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À La Une - Crise

Ukraine : les pro-russes, toujours à l'offensive dans l'Est, en appellent à Poutine

Washington exprime son inquiétude ; les Européens décident d'étoffer leurs sanctions.

Des manifestants pro-russes incendient un quartier général de la police ukrainienne dans la ville de Horlivka, dans l'est de l'Ukraine. ALEXEY KRAVTSOV/AFP

Les insurgés armés pro-russes sont repassés à l'offensive lundi dans l'Est de l'Ukraine, demandant l'aide de Vladimir Poutine face au gouvernement pro-européen de Kiev, qui a lancé un appel à l'ONU.

Face à cette aggravation, Washington a exprimé son inquiétude et les Européens décidé d'étoffer leurs sanctions.

Confrontée à des assauts, visiblement coordonnés, menés depuis samedi par des activistes pro-russes mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, l'Ukraine, pays de 46 millions d'habitants, apparaissait plus que jamais menacée d'éclatement entre l'est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe.

Le Kremlin a annoncé que le président russe recevait de "nombreuses demandes" d'aide des régions de l'Est ukrainien et suivait la situation avec "beaucoup d'inquiétude". Des déclarations qui renforcent les craintes d'intervention, la Russie ayant massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière selon l'Otan, et M. Poutine ayant de longue date dit qu'il assurerait "à tout prix" la sécurité des populations russophones de l'ex-URSS.

Signe de tension, Washington a dénoncé une provocation contre un de ses navires en mer Noire par un chasseur-bombardier russe. Et les présidents américain Barack Obama et français François Hollande ont exprimé leur "inquiétude face aux événements violents" en cours.

Washington a par ailleurs dû admettre que le chef de la CIA, John Brennan, s'était rendu à Kiev ce week-end, visite prévue assure la Maison Blanche, alors que Moscou dénonce une collusion avec les autorités ukrainiennes, issues d'un soulèvement qui a renversé fin février un régime pro-russe et que le Kremlin ne reconnaît pas.
Sur le terrain, des manifestants pro-russes armés de gourdins et de pierres ont attaqué et pris les sièges de la police et de la municipalité à Gorlivka, localité de 250.000 habitants dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie.

Kiev avait pourtant annoncé une "opération antiterroriste de grande envergure" pour reprendre la main face aux pro-russes qui tiennent des bâtiments publics dans une demi-douzaine de villes de l'Est. Toutefois, aucune activité militaire loyaliste n'a été constatée par les journalistes de l'AFP dans la région, hormis quelques survols d'aéronefs.

A Slaviansk, ville symbole des dernières tensions où des groupes armés se sont emparés samedi des bâtiments de la police, des services de sécurité et de la municipalité, la situation était fermement sous le contrôle des insurgés.


 

 

 Empêcher "un génocide"
"Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass (est). Nous demandons au président Poutine de nous aider," a lancé un de leurs chefs, Viatcheslav Ponomarev.

Devant le siège de l'administration municipale, une dizaine d'hommes puissamment armés, portant le même uniforme et l'air très professionnel. D'autres, se déplaçant en camion militaire, renforçaient les défenses autour de la localité, avec des équipements de guerre, antiaériens et antichars.

Dans le centre-ville, un millier d'habitants promettaient de rester sur place jusqu'à l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie. Les pro-russes réclament ce rattachement, ou au minimum une "fédéralisation" de l'Ukraine pour donner de grands pouvoirs aux régions.

Pour la première fois, le président intérimaire ukrainien Olexandre Tourtchinov a fait lundi une ouverture dans ce sens, évoquant un possible référendum en même temps que la présidentielle anticipée prévue pour le 25 mai. Il s'est dit certain que "la majorité des Ukrainiens se prononcerait pour une Ukraine indivisible, indépendante, démocratique et unie".

Mais il évoque un référendum national, alors que les insurgés veulent des scrutins locaux, où le rapport de forces leur serait plus favorable. Et le gouvernement a jusqu'à présent toujours refusé d'aller au-delà d'une "décentralisation", jugeant que la "fédéralisation" soutenue par Moscou ouvre la voie à l'éclatement du pays.

 

 

"Guerre contre son peuple"
M. Tourtchinov en a également appelé à l'ONU, estimant dans un entretien téléphonique avec son secrétaire général Ban Ki-moon, que la présence sur le terrain de "professionnels" et d'"observateurs" pourrait "attester de la légitimité de nos actions".

Appel qui a peu de chances d'être suivi d'effet, la Russie disposant d'un droit de veto aux Nations unies. Elle a d'ailleurs obtenu la réunion d'urgence dimanche soir du Conseil de sécurité, auquel elle demandait de sommer les autorités de Kiev de cesser "la guerre contre (leur) propre peuple".

Les Occidentaux accusent Moscou d'être l'instigateur des troubles, dénonçant les similitudes avec les événements de mars en Crimée, rattachée à la Russie après l'intervention de groupes armés non identifiés - des militaires russes selon tous les observateurs, ironiquement baptisés "hommes verts" en Ukraine - et un référendum controversé.

Ce regain de tension fait peser une incertitude sur des pourparlers prévus pour jeudi à Genève afin de tenter de régler la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Selon l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, la réunion serait "menacée si les opérations militaires commençaient dans l'est de l'Ukraine".

Les ministres européens des Affaires étrangères ont, quant à eux, mis en cause la Russie dans "l'escalade" et décidé lundi d'allonger la liste des personnalités russes et ukrainiennes pro-russes sous le coup de sanctions.
Ils ont donné leur feu vert à un prêt d'environ un milliard d'euros à Kiev, au bord de l'asphyxie financière, qui a également obtenu une garantie de crédit des États-Unis d'un milliard de dollars.

Les Européens sont inquiets de la menace russe de couper les livraisons de gaz à l'Ukraine, qui a accumulé une importante dette envers Moscou. Quelque 13% du gaz consommé par l'UE transite par l'Ukraine.
L'arme peut toutefois être à double tranchant. La Russie est déjà affectée économiquement par la crise, et la Bourse de Moscou et le rouble étaient en nette baisse lundi.

 

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