Le mandat de feu le président Charles Hélou, qui s'est étendu de 1964 à 1970, est sans doute l'un de ceux qui auront été le plus commentés dans la presse libanaise et les milieux politiques locaux. Il est cependant l'un de ceux dont les événements qui l'ont marqué sont les moins connus du public. Pourtant, ce mandat a été secoué par des développements d'une portée hautement stratégique qui ont constitué le point de départ de la crise chronique et de la guerre destructrice qu'a connues le Liban depuis la fin des années 60 et dont les retombées se poursuivent jusqu'à aujourd'hui.
Le double déclic qui a engendré l'interminable crise libanaise est apparu ainsi sous le mandat du président Hélou, en l'occurrence : les conséquences de la guerre des Six-Jours, en 1967, et la naissance de la Résistance palestinienne qui a abouti à l'implantation des organisations palestiniennes armées sur le territoire libanais, avec comme corollaire le funeste Accord du Caire que le président Hélou a été contraint d'avaliser, sous le poids des événements.
Pour la première fois depuis la fin des années 60, les circonstances historiques des bouleversements qui ont accompagné le mandat Hélou sont dévoilées dans un ouvrage d'une importance capitale que vient de publier le neveu de l'ancien chef de l'État, M. Joe Khoury-Hélou, qui fut, après la fin du mandat, très proche de son oncle et l'un de ses confidents privilégiés. L'ouvrage (Charles Hélou – Hamlet de l'Accord du Caire – Les secrets d'un mandat présidentiel aux éditions Presses de l'Université Saint-Joseph)* relate pour la première fois les dessous des contacts politiques et diplomatiques, notamment avec les États-Unis et le président Nasser, qui ont porté sur les développements en rapport avec la crise née du fait accompli imposé au Liban par les organisations armées palestiniennes.
Dans son ouvrage, M. Joe Khoury-Hélou fonde ses informations de première main sur la teneur de ses entretiens informels avec son oncle, mais surtout sur une série de documents confidentiels rendus publics par le département d'État après avoir été déclassifiés du fait qu'ils remontent à quarante ans. L'auteur a pu ainsi avoir accès aux rapports que l'ambassadeur des États-Unis de l'époque, Dwight J. Porter, envoyait au département d'État sous le label « ultrasecret », et qui portaient sur ses entretiens avec le président Hélou lors de la crise entre l'État libanais et l'OLP.
Dans un hommage, justifié, rendu à son oncle, Joe
Khoury-Hélou souligne notamment que l'ancien président « a pu prévoir, depuis 1968, tous les événements qui se sont succédé jusqu'à nos jours », relevant qu'il avait dès cette époque « mis en garde les Américains et les Occidentaux en général contre ce qui pourrait se produire (et qui s'est malheureusement produit) au Liban, et partout ailleurs, à savoir la montée en flèche des forces de la subversion, que l'on appelle de nos jours en Occident le terrorisme ».
Il ressort dans ce cadre de l'ouvrage de M. Joe Khoury-Hélou que l'ancien chef de l'État se refusait de donner ou de se laisser imposer « des bases et des centres d'entraînement de commandos en territoire libanais », comme il l'a souligné clairement dans un article qu'il avait publié lui-même dans les colonnes de L'Orient en date du 23 juin 1969, mais sous la signature anonyme « XXX », comme l'indique Joe Khoury-Hélou. Il reste qu'en l'absence de soutien occidental, ou même arabe, il a été malgré tout amené à consentir, sous la pression de facteurs internes et arabes, à la signature de l'Accord du Caire, le 3 novembre 1969.
Mais le président Hélou était parfaitement conscient du fait qu'une telle situation ne pouvait pas logiquement durer, d'où la coordination secrète qu'il avait initiée avec les trois leaders chrétiens de l'époque, le président Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Raymond Eddé – les trois piliers du Helf – afin d'examiner les moyens de faire face au danger que constituait la spoliation de la souveraineté libanaise par les organisations palestiniennes. Car en avalisant l'Accord du Caire, le président Hélou avait pour but uniquement d'ajourner la confrontation dans l'attente d'un changement de conjoncture. Ou dans l'attente, sans doute, que les souverainistes de l'époque se soient préparés à la bataille.
Dans ce cadre, Joe Khoury-Hélou a tenu à rendre justice à l'ancien chef de l'État. Et dans le même temps, il cherche à tirer les leçons du passé. Car d'une certaine manière, la conjoncture de la fin des années 60 et la crise chronique de l'État libanais avec les organisations palestiniennes sont largement semblables à la crise actuelle à laquelle est confronté aujourd'hui le pouvoir. À savoir qu'une résistance armée, « quel que soit son caractère sacré », ne peut pas coexister avec l'État et ses institutions légales. Ne dit-on pas, fort à propos, que l'histoire se répète ?
M.T.
M. Joe Khoury-Hélou signera son ouvrage demain, mardi, à 18h30 au Campus de l'innovation et du sport de l'Université Saint-Joseph, rue de Damas, amphithéâtre François Bassil.
POURQUOI NOUS RAPPELER LES MAUVAIS JOURS NOIRS DE NOTRE HISTOIRE ? NOUS EN PASSONS ACTUELLEMENT DE PIRES !!! LA MAINMISE PALESTINIENNE A ÉCHOUÉE GRACE AUX COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ ET DU LIBAN... QUI FERAIT ÉCHOUER LA NOUVELLE TENTATIVE DE MAINMISE IRANIENNE SUR LE PAYS ?
12 h 38, le 12 mai 2014