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Liban

Le patriarche maronite à Genève : Les chrétiens et l’avenir du Proche-Orient

Mgr Béchara Raï à l’ONU avec le père Boulos Sayyah, vice-patriarche, et le nonce Silvano Tomasi.

Le patriarche maronite Béchara Raï était de passage à Genève, la semaine dernière, pour rencontrer la communauté libanaise et les Genevois, mais aussi pour donner une conférence au siège européen des Nations unies sur « Les chrétiens et l'avenir du Proche-Orient ».
C'est à l'initiative du nonce apostolique Silvano Tomasi, représentant le Saint-Siège auprès de l'ONU à Genève, que le patriarche Raï a fait un passage remarqué en Suisse. Pris en charge par l'Association pastorale maronite en Suisse, son programme de visite a d'abord commencé par l'hôtel Intercontinental pour un dîner avec quelque 150 représentants de la Genève locale, internationale et libanaise, et s'est conclu à la paroisse Jean XXIII, à Saint-Nicolas de Flüe, pour une messe solennelle.
Mais le point d'orgue de ce déplacement helvétique a été la conférence donnée au Palais des Nations devant un parterre de diplomates, journalistes et fonctionnaires internationaux, venus tenter de comprendre la place des « Chrétiens et le futur du Proche-Orient », sujet relativement peu relayé malgré l'intérêt suscité pour une région qui reste, avant tout, empreinte de mystères et de fantasmes.
Le responsable maronite a d'ailleurs commencé par rappeler la présence des chrétiens au Proche-Orient, depuis deux millénaires, ainsi que leur contribution, tant spirituelle que culturelle et économique, au développement des pays dans lesquels ils sont établis. « Les chrétiens sont des citoyens authentiques et originels de la région et leur interaction culturelle avec les musulmans a contribué à la modération et à l'ouverture » au Proche-Orient. Le patriarche a, en outre, défendu l'apport de « valeurs évangéliques, comme la sacralité de la vie humaine, la dignité de la personne, les libertés et les droits fondamentaux, la solidarité et l'interdépendance, la culture de la justice et de la paix, l'unité dans la diversité, les droits de citoyenneté, le respect de la différence, le sens de la démocratie, le dialogue et la participation à la gouvernance de la nation, l'ouverture et la modération ».

Sources instables
Dans la deuxième partie de son exposé, le patriarche a énuméré les causes de déstabilisation du Proche-Orient avec, en premier lieu, les « politiques décidées de l'extérieur », qui cherchent à modeler la région à leur guise. Dans son énumération, on trouve encore la récente « dislocation des régimes arabes » qui a souvent mené à la « mainmise d'une seule catégorie politique sur le pouvoir... marginalisant les autres entités ». La création de l'État d'Israël a, quant à elle, « attisé un conflit ouvert avec les Palestiniens et les pays arabes, introduisant la région dans une lutte idéologique, religieuse et confessionnelle ».
Et lorsqu'il aborde le conflit syrien, le patriarche maronite préconise un cessez-le-feu immédiat, la promotion des droits humains et un engagement, sans préconditions, de toutes les parties, pour que « les réfugiés syriens puissent rentrer chez eux ». En attendant, il demande à la communauté internationale de mettre en place « des camps d'hébergement dans les régions sûres en Syrie même » et de mettre « de côté ses intérêts propres ».

Solutions d'avenir
Puis se tournant vers l'avenir, le patriarche a exprimé l'espoir d'une accession au pouvoir de régimes modérés, « respectueux des droits de l'homme et de la liberté de conscience, de culte et d'opinion », ainsi qu'une « participation active de tous à la gouvernance des affaires de l'État ». Il a souhaité une « médiation active des pays amis et de la diplomatie du Saint-Siège pour encourager » les États de la région à « régler l'ensemble de leurs conflits par voie de négociations et non par les confrontations indirectes ».
Pour Béchara Raï, la stabilité régionale doit également passer par la résolution du conflit israélo-palestinien et l'application des « résolutions du Conseil de sécurité », relatives au retour des réfugiés, la création d'un État palestinien et « l'établissement d'un statut spécial pour la ville de Jérusalem afin qu'elle devienne une ville sainte ouverte au judaïsme, au christianisme et à l'islam ».

Séparation des pouvoirs
Au moment d'en terminer, le patriarche a appelé les religions du Proche-Orient à se séparer de la politique, tout en privilégiant une « indispensable collaboration ». « Tant que cette opération n'est pas faite, nous ne pouvons pas parler de démocratie, de libertés et de droits de l'homme. Le Liban offre un exemple dans ce sens. » Et de conclure : « Chrétiens et musulmans du Proche-Orient sont appelés à construire ensemble un avenir de convivialité et de collaboration, en vue du développement humain et moral de leurs peuples. »
Un argumentaire ambitieux qui, malgré les difficultés actuelles sur le terrain, a touché un auditoire international et onusien, lui aussi rompu au dialogue et à la mise en commun des efforts.

Le patriarche maronite Béchara Raï était de passage à Genève, la semaine dernière, pour rencontrer la communauté libanaise et les Genevois, mais aussi pour donner une conférence au siège européen des Nations unies sur « Les chrétiens et l'avenir du Proche-Orient ».C'est à l'initiative du nonce apostolique Silvano Tomasi, représentant le Saint-Siège auprès de l'ONU à...

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