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Culture - Exposition

« Animisme » d’Anselm Franke, ou les manifestations de l’imaginaire moderne

« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? » Pour Anselm Franke, oui. Le célèbre conservateur et critique d'art allemand fait à ce propos le tour du monde avec une exposition intitulée « Animisme », qui s'arrête aujourd'hui chez Ashkal Alwan, dans le cadre du Chapitre 3 mené par Jalal Toufic et Anton Vidokle.

Entre affiches, reproductions et coupures de presse... © Ashkal Alwan

C'est de l'art qui s'adresse à ceux qui ont envie de se triturer les méninges. Il faut dire que chez Ashkal Alwan, où de nombreux étudiants artistes suivent assidûment les cours, les volontaires ne manquent pas.
L'animisme très en vogue dans l'anthropologie du XIXe siècle considère que toute chose peut avoir une âme, parfois bien cachée! Confronter ce qui reste de cette idée au monde moderne, questionner ce monde moderne et son rapport à la nature, c'est le souhait d'Anselm Franke qui fait le tour du monde à cette expo présentée dans le cadre du Chapitre 3 mené par Jalal Toufic et Anton Vidokle.

Anselm Franke souhaite montrer comment «les techniques esthétiques sont liées à des systèmes de connaissances et de fabrication d'ordre social». L'objectif du montage de l'exposition, à la manière d'un essai, à travers des œuvres et des objets divers à la fois contemporains et historiques, est de faire comprendre que ces frontières ne sont pas données, mais résultent de pratiques très diverses issues de cosmologies différentes. Plutôt qu'une présentation d'objets que d'autres cultures jugeraient «animés», l'exposition se penche sur l'implication du monde de l'exposition dans la fabrication des classifications modernes, et devient l'esquisse d'un «musée d'anthropologie de la modernité» à inventer. Elle présente les œuvres de plusieurs artistes internationaux et une série d'objets de l'histoire des sciences, de la nature et de la technologie.

Anselm Franke est conservateur et critique d'art. Il assure le commissariat de l'exposition «Animisme», présentée entre 2010 et 2012 dans diverses capitales comme Anvers, Berne, Vienne, Berlin et New York.
L'édition actuelle présente des œuvres qui interrogent la dialectique des formats et genres particuliers de l'imaginaire moderne institutionnalisé, comme le musée et sa relation au temps, à l'ordre et à la transformation (Jimmie Durham/Chris Marker/Alain Resnais), les films ethnographiques (Rudolph Poch), le complexe de la momie dans le cinéma (Artefakte), l'animation et la métaphore animale (Walt Disney, Marcel Broodhaers, Jean Painleve), le travail, les médias et le corps (Ken Jacobs), les limites psychiatriques de la subjectivité (Angela Melitopoulos et Maurizio Lazzarato), l'extase (Yayoi Kusama), le continuum du corps et de la technologie (Daria Martin), ainsi que des «scènes» exemplaires explorant la médialité et l'inscription de la mythologie et de l'enchantement, de la matérialité et du fétichisme dans la reconfiguration du pouvoir et des frontières modernes (Al Clah, Hans Richter, Len Lye, Yervant Gianikian/Angela Ricci Lucchi, Adam Avikainen, Otobong Nkanga), ainsi que les frontières actuelles dans les luttes autochtones (Paulo Tavares).
Ce projet ne cherche donc pas comment certaines personnes en viennent à percevoir des objets ou la nature comme des «êtres sociaux», mais inverse la question pour délimiter la façon dont les objets sont faits et si le statut de personne peut être refusé ou retiré. L'animisme devient alors une lentille à travers laquelle «la décision des limites se dessine, qui situe les processus esthétiques, comme l'effet de l'animation, à l'opposé du contexte historique des mythologies coloniales et des mobilisations de la science moderne», explique le curateur.

Le projet vise à «enregistrer les changements actuels à partir d'une critique de l'aliénation, de la réification et de l'objectivation, vers une production culturelle dans le cadre du paradigme de subjectivation et la mobilisation technologique de la mimésis pré-individuelle et relationnelle». Les œuvres et les documents d'archives présentés interrogent les effets symptomatiques des médias envers les frontières modernes, le lien entre actif et passif, «poiesis» et pathos, et procèdent ainsi à une refonte du paradigme du réseau écologique du présent en termes de pratiques-limites et de critique des technologies des médias.

*Jusqu'au 4 avril. Home Workspace Program (HWP), Ashkal Alwan, immeuble 100, 1er étage, Jisr el-Wati, rue 90. Tél. : 01/423879.

C'est de l'art qui s'adresse à ceux qui ont envie de se triturer les méninges. Il faut dire que chez Ashkal Alwan, où de nombreux étudiants artistes suivent assidûment les cours, les volontaires ne manquent pas.L'animisme très en vogue dans l'anthropologie du XIXe siècle considère que toute chose peut avoir une âme, parfois bien cachée! Confronter ce qui reste de cette idée...

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