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À La Une - Ukraine

Les Ukrainiens de Crimée plébiscitent un rattachement à la Russie

Le Premier-ministre séparatiste salue une décision "historique".

Des Ukrainiens pro-russes célébrant à Sébastopol. Photo AFP

Les Ukrainiens de Crimée ont plébiscité dimanche le rattachement de la péninsule à la Russie au terme d'un scrutin qui a mis en lumière le divorce profond entre Russes et Occidentaux et qui a réveillé les appétits des séparatistes de l'Est de l'Ukraine. "93% des habitants de la Crimée se sont prononcés pour le rattachement à la Russie, 7% se sont prononcés pour le statut autonome de la Crimée au sein de l'Ukraine", selon un sondage diffusé par les autorités séparatistes de la Crimée.

Le Premier-ministre séparatiste Serguiï Axionov a immédiatement salué une décision "historique". "Merci à tous ceux qui ont participé au référendum et ont fait leur choix. Aujourd'hui nous avons pris une décision très importante qui rentrera dans l'histoire", a déclaré M. Axionov sur son compte Twitter.

A Washington, la Maison Blanche a sans surprise immédiatement rejeté le référendum.

Le référendum, présenté comme un exercice de démocratie populaire par les autorités séparatistes et par Moscou, se déroulait en présence de milliers de soldats russes qui contrôlent la région depuis deux semaines aux côtés de milices séparatistes.

A Sébastopol, bien avant ce sondage, le drapeau tricolore de la Russie flottait déjà dans le ciel du port d'attache historique de la flotte russe de la mer Noire en Crimée.

"La Russie respectera le choix des habitants de la Crimée", a assuré le président Vladimir Poutine à la chancelière allemande Angela Merkel, tout en réaffirmant que le référendum respectait totalement le droit international.

L'Union européenne pour sa part a prévenu qu'elle mettrait ses menaces à exécution dès lundi en établissant une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes visés par des sanctions.

Bien loin de la crise diplomatique qui se joue entre Russes et Occidentaux, à Sébastopol les électeurs ont afflué massivement aux urnes dès le petit matin.

A Bakhtchissaraï, "capitale" de la communauté musulmane tatare de la Crimée dont les leaders ont appelé à boycotter la consultation, on ne voyait guère de Tatars dans les rues. Seuls les Ukrainiens d'origine russe votaient avec enthousiasme, ravis de se débarrasser bientôt de leur passeport ukrainien et espérant vivre mieux avec les subventions de Moscou.

Une nouvelle ère commence

"C'est un moment historique, tout le monde sera heureux", a lancé à la presse le Premier-ministre pro-russe de la Crimée, Serguiï Axionov, après avoir voté à Simféropol. "C'est une nouvelle ère qui commence", a-t-il affirmé, pendant qu'un homme agitant un drapeau ukrainien était repoussé par les gardes.

Alors que des troupes russes et des milices pro-russes sont déployées en Crimée, les 1,5 million d'électeurs de cette république autonome étaient invités à choisir entre l'intégration à la Russie et une autonomie élargie au sein de l'Ukraine.

Dans une péninsule majoritairement peuplée d'Ukrainiens d'origine russe, rattachée il y a soixante ans sur décision de Nikita Khrouchtchev à une Ukraine qui a toujours semblé lointaine à de nombreux habitants, une écrasante majorité s'est prononcée, selon un sondage, en faveur d'une union formelle avec la Fédération de Russie.

A Sébastopol, Aleftina Klimova, née en Russie, a eu du mal à dormir. "Je m'attendais à ce que les Etats-Unis, la France, eux tous, soient contre. Je craignais pour (le président russe Vladimir) Poutine. Mais il a su résister", a-t-elle poursuivi.

La question posée donnait aux électeurs le choix entre "la réunification avec la Russie comme membre de la Fédération de Russie" ou le retour à un statut, datant de 1992 et jamais appliqué, d'autonomie élargie vis-à-vis de Kiev.

