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Liban - Présidentielle

Présidentielle : La messe ne sera pas dite aujourd’hui

Le leader des FL, Samir Geagea. REUTERS/Mohamed Azakir

En politique, les surprises, bonnes ou mauvaises, ne doivent jamais être exclues d'emblée ; à cela près qu'au Liban, il faut compter avec une classe politique installée depuis des lustres dans une routine très prévisible que rien ou presque ne paraît être en mesure de secouer.

Ce constat dressé, on peut d'ores et déjà observer combien les contours du feuilleton présidentiel que les députés de la nation sont appelés à entamer ce mercredi 23 avril, place de l'Étoile, sont, en effet, tout tracés.
Qu'on ne s'attende donc pas, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain, à ce que notre élection présidentielle ressemble un tant soit peu à ce qu'elle devrait être dans une démocratie « normalisée », même s'il faut reconnaître que pour la première fois depuis la fin de la guerre civile, les acteurs politiques cherchent cette fois-ci à donner l'impression de vouloir « jouer le jeu », d'être moins perméables aux mots d'ordre en provenance de l'extérieur, enfin de faire en sorte que le processus électoral ressemble plus ou moins à une compétition démocratique.

 

(Lire aussi: La France soutient « le plus consensuel » des candidats)



Le degré de sincérité dans ce jeu-là varie sans doute d'un protagoniste à l'autre, mais au final, force est de constater que pour ce qui est de l'essentiel, rien n'est laissé au hasard et encore moins à la... compétition.
Le processus a, en effet, été clairement verrouillé par l'accord tacite intervenu, sur l'impulsion du président de la Chambre, Nabih Berry, autour de la question du quorum nécessaire pour la tenue des séances d'élection, la Constitution ayant été décrétée « vague » sur ce point. On est convenu ainsi du fait que chaque fois que la Chambre doit se réunir dans ce cadre, il faut un quorum des deux tiers du Parlement, soit 86 députés au moins, pour que la séance puisse être ouverte.

 

(Repère : Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)

 

Or cette interprétation a pour conséquence de neutraliser totalement la disposition constitutionnelle permettant à un candidat à la présidence d'être élu, à partir du second tour, à la seule majorité absolue des voix (soit 65 voix au moins), et non plus aux deux tiers, comme c'est le cas au premier tour. Il suffit, en effet, qu'aussitôt après le premier tour, un nombre de députés quitte la Chambre de façon à ce que le total des présents tombe au-dessous du chiffre de 86 pour que la séance soit automatiquement suspendue. Pour réunir une deuxième fois le Parlement, il faudra à nouveau que 86 députés au moins se présentent. Or en l'absence d'un accord sur un candidat de consensus, ce quorum ne sera pas atteint, on peut en être certain. D'où le risque persistant de vacance à la présidence après le 25 mai prochain, date de l'expiration du mandat de Michel Sleiman.

 

(Lire aussi: Sleiman appelle à faire prévaloir « l'intérêt national sur tout autre intérêt extérieur ou sectaire »)

 

Geagea en vedette
Il est donc parfaitement clair que, sauf imprévu, la séance d'aujourd'hui ne devrait pas déboucher sur l'élection d'un nouveau chef de l'État, personne n'étant à ce stade en mesure d'y recueillir les 86 voix nécessaires. Mais cela ne signifie nullement que cette séance manquera d'attrait. Bien au contraire, elle sera l'occasion de tests politiques d'une importance cruciale, rendus possibles par la candidature du leader des Forces libanaises, Samir Geagea.
Ce dernier a déjà remporté une victoire non négligeable en s'imposant comme le candidat unique de son propre camp. Après de nombreuses hésitations, le 14 Mars – Kataëb inclus – officialisait hier cette candidature.

 

(Lire aussi: Geagea serait largement le favori de l'électeur 14 Mars, d'après un sondage)


On peut considérer aussi que le leader des FL a marqué des points face à ses adversaires du 8 Mars en les contraignant, du moins en apparence, à modifier dans l'urgence leurs plans tactiques. La parade Émile Rahmé, avec laquelle le Hezbollah et ses alliés voulaient dans un premier temps affronter M. Geagea, ayant été abandonnée, le parti de Dieu (13 députés) et le bloc du général Michel Aoun (27 en comptant les Marada, le Tachnag, Talal Arslane et M. Rahmé) se dirigent vers un vote blanc aujourd'hui.

Ce n'est, semble-t-il, pas le cas du clan berryste (13 sièges), qui se serait rangé, pour l'instant, derrière la candidature d'Henri Hélou, présentée hier par un Walid Joumblatt à la tête d'un bloc démocratique reconstitué (pour l'occasion ?) avec les faucons du 14 Mars que sont Marwan Hamadé, Fouad el-Saad et Antoine Saad (11 sièges au total).

