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À La Une - Paris

Après le Ritz, le Crillon et le Plaza Athénée, le Lutetia ferme pour faire peau neuve

Un établissement chargé d'histoire.

L’hôtel Lutetia, construit en 1910, a accueilli plusieurs célébrités tels l'écrivain André Gide et le général Charles de Gaulle pour sa nuit de noce. AFP / FRANCK FIFE

"Exceptionnel", "unique", "mythique", "chargé d'histoire"... Les clients de l'emblématique hôtel parisien Lutetia, habitués ou de passage, ne tarissaient pas d'éloges lundi au pied du bâtiment art déco, à quelques heures de sa fermeture pour trois ans de travaux de rénovation.

"J'ai entendu à la radio que c'était le dernier jour: je ne pouvais pas manquer ce rendez-vous, il fallait que je sois là le jour de la fermeture", lance Marie-Christine Guinard, petite femme brune, se disant "fière de faire partie d'un petit bout d'histoire". Pour cette Parisienne qui a vécu "deux moments importants de sa vie dans l'hôtel de la rive gauche", Le Lutetia est surtout synonyme de "réparation de la douleur" après-guerre. En effet, le Lutetia a abrité les services de renseignement allemands pendant l'Occupation avant d'accueillir les déportés de retour des camps.

"Ce lieu est unique car tellement chargé d'histoire. Cela se ressent énormément quand on est à l'intérieur, c'est impressionnant", témoignent de concert Jean-Louis et Yolande, 59 et 53 ans, qui n'ont pas souhaité livrer leur patronyme.

 

"Un endroit mythique"
 Le Lutetia est le quatrième palace parisien à fermer ses portes pour rénovation, après le Ritz, fermé pour deux ans depuis août 2012, le Crillon, fermé depuis mars 2013 pour une réouverture à l'été 2015, ou encore le Plaza Athénée, fermé en octobre et devant rouvrir cet été.

 

"Je venais régulièrement prendre l'apéritif ou dîner dans cet endroit mythique et je voulais voir le décor une dernière fois", raconte, nostalgique, Claire Bermond, retraitée parisienne qui regrette que "tous ces hôtels témoins du temps se transforment". De passage à Paris pour le week-end, Hervé Buigues, lunettes sur le nez et valise dans la main, est "ravi" d'avoir vécu "complètement par hasard" les dernières heures de l'"exceptionnel" Lutetia. "Nous ne savions pas du tout que l'hôtel fermait tout à l'heure, le personnel et les clients habitués étaient touchés", constate-t-il.

 

Côté employés, la fermeture est plus douloureuse. Le personnel conteste en effet le plan de sauvegarde de l'emploi proposé par la direction aux 211 salariés. Pour Philippe Renard, chef des cuisines du Lutetia depuis 1991, "c'est dommage qu'il n'y ait rien eu de fait pour le personnel, on leur demande de s'en aller et c'est tout", explique-t-il. "Cette fermeture fait un coup au cœur. C'est un endroit où les gens se sentaient bien et un des rares établissements où hommes politiques, monde de l'édition, du showbiz se côtoient, c'était leur havre de paix", relate le chef, qui espère "que cette belle image française soit bien rénovée dans son jus, en respectant le style art déco".

 

Les travaux seront regardés à la loupe par l'association "les Amis du Lutetia", qui compte 250 membres. Nous allons nous assurer qu'ils respectent l'arrêté de classement du bâtiment, que nous avons obtenu en 2007", explique Michèle Dufour, sa présidente. Selon elle, "ils ne peuvent pas toucher aux façades, aux toitures, au hall de réception, à la galerie, à certaines salles ou encore à des escaliers avec leurs cages".

Une vente aux enchères proposant 3.000 pièces de mobilier, une partie de la cave et une centaine d’œuvres d'art sera organisée fin mai dans les salons et les bars de l'hôtel. Marie-Christine Guinard se réjouit d'avance: "ça serait un rêve de pouvoir acquérir un objet du Lutetia, on va tout faire pour être là".

 

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