Bases ukrainiennes débloquées

Les autorités sécessionnistes sont arrivées au pouvoir à Simféropol après la destitution à Kiev, le 22 février, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et à la faveur d'un coup de force monté par des civils pro-russes en armes et des milliers de soldats russes.

Venus de la base maritime de Sébastopol, à la pointe sud de la péninsule puis entrés en Crimée en colonnes blindées depuis le territoire russe, ils assiégeaient dans les bases militaires et les lieux stratégiques de la péninsule les soldats ukrainiens restés fidèles aux autorités de Kiev.

Cependant, le ministre ukrainien de la Défense Igor Tenioukh, a annoncé une brève trêve sur le terrain: les commandants des forces russes et ukrainiennes se sont mis d'accord pour que les bases ukrainiennes ne soient plus bloquées jusqu'au vendredi 21 mars (date du vote par la Douma, chambre basse russe, d'un projet de loi sur le rattachement de la Crimée).

Les soldats ukrainiens ont l'ordre de ne pas quitter la Crimée, mais aussi de ne pas sortir de leurs bases.

A Kiev, l'homme de la rue - ou plutôt du Maïdan - n'en craint pas moins la guerre.

"C'est une possibilité", dit un membre des groupes d'autodéfense du Maïdan, Vasyl Petrachthouk. "Poutine verra que nous ne sommes pas prêts à nous écarter de son chemin. Aujourd'hui il prend la Crimée, demain il voudra prendre Donetsk, Kharkiv, pas à pas. Il veut rétablir l'Union soviétique".

Dans l'est du pays, des manifestants pro-russes, encouragés par le référendum séparatiste, ont procédé à une démonstration de force dans les grandes villes industrielles en passe de devenir de nouveaux "points chauds".

A Donetsk, ancien fief du président Viktor Ianoukovitch destitué fin février, des manifestants pro-russes ont ainsi pénétré dans les sièges du parquet et des services spéciaux (SBU).

A Kharkiv, l'ancienne capitale de l'Ukraine, 6.000 partisans de Moscou ont organisé malgré l'interdiction de la justice un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la "souveraineté" de la langue russe.

Les organisateurs ont distribué des "bulletins" en faveur de la "fédéralisation économique" et "la souveraineté linguistique" qu'il fallait remplir et glisser dans un sac en plastique.

Des milliers de pro-russes ont ensuite marché vers les bureaux d'organisations nationalistes où ils ont brûlé drapeaux, livres et tracts devant l'entrée.

 

 

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commentaires (4)

En effet une nouvelle lumi ère qui va commencer pour la Crimée , mais les ténèbres pour l'occidécadent qui doit regretter d'y avoir mis les pattes à cet endroit . On les entend déjà pleurer avant la vraie gifle de Poutine .

FRIK-A-FRAK

20 h 04, le 16 mars 2014

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Commentaires (4)

  • En effet une nouvelle lumi ère qui va commencer pour la Crimée , mais les ténèbres pour l'occidécadent qui doit regretter d'y avoir mis les pattes à cet endroit . On les entend déjà pleurer avant la vraie gifle de Poutine .

    FRIK-A-FRAK

    20 h 04, le 16 mars 2014

  • NOUVELLE ÈRE... OUI ! RESTE À VOIR AU PROFIT DE QUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 44, le 16 mars 2014

  • Une situation extrêmement dangereuse qui nous rapelle la guerre froide des années 1970 entre les deux grandes puissances .

    Sabbagha Antoine

    16 h 31, le 16 mars 2014

  • C'est honorable de reconnaître sa défaite , surtout quand on a eu "l'impression " d'avoir remporté une victoire en Ukraine violée . Les habitants de la Crimée , on ne les appelle pas les criménels ou criménelles , mais les crèmois , ceux qui forment la crème de l'Ukraine violée .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 57, le 16 mars 2014

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