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Verbiage indigène

Y a pas à dire, le Liban est un pays condamné à vivre dans un perpétuel flash-back. Après la classique virée gouvernementale dans les arcanes littéraires de la déclaration ministérielle, après la promotion de Tripoli devenue « capitale de l'art de vivre », voilà maintenant qu'on nous miroite la perspective d'un énième talk-show au château de Baabda, où le patron des lieux, puissance invitante, se prépare à dresser la table devant des indigènes communautaires qui viendront prendre la pose autour d'un fanion frappé du cèdre.
Ce sera jour de gloire pour Michel de Sleimanie qui pourra ainsi s'amuser follement en jouant les maîtres de cérémonie : « Chers amis, donneriez-vous la parole à mon sunnite cloné pour équilibrer le dialogue avec votre chiite génétiquement modifié ? »


Et en attendant de savoir s'il y a de l'espoir au fond du bavoir, on pourra toujours se régaler sur les télés à la vue de la table-porte-avions, creusée en son milieu d'une tranchée abyssale pour y loger les fleurs... et probablement les armes le cas échéant.


Bon, alors de quoi va-t-on se concerter ? Premier problème : comment sortir de son bunker le champion de la victoire divine, dont la sécurité personnelle a tout l'air d'être plus précieuse à ses yeux que celle du commun des Libanais ? Probablement que le Barbu en chef se fera représenter par deux ou trois de ses pendentifs débraillés qui feront de la figuration. Deuxième casse-tête : comment ramener sur le tapis le dossier de la présidentielle, sans qu'une meute de maronites affamés ne se jettent dessus et se remettent à s'étriper comme s'il s'agissait de gouverner la principauté du Liechtenstein ? Enfin dernier problème : comment faire en sorte que la causette de Baabda ne tourne pas au dialogue du sourd-muet unijambiste et de l'aveugle cul-de-jatte ?
Le populo de base a en tout cas tout compris, lui, et rabaissé depuis lurette ses prétentions : plus personne ne demande aux attablés du château de construire le Liban de demain, mais juste tâcher d'essayer qu'il ne ressemble plus au Liban d'aujourd'hui.

 

gabynasr@lorientlejour.com

Y a pas à dire, le Liban est un pays condamné à vivre dans un perpétuel flash-back. Après la classique virée gouvernementale dans les arcanes littéraires de la déclaration ministérielle, après la promotion de Tripoli devenue « capitale de l'art de vivre », voilà maintenant qu'on nous miroite la perspective d'un énième talk-show au château de Baabda, où le patron des lieux,...

commentaires (5)

POUR PÉNITENCE... PAS DE MOT RÉSISTANCE... MAIS LA ROMANCE SANS FRAGRANCE PERSISTE DANS LA DANSE !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 07, le 21 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • POUR PÉNITENCE... PAS DE MOT RÉSISTANCE... MAIS LA ROMANCE SANS FRAGRANCE PERSISTE DANS LA DANSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 07, le 21 mars 2014

  • Excellent...! , comme quoi, il n'est jamais trop tard pour la curée ...de partir en avance pour arriver en retard...!

    M.V.

    17 h 46, le 21 mars 2014

  • Peut-on marcher sur la cime des rêves Et parcourir le monde sur le dos d’une hirondelle? Peut-on dérober les notes noires de notre pays sans trêves ? Peut-on croire aux lendemains si nous vivons dans un pays qui n’est pas réel ? Du bout des lèvres chacun offre sa plus belle réponse Chacun citoyen ressent plus fort que jamais une annonce Mais la vérité vole vers d’autres horizons, son secret l’hirondelle

    Sabbagha Antoine

    15 h 32, le 21 mars 2014

  • maronites affamés, vraiment génial Mr Gaby Nasr. merci de nous faire sourire chaque vendredi. Carlos Achkar

    Achkar Carlos

    11 h 19, le 21 mars 2014

  • La causette de Baabda, c'est juste pour que les barbus se torchent avec ?!

    Halim Abou Chacra

    04 h 38, le 21 mars 2014

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