par-delà son aspect pastoral et filial, a-t-il affirmé en substance, ce voyage est souhaitable pour confirmer les maronites en Israël, et les chrétiens en général, dans leur enracinement arabe.
Interviewé à Haïfa (nord d'Israël), par la correspondante de la chaîne libanaise LBCI, le patriarche Sabbah a estimé que le voyage pastoral du patriarche Raï « renforcera l'identité arabe des maronites de Terre sainte », par opposition à une tendance de plus en plus prononcée à se considérer comme étrangers à cette appartenance.


Ce sentiment d'aliénation est analysé par Rima Farah, une chercheuse universitaire, dans un récent numéro de la revue Levantine Review (Hiver 2013), où elle parle de « la résurgence des distinctions culturelles d'une minorité à l'intérieur d'une minorité ».
L'article analyse la manière dont les Israéliens chrétiens perçoivent leur différence par rapport aux juifs et aux musulmans, insistant en particulier sur la différence entre chrétiens et musulmans et son impact sur leurs rapports dans les villages mixtes de Galilée, en particulier à Nazareth, après l'apparition d'un plan de construction d'une mosquée devant l'église de l'Annonciation.
L'écart, apprend-on, tient au fossé de plus en plus large qui sépare musulmans et chrétiens arabes en Israël, à mesure que l'identité musulmane a commencé à supplanter l'identité arabe dans l'esprit d'une partie de la population, à partir des années 70 du siècle dernier.


Le patriarche Sabbah note aussi que l'État d'Israël approfondit à sa manière ce fossé en se prononçant en faveur de l'enrôlement des Arabes chrétiens au sein de l'armée israélienne, dont les musulmans sont écartés. L'idée que l'on cherche à propager dans les milieux concernés, c'est que « les chrétiens ne sont pas des Arabes ».

 

(Lire aussi : La Jordanie veut promouvoir son tourisme religieux grâce à la visite papale)

 

Les maronites en Israël
Les maronites en Israël sont au nombre de dix mille environ, précisent des sources patriarcales maronites. Leur poids démographique se fait sentir surtout en Galilée, en particulier à Haïfa. Ils sont répartis sur un diocèse, celui de Haïfa et de Terre sainte (créé le 8 juin 1996), et d'un vicariat patriarcal comprenant Jérusalem, la Palestine et la Jordanie, suivant un tracé géographique antérieur à la guerre de 1967. Le vicariat et le diocèse ont un seul titulaire, Mgr Moussa Hage.
À Jérusalem, l'Église maronite possède une église et un couvent, tandis qu'à Bethléem, elle possède une église, ajoute-t-on de même source. À Jérusalem, des travaux de restauration des bâtiments du vicariat de Jérusalem ont été réalisés et un étage supérieur y a vu le jour.
À Amman, première étape de la visite du pape François (24 mai), l'Église maronite a travaillé en vue de rassembler les fidèles maronites. Elle est en train de leur construire une église sous le patronage de saint Charbel, sur un terrain offert par le roi Abdallah de Jordanie.


Depuis la création du siège épiscopal de Haïfa et de Terre sainte, et dès lors que le titulaire réside effectivement dans son diocèse, l'Église maronite implantée dans le « pays natal » de Jésus semble promise à une vraie renaissance, souligne un récent article publié par le Maronite Research Institute (MARI) à Washington sous la plume du père Louis Wehbé, du monastère de Latroun en Terre sainte. Cet éclaircissement de la situation a déjà porté des fruits immédiats en matière de sentiment d'appartenance, souligne l'article.
D'autres Églises orientales éparpillées en Israël se sentent renforcées par cette visite, note le vicaire patriarcal général Boulos Sayah, premier évêque de Haïfa et Terre sainte. Les chrétiens de Bethléem et de Beit Sahour réclament aujourd'hui que le patriarche Raï célèbre la messe dans leurs églises, précise Mgr Sayah.

 

Mgr Sayah et l'œcuménisme
Évoquant le rôle joué par Mgr Sayah alors qu'il était évêque de Haïfa et Terre sainte, le P. Wehbé se félicite de ce que l'évêque et ses prêtres sont parvenus « à insérer le rôle de la communauté maronite dans celui de toute l'Église de Terre sainte ».
« C'est en fonction de cette réalité que leur contribution au synode de l'Église catholique en Terre sainte, en février 2000, a été remarquable, conclut le P. Wehbé. Bien qu'ils soient conscients de la spécificité spirituelle et culturelle de leur Église, les responsables maronites en Terre sainte évitent tout repli sur soi, tout esprit de ghetto. Il faut dire que la longue expérience œcuménique de l'évêque y est pour beaucoup. Toutefois, il faut admettre que l'avenir de l'Église maronite en Terre sainte n'en est pas moins fragile. Son devenir dépend essentiellement du sort du reste des chrétiens. Le tout étant viscéralement lié au contexte régional très instable : la présence chrétienne doit y joindre le don de l'enracinement au talent de la mobilité. Elle doit faire preuve à la fois de persévérance, mais aussi de souplesse. Son aptitude à l'adaptation doit l'immuniser face aux dangers des troubles politiques et économiques, comme ceux qui résultent d'une certaine recrudescence des courants fondamentalistes. »

 

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