 

(Lire aussi: Salam : Je ne vois pas d'obstacle à une entente sur un candidat)



En mettant en avant le député de Aley, lui-même issu du groupe qui avait quitté M. Joumblatt en 2011 pour rester au cœur du 14 Mars, et en tenant pour l'occasion un discours quatorze-marsiste assez marqué, le chef du PSP ronge ainsi sur l'électorat de M. Geagea. Or les deux grands tests attendus de la séance d'aujourd'hui seront précisément l'ampleur du vote pour le chef des FL et, corollairement, l'unité du 14 Mars. Le courant du Futur (37 sièges), les FL (8) et les Kataëb (5), plus quelques indépendants susceptibles de voter Geagea, se montent à une cinquantaine de voix (en tenant compte de l'absence de Saad Hariri et Okab Sakr).
Si au décompte des voix, le leader des Forces libanaises parvient à réunir un nombre de suffrages proche de ce total, il aura d'autant plus gagné son pari qu'il a face à lui un candidat issu du 14 Mars.

 

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En politique, les surprises, bonnes ou mauvaises, ne doivent jamais être exclues d'emblée ; à cela près qu'au Liban, il faut compter avec une classe politique installée depuis des lustres dans une routine très prévisible que rien ou presque ne paraît être en mesure de secouer.Ce constat dressé, on peut d'ores et déjà observer combien les contours du feuilleton présidentiel...

commentaires (7)

NI DANS SIX MOIS... L'ABRUTISSEMENT Y PREND SOIN !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 40, le 23 avril 2014

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Commentaires (7)

  • NI DANS SIX MOIS... L'ABRUTISSEMENT Y PREND SOIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 40, le 23 avril 2014

  • La messe n'a pas ete dite , mais pour qui ? parce que mal ( heureusement ) elle ne sera pas dite non plus le 30 Avril pour l'etoile ternie du paysage libanais , a jamais !

    FRIK-A-FRAK

    15 h 54, le 23 avril 2014

  • Il serait inconcevable d'avoir zorro-ix comme pdt , meme s'il s'est excuse il n'a aucun regret puisqu'il justifiait son attitude reprehensible par la situation du Liban au moment de la guerre civile . Si on a des regrets sinceres , on s'enferme dans un couvent et on passé son temps a implorer le pardon Celeste , ou on ecrit des livres a destination de ses victimes lachement assassines , mais on ne doit en aucune facon s'exposer de la sorte . Disons que c'est comme ca au Liban , mais l'habitude est une seconde nature, en se presentant il barre la route au phare Aoun , peut etre pas parfait , mais moins entache dans sa vie passee et presente. Et joumblatt les omoplates ( parce que c'est la ou il vise le plus ses anciens, presents ou futurs allies ) qui se voit presenter un candidat qui pourrait avoir ses chances , en quoi cela ferait il serieux ? en quoi cela changerait quelque chose dans le combat que mene le Liban contre le sionisme/takfirisme ?

    FRIK-A-FRAK

    09 h 37, le 23 avril 2014

  • L'HISTORIQUE DE LA FAMILLE JOUMBLATT SOUS LA LOUPE. C'EST BIEN KAMAL JOUMBLATT QUI A TRAHIT SON PAYS PAR SON VOTE SURPRISE À LA DERNIÈRE MINUTE. LES CONSÉQUENCES DE CE VOTE ÉTAIENT UN DÉSASTRE POUR LE LIBAN. SLEIMAN FRANGIEH ÉLU PRÉSIDENT A SACCAGÉ LE PAYS POUR LE COMPTE DE HAFEZ EL ASSAD. ET C'EST BIEN WALID JOUMBLATT À SON TOUR PAR SON VOTE SURPRISE À LA DERNIÈRE MINUTE, A MIT LE PAYS KO À GENOUX DEVANT LE HEZBOLLAH POUR LE COMPTE DE BACHAR EL ASSAD. DONC À MON AVIS WALID BEIK EST TOUJOURS LÀ, IL FERA TOUT POUR EMPÊCHER LE PAYS DE SE LEVER.

    Gebran Eid

    09 h 29, le 23 avril 2014

  • FRANC, HONNÊTE ET LIBANAIS ! LA CONJONCTURE LOCALE NE LE FAVORISE PAS, SINON IL AURAIT FAIT UN BON PRÉSIDENT POUR LES LIBANAIS... ( POUR LES LIBANAIS AI-JE DIT ? TOUS LES LIBANAIS ? NON, CERTES, CAR LA RÉALITÉ AIGUISÉE PAR AILLEURS EST TOUTE AUTRE. )

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 22, le 23 avril 2014

  • Maintenant les Libanais savent au moins qui sont ceux qui veulent la vacances et la destructions de l’état et de ses institutions. Quand au parti des FL, une fois de plus, il a montre combien il était conséquent avec lui même, ses convictions et les principes pour lesquelles ses jeunes avaient combattu et sacrifie leur vie et leur jeunesse pour que le Liban et son peuple pérenne, dans toutes ces composantes, vivent libres, souverains, indépendants a l'ombre d'un régime démocratique juste. Nous avons eu droit dans les années 60-90 au refus des Sunnites qui se sont enfin réveillés, nous avons a présent droit aux enfantillages des Chiites qui ne savent pas ce qu'ils font! Ils finiront par se soumettre aussi au rêve!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 04, le 23 avril 2014

  • Le risque persistant de vacance à la présidence après le 25 mai prochain, date de l'expiration du mandat de Michel Sleiman reste possible avec la surprise de la candidature d'Henri Hélou, qui ne laissera pas avec ses voix receuillies l occasion pour Geagea de devenir president .

    Sabbagha Antoine

    07 h 52, le 23 avril 2014

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