Aujourd'hui, pour la Journée mondiale de la femme, les citoyennes font le plus beau des cadeaux aux femmes du Liban. Elles descendent dans la rue, en masse, pour réclamer la promulgation de la loi contre la violence domestique. Une loi bloquée depuis juillet dernier dans les tiroirs d'un Parlement on ne peut plus paralysé.
Ce sera assurément la fête aujourd'hui dans les rues de Beyrouth, plus précisément place du Musée et sur l'artère menant au Palais de justice. Car elles seront envahies, et dès 14 heures, par les femmes qui crieront leurs revendications, ouvertement et sans crainte. Non seulement par les organisatrices de Kafa, les militantes et les féministes, soutenues par les défenseurs des droits de l'homme. Mais par Madame Tout-le-Monde, bien décidée à se faire entendre, depuis la femme au foyer jusqu'à la chef d'entreprise, en passant par la petite employée ou l'avocate. Sans oublier l'étudiante qui rêve d'un avenir meilleur, la mère de famille qui craint pour sa petite dernière et la grand-mère qui n'a plus rien à perdre.
C'est au nom de Roula, de Manal, de Christelle, toutes trois sauvagement tuées par leurs époux, qu'elles marcheront, les femmes du Liban. Mais pas seulement. Elles se mobilisent finalement, les Libanaises, solidaires de toutes les anonymes du pays du Cèdre, ces femmes, ces jeunes filles, ces fillettes, dont personne n'a jamais entendu parler, battues, violentées, meurtries, humiliées par un époux, un père, un frère, un fils, voire une belle-mère, sous trente-six mille prétextes.
Ensemble, en chœur, et en dépit de tout ce qui les sépare, elles parleront, chanteront, hurleront leur colère de tous leurs poumons, au nom de celles qui sont dans l'impossibilité de s'exprimer.
Les femmes du Liban n'ont plus peur. En ce 8 mars, c'est pour protéger leurs pairs de la violence domestique qu'elles manifestent. Déterminées à pousser le Parlement à promulguer une loi loin d'être parfaite.
Mais au plus profond d'elles-mêmes, c'est à cause de leur ras-le-bol que les femmes du Liban refusent désormais de se taire. Vu la grande frilosité d'autorités machistes à adopter des mesures radicales contre la discrimination qui touche la gent féminine, dans les textes législatifs et au quotidien.
Ras-le-bol ! Contre le mariage forcé des fillettes, contre la non-reconnaissance du viol conjugal, contre les injustices du statut personnel, contre l'impossibilité de transmettre leur nationalité à leur famille, contre leur mise au ban de la vie politique... La liste est si longue.
Combien de marches, de sit-in et de manifestations faudra-t-il pour que les choses bougent enfin en faveur des femmes du Liban ?
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commentaires (3)
HONNEUR À LA FEMME LIBANAISE ! ET AUX FEMMES DE TOUT LE MONDE.
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 23, le 09 mars 2014