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Moyen Orient et Monde - Égypte

« Pour la dernière fois en habit militaire », Sissi annonce sa candidature à la présidence

Dans le gouvernorat de Minya, les procès de masse inquiètent la communauté internationale.

Abdel Fattah al-Sissi, artisan de l'éviction de l'islamiste Mohammad Morsi, a annoncé hier qu'il se présenterait à la présidentielle prévue au printemps, une déclaration attendue depuis des semaines en Égypte, où il bénéficie d'une immense popularité.
Celui qui était jusqu'à hier soir encore ministre de la Défense, vice-Premier ministre et chef de l'armée, et qui a été récemment élevé au grade de maréchal, est donné largement favori du scrutin présidentiel.


Le maréchal Sissi s'est ainsi adressé à la nation « pour la dernière fois dans un habit militaire », pour mettre fin à un suspense, qui n'en était plus un depuis longtemps. « En toute humilité, je me présente à la présidentielle de l'Égypte », a-t-il poursuivi, disant se « conformer à l'appel du peuple » et se présentant comme « un soldat au service de la nation et des masses » égyptiennes.
Et comme le prévoit la Constitution, il a dû abandonner ses fonctions au sein de l'armée et du gouvernement pour être éligible. Mais son retrait de l'armée et du gouvernement intérimaire, a-t-il promis, ne l'empêcherait pas de « continuer à combattre tous les jours pour une Égypte débarrassée du terrorisme ».
Celui qui est désormais le second candidat déclaré à la présidentielle – son unique adversaire étant pour le moment le leader de gauche Hamdeen Sabbahi – n'a toutefois pas manqué d'évoquer, au-delà des questions de « sécurité », les dossiers « économiques et sociaux », évoquant notamment « les millions de jeunes chômeurs ».


Dans un pays régulièrement secoué par des crises et déserté par les touristes depuis la révolte populaire de 2011 qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak, lui aussi issu de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi incarne l'homme fort capable de faire revenir la stabilité. Ahmad Ali, un ingénieur de 52 ans, a assuré qu'il allait voter « avec toute sa famille » pour Sissi, car « le pays a besoin d'un homme comme lui, une forte personnalité ».
Un dirigeant des Frères musulmans, Ibrahim Mounir, a affirmé pour sa part qu'il n'y aurait « pas de stabilité » sous une présidence d'Abdel Fattah al-Sissi.

 

« Transition démocratique »
Parallèlement, pressenti pour le remplacer, le chef d'état-major Sedki Sobhi a été élevé au rang de général par le président par intérim Adly Mansour, présent à la réunion tenue par le haut commandement militaire dans l'après-midi, autour de M. Sissi.


En destituant Morsi, Sissi promettait une « transition démocratique » lancée mi-janvier par l'adoption par un référendum – en forme de plébiscite autour de sa personne – d'une Constitution remaniée à la marge. Le scrutin présidentiel puis les élections législatives prévues ensuite doivent clore cette transition. Mais la communauté internationale a déjà dit à plusieurs reprises son inquiétude face à la répression de l'opposition, aux vagues d'arrestations et aux militants condamnés à des peines de prison pour avoir contrevenu à une loi controversée restreignant le droit de manifester.

Lundi, un juge a déclenché un tollé international en condamnant à mort 529 partisans de M. Morsi accusés de violences durant l'été dans le gouvernorat de Minya, au sud du Caire. Les États-Unis ont exhorté les autorités à ne pas appliquer ces condamnations. Le département d'État a aussi prévenu d'éventuelles conséquences sur la reprise ou non de l'aide américaine à l'Égypte, laquelle avait été partiellement gelée il y a six mois en représailles à la répression des pro-Morsi par le régime intérimaire installé par l'armée.

 

(Eclairage : L'Égypte engagée dans une guerre juridique sans précédent contre les islamistes)


Toujours dans cette province, 919 partisans du président Morsi – parmi lesquels figure Mohammad Badie, le guide suprême des Frères musulmans – comparaîtront devant un tribunal lors d'un nouveau procès de masse.
Pendant ce temps, des heurts entre policiers et étudiants partisans du président islamiste ont fait hier un mort et 14 blessés à l'Université du Caire, a indiqué le ministère égyptien de la Santé.

 

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