Coucou ! Toujours pas de déclaration ministérielle ? À la bonne heure, rien ne presse. Mais que personne ne s'avise de parler de recul. C'est juste une « stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée », comme dirait un intello ayant avalé un parapluie. De fait, au Grand Sérail une palanquée de ministres alignent avec application depuis deux semaines les vermicelles de l'alphabet arabe pour forger un document en langue de bois pur chêne massif. Aux dernières nouvelles, ils en sont encore à définir si le Liban est un pays ou un paysage. Faut dire que chez nous la notion de temps est très aléatoire. Mais bon, il n'est jamais trop tard pour être en retard.
Donc à l'heure qu'il est, on ne connaît toujours pas la recette miracle appelée à remplacer la formule « armée-peuple-résistance ». Serait-ce « peuple-armée-résistance », ou plutôt « résistance-armée-peuple » ? À moins qu'à force de cogitation enfiévrée, on aboutisse à « peuple-résistance-armée »... Et puis comme de toute façon deux éléments sur trois sont chiites, on pourrait peut-être amputer une patte de ce trépied bancal et ficher un peu la paix à cette armée qui a d'autres barbus à fouetter.
Tel n'est pas l'avis en tout cas du Hezbollah dont les députés – mal rasés, en attendant de grimper les échelons et de gagner chacun une barbe complète – ont réveillé la République par une saillie primesautière de laquelle il ressort que Michel de Sleimanie veut escamoter le mot « résistance » de la déclaration ministérielle. En vérité, quatre millions de Libanais menacent de se taillader les veines et de se jeter collectivement de Raouché, si ce mot magique ne devait pas figurer dans le document. À quoi tient notre bonheur !
Entre menaces à peines voilées et promesse de confiance au nouveau gouvernement, les barbillons du parti ont découvert l'oxymore sans le savoir. Oxymore, c'est-à-dire association de deux termes complètement contradictoires. Comme Liban et démocratie, par exemple...
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
De retard à trop tard et au revoir Liban si on reste avec cette mentalité de jeux de mots et du chantage milicien .
Sabbagha Antoine
16 h 17, le 07 mars 2014