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Nos Lecteurs ont la Parole - Émile NASR

Loyers : une loi inapplicable

Maître Najjar a-t-il raison? Il faut se réjouir qu'enfin le Parlement ait pris son courage à deux mains pour voter cette loi, attendue, espérée, crainte, mais indispensable, pour libéraliser les loyers. Nous le suivons quand il écrit que cette loi a introduit un zeste d'équité entre les deux parties. Nous comprenons le terme «zeste» comme l'indiquent les dictionnaires: «Petit morceau découpé dans une écorce et utilisé pour aromatiser divers mets ou boissons.» Nous sommes loin de l'équité... (voir L'Orient-Le Jour du samedi 26 avril 2004).
Nous ne commenterons pas une loi concoctée par notre ami Ibrahim Najjar, mais qui n'a pas vu le jour. Nous restons d'ailleurs sceptiques quand, dans l'introduction, on nous dit que cette loi Najjar était « très proche de celle qui vient d'être votée ». Nous ne sommes intéressés que par deux aspects de l'actuelle loi, qui n'attend que sa publication au Journal officiel.
Le premier concerne l'amateurisme criminel dont a fait preuve la commission qui a étudié des années durant cette loi et qui a été incapable de présenter le moindre chiffre. Nous ne savons pas si la loi concerne un million de Libanais, voire le double ou simplement le tiers. Nous ne savons pas de quel montant cette caisse gérée par le ministère des Finances devrait être dotée, s'agit-il d'un milliard de dollars chaque année sur 9 ans, ou la moitié? De quelles ressources ce ministère va-t-il disposer? Pour beaucoup moins que cela, la révision de l'échelle des salaires a été renvoyée aux calendes grecques. Et pourquoi ce régime spécial octroyé aux baux commerciaux et industriels et qui ne permet que 1200 jours aux dizaines de milliers de bureaux, de magasins d'artisans, pour descendre dans la rue.
Le second aspect est de loin plus important, il concerne la gentrification au pas de charge de toutes nos grandes agglomérations. Des centaines de milliers de personnes sont sommées d'aller en périphérie des villes rechercher un toit qu'elles ne trouveront pas en ville avec ces loyers extravagants qui sont pratiqués. Avec un zeste d'exagération cela ressemblerait, en chouia plus ralenti, à ce Pol Pot qui décida de renvoyer les citadins cambodgiens à la campagne. Et pour verser dans le mélodrame, signalons que tout cela se passe en même temps avec plus d'un million de réfugiés syriens qui recherchent les mêmes toits dans les mêmes périphéries.
Nous voulons entendre les commentaires de notre ami Ibrahim Najjar sur ces deux points, et surtout tranquilliser les propriétaires que ces considérations ne leur sont destinées en aucune manière. Ils sont eux aussi les victimes de ce Parlement qui en un seul article vote une loi qu'aucun Premier ministre ou président de la République ne pourra avec la même désinvolture signer et rendre applicable à tous.

Maître Najjar a-t-il raison? Il faut se réjouir qu'enfin le Parlement ait pris son courage à deux mains pour voter cette loi, attendue, espérée, crainte, mais indispensable, pour libéraliser les loyers. Nous le suivons quand il écrit que cette loi a introduit un zeste d'équité entre les deux parties. Nous comprenons le terme «zeste» comme l'indiquent les dictionnaires:...

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