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Liban - Liban-Marche

Pour que la femme ne soit plus jamais battue...

KAFA a relevé haut le défi. Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue pour hâter la promulgation de la loi pour protéger la femme contre la violence domestique. Mis à part KAFA et le CRTDA, les autres associations membres de la Coalition nationale pour la promulgation de cette loi ont brillé par leur absence.

Une activiste lors de la marche, samedi 8 mars 2014 à Beyrouth, pour la promulgation de la loi visant à protéger la femme contre la violence domestique. REUTERS/Jamal Said

La rue libanaise s'est enfin réveillée de sa léthargie et c'est en masse que femmes et hommes, tous âges et souches sociales confondus, ont répondu présent, samedi, à l'appel lancé par KAFA pour faire accélérer la promulgation de la loi pour protéger la femme contre la violence domestique. Ils étaient ainsi plus de 4 000, nombre d'entre eux accompagnés de leurs enfants, à se rassembler sur et devant les marches du musée national, quartier Badaro, pour dénoncer la violence dont est victime la femme libanaise.
« Le peuple réclame la promulgation de la loi », criaient les participants à cette marche, organisée à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire : « Les hommes de qualité n'ont pas peur de l'égalité », « Je ne veux pas être victime de la violence, je ne vais pas me taire », « Soyons des compagnons de route, pas de la violence », « Gare à une patrie dont les femmes sont tuées au nom de l'honneur », « Le temps du machisme est révolu », « Femme libre et indépendante »...
« J'espère que la femme aura gain de cause et que la loi qui la protège de la violence domestique sera enfin votée », confie à L'Orient-Le Jour Mona Afeiche, ancienne ministre et grande militante en faveur des droits de la femme et de l'enfant. « J'espère aussi que toutes les lois discriminatoires à son égard seront également amendées », ajoute-t-elle.
« Les nombreux meurtres qui ont eu lieu récemment m'ont choquée, notamment la façon dont Manal Assi a été tuée », affirme Anne-Marie, enseignante, qui confie participer à la marche pour ses filles. Manal, rappelons-le, a été tuée en février dernier par son mari. Il l'avait sauvagement battue avec une cocotte-minute, non sans avoir versé le contenu chaud de la marmite sur elle. D'ailleurs, samedi, les photos des dernières victimes en date de la violence domestique étaient omniprésentes.


« Je n'ai pas de filles, souligne pour sa part Norma, sexagénaire. Mais lorsque je pense qu'un grand nombre de ma famille et de mes amies ont subi des violences domestiques, je me révolte. Je pense à toute cette injustice qui règne. Je suis choquée par cette justice qui acquitte un homme assassin de sa femme ! »
« Il n'est plus permis qu'en 2014 des femmes soient encore battues par leurs maris et que ces crimes restent impunis », s'insurge pour sa part Jad. De son côté, Chawki Azouri, psychanalyste, affirme que « la femme est l'avenir de l'homme ». « La tuer c'est anéantir l'humain », insiste-t-il. « Je suis sûr que cette marche va aboutir, indique, en outre, un quadragénaire. Les hommes en général ne trouvent pas normal que des hommes battent des femmes. Si quelques-uns se permettent ces dépassements, cela ne veut pas pour autant dire que c'est un comportement habituel. »

 

Toutes les couches sociales concernées
De nombreuses survivantes à la violence domestique ont également pris part à la marche. M. constate ainsi que « la violence est une pratique qui touche toutes les couches sociales ». « Je suis issue d'un quartier chic et d'une famille bien vue dans la société, raconte-t-elle. Pourtant ma sœur et moi avons été victimes de la violence qu'exerçait mon frère sur nous, sachant que d'un point de vue social, il est le modèle de l'homme bien. Lorsque j'ai osé me rebeller, je me suis retrouvée dans la rue avec ma fille de six ans, avec le consentement des autres membres de la famille, au moment où lui était traité comme un prince. Cela m'a profondément choquée, d'autant que je considérais que ma famille était évoluée d'un point de vue intellectuel et moral. »
Y., 15 ans, note quant à elle qu'elle prend part à la marche parce que « le problème me concerne, d'autant que j'ai vu ma mère subir l'ire de son frère ». « Je trouve inadmissible que des gens puissent se comporter de la sorte, dénonce-t-elle. Il est fondamental que nous soyons protégées. »


La manifestation avait débuté par un spectacle joué par le groupe Zoukak. À travers une scène de mariage plutôt sinistre, le groupe de théâtre a retracé le vécu de plusieurs femmes victimes de violences domestiques. Une violence qui commence dès l'enfance, dans la maison parentale, souvent « avec la complicité des autres membres de la famille », et se poursuit, des années plus tard, dans le foyer conjugal.
Les manifestants, guidés par les mères et les proches de Roula Yacoub, Manal Assi, ainsi que de plusieurs autres femmes victimes de violences domestiques, se sont dirigés vers le Palais de justice, pour dénoncer les circonstances de l'assassinat de Manal et Roula, le non-lieu prononcé en faveur du mari de cette dernière et l'absence de réaction condamnable du législateur...


Avec plus de 4 000 personnes dans la rue, la marche de samedi a été un franc succès, d'autant que la mobilisation ne revêtait aucune connotation politique. Mais la société civile n'a pas dit son dernier mot. Cette marche, comme l'ont affirmé les organisateurs, est en effet la première initiative d'une série d'activités jusqu'à la victoire du droit sur l'ignorance.

 

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commentaires (2)

LÀ Où IL Y A DES SUREXITÉS À QUATRE PATTES, DES PRÉDATEURS, IL FAUT LES CASTRER ET LES BANNIR !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 30, le 10 mars 2014

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Commentaires (2)

  • LÀ Où IL Y A DES SUREXITÉS À QUATRE PATTES, DES PRÉDATEURS, IL FAUT LES CASTRER ET LES BANNIR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 30, le 10 mars 2014

  • Que dire de ces raisonnements spécieux, de ces fallacieuses tirades l'œil humide et la main sur le cœur, alors que l'alpha et l'oméga de ces tartuferies, le seul ressort vibrant de cet ahanant machin, est de reconquérir à n'importe quel prix des pouvoirs machistes Campagnards ou, à la rigueur, des fractions de pouvoir misogyne Montagnard. Mais on ne va pas hélas en rester là. Il ne faut guère patienter pour que ressurgissent ces mêmes Violences conJugales dont l'entêtant fumet a déjà empuanti l’atmosphère de ce patelin depuis qu’ils sont signalés encore présents et non évanescents ces "mâles?" à moustaches. Comme on s'en étonne, voilà qu’un de ces interlocuteurs machos rétorque, usant d'une formule que seule la gravité de la situation justifie et non la bienséance, "qu'il y a de la m..de qu’il étalera bien dans ce bled à celles-là sur leur têtes si encore il osait." ! Ah bon.... et comme si l'on "sentait!" soi-disant déjà monter des profondeurs de son crâne Vidé des vagues regrets, des houles de remords relatifs aux baffes dégueulasses à l’aveuglette balancées. Elle parait pertinente alors la suggestion d'un droit de repentir offert à ce "viril?" à vibrisses, et comme quoi par ces "bonnes femmes" grugé. Il aura ainsi maybe(h) some moments encore pour maudire son fichu machisme, comme il lui est loisible de maudire "toutes ces femelles".... mais dorénavant pour en changer. O b l i g é !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 54, le 10 mars 2014

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