« Volpone » adaptée par Alain Plisson

Appelée également « Le Renard de Venise », la pièce Volpone raconte les ruses dont use et abuse le bourgeois vénitien Volpone pour s'enrichir davantage, aidé de son valet Mosca. L'homme feingnera d'être aux dernières heures de sa vie afin que ses « amis » se disputent à coup de cadeaux le privilège d'être couchés sur son testament. Chacun est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut. Voltore le notaire corrompu, Corvino qui donnera sa femme et Corbaccio qui déshéritera son fils... Mosca et Canina, la courtisane, quant à eux, profitent de l'homme de son vivant.
Sexe et corruption. Deux thèmes toujours d'actualité, même 400 ans plus tard. L'humour noir est efficace et les acteurs, parfaits dans leur rôle respectif, enchaînent les scènes dans un rythme sans fausses notes. Robert Arab, campant le personnage de Volpone, passe de la jouissance procurée par l'or et autres bijoux au bégaiement appuyé lorsqu'il feint la maladie. Le rôle de Mosca est brillamment interprété par Jean-Élie Eid qui, avec enthousiasme, porte l'intrigue de la pièce jusqu'à la fin. Le metteur en scène joue le rôle de Corbaccio, traînant des pieds, faisant rire tout le public, mais retrouvant sa vigueur à la vue des faveurs de Canina, interprétée par Natasha Achcar.
Étienne Kupelian et Phillipe Fayad, respectivement Voltore et Corvino, s'amusent et amusent les spectateurs dans leur rôle de menteur et manipulateur (envers sa femme pour l'un, interprétée par Denise Chehab, et de la loi pour l'autre). Le fils déshérité, Leone (Cyril Jabre), l'un des seuls personnages « honnête » de la pièce, ébahi devant tant de supercheries, prendra toute sa valeur pendant la fameuse scène du tribunal.
Volpone, savoureux, plein d'humour, prend fin sur une note qui laisse libre cours à l'imagination. Les acteurs offrent un jeu de haute tenue. À défaut de bonne moralité des personnages...