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Liban - Le commentaire

L’objectif du Hezbollah : une nouvelle Constituante

« Un seul peuple dans deux États. » Tout le monde se souvient de la sinistre formule du président syrien Hafez el-Assad, qui déploya une énergie féroce pour que les deux États ne fassent plus qu'un seul, en trente ans de tutelle syrienne sur le Liban. Ironie du sort, « le peuple » en question est aujourd'hui devenu non pas deux, mais une multitude de populations...


Le général Yahya Rahim Safavi, haut conseiller des gardiens de la révolution iranienne, a indiqué que « le pouvoir et l'influence de son pays se sont étendus pour la troisième fois jusqu'en Méditerranée », et que « la ligne de défense iranienne se trouve au sud du Liban ». Lors de la libération de Khorramshahr, en 1982, il avait tenu essentiellement les mêmes propos concernant le Liban-Sud : « La ligne de défense de nos frontières se trouve au Liban-Sud, à la frontière avec Israël. Notre profondeur stratégique s'est désormais étendue aux rives de la Méditerranée, et plus précisément au nord d'Israël. » Cela prouve que le Hezbollah n'est qu'une faction de l'armée iranienne et que le territoire qui est sous son contrôle est soumis à l'influence des pasdaran, comme le sont d'ailleurs l'Irak, la Syrie, ainsi que des parties de l'Afghanistan et du Yémen, entre autres.


La tutelle syrienne sur le Liban a duré trente ans et Damas ne s'est retiré qu'après une intifada populaire, la révolution du Cèdre, qui a mis fin à une phagocytose de l'État libanais par le régime syrien. Sitôt l'hégémonie syrienne repoussée, Téhéran a soigneusement tissé sa toile pour instaurer une nouvelle tutelle indirecte, à travers le Hezbollah, passé, à son tour, comme l'ex-maestro syrien, maître dans l'art de la manipulation, de la subversion, du blocage et du chantage sous l'influence de ses armes, comme le prouve la manière avec laquelle le parti chiite a traité toutes les échéances constitutionnelles depuis 2005. En son temps, le tuteur syrien taillait les lois électorales à sa mesure, afin de s'assurer une majorité parlementaire docile, qui élisait, à son tour, des présidents acquis à la cause du régime Assad, avides de justifier la présence militaire et l'influence politique syriennes de diverses manières. La tutelle iranienne par procuration, elle, n'a pu se livrer au même exercice. Aussi a-t-elle placé les Libanais à chaque tournant devant un choix : le vide – fût-il parlementaire, ministériel ou présidentiel, ou la soumission aux desiderata du Hezbollah.

C'est ce qui se déroule actuellement devant nos yeux s'agissant de la présidentielle : le 8 Mars n'a présenté aucune candidature face à celle de Samir Geagea. Cette stratégie du 8 Mars est un moyen de faire pression sur le 14 Mars afin de pousser la coalition souverainiste à se couper en quatre pour parer au vide, en acceptant n'importe quel compromis. Et même si le vide survient, la pression du Hezbollah et de ses alliés subsistera à travers le cabinet, qui héritera des prérogatives présidentielles. Après tout, il n'y a que le provisoire qui dure, dit l'adage. Le parti chiite menacera de se retirer du gouvernement dès que l'envie lui prendra pour que le vacuum total, angoissant, s'impose.

Un vide sidéral qui ne sera comblé qu'aux conditions du Hezbollah, à savoir une nouvelle Constituante remettant en cause l'accord de Taëf. Avec, par exemple, une nouvelle formule de répartition des pouvoirs, un président élu au suffrage universel, une rotation au niveau des trois principaux pôles du pouvoir entre les trois principales communautés, etc. C'est le député Talal Arslane qui a donné le coup d'envoi, mardi, de cette campagne, dans une réponse directe à la mise en garde contre ce projet faite par le président de la République, Michel Sleiman, dans son discours de Amchit.


Incapable de placer, comme le parrain syrien, ses hommes à la tête des institutions, le Hezbollah a donc opté pour une stratégie de torpillage, de laminage et de paralysie institutionnelle, en attendant que le 14 Mars reconnaisse enfin son infériorité et se plie, une fois pour toutes, aux injonctions iraniennes.

 

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Le général...

commentaires (2)

BUT : MAINMISE !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 20, le 08 mai 2014

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Commentaires (2)

  • BUT : MAINMISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 20, le 08 mai 2014

  • Tout à fait ça : les Libanais officiellement ressortissants iraniens, sous la botte des Gardiens de la révolution iranienne de Téhéran et de Beyrouth !

    Halim Abou Chacra

    11 h 01, le 08 mai 2014

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