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À La Une - Ukraine

Bain de sang à Kiev, l'UE tente d'imposer un compromis

Merkel, Obama, Poutine veulent une solution politique à la crise.

Les forces de l'ordre ont ouvert le feu à balles réelles sur les manifestants, le jeudi 20 février 2014, à Kiev. AFP PHOTO/ SERGEY GAPON

La violence s'est déchaînée jeudi en Ukraine avec, selon l'opposition, au moins 60 morts à Kiev où les forces de l'ordre ont ouvert le feu à balles réelles sur les manifestants malgré la présence de ministres européens qui tentent d'imposer un compromis.

Des scènes de guérilla urbaine se poursuivaient au même moment dans le centre de Kiev, autour du Maïdan - la place de l'Indépendance occupée depuis maintenant trois mois par l'opposition - d'une violence inédite depuis 20 ans aux portes de l'Union européenne.

"Plus de 60 manifestants ont été tués. Tous l'ont été par balle", a déclaré à l'AFP le responsable des services médicaux de l'opposition, Sviatoslav Khanenko. Ce bilan était impossible à vérifier dans l'immédiat mais néanmoins plausible compte-tenu des tirs à balles réelles dans le centre de Kiev.

Le bilan des violences à Kiev est monté à 75 morts depuis mardi, a de son côté annoncé le ministère ukrainien de la Santé dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état de 67 morts depuis mardi. De plus, depuis jeudi matin, "76 personnes sont hospitalisées dans un état grave", a ajouté le ministère.

Le ministère de l'Intérieur a côté fait état de 3 policiers tués jeudi, qui s'ajoutent aux 10 hommes tués les deux jours précédents. Le ministère a en outre indiqué que 67 de ses hommes avaient été faits prisonniers par les manifestants. 

 

Au cœur, au cerveau ou à la carotide
Armés de bâtons, boulons, pavés, mais aussi de cocktails Molotov des centaines de manifestants radicaux, le plus souvent casqués et équipés de boucliers ont affronté les forces anti-émeute Berkout, qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogène mais aussi à la kalachnikov, selon des témoignages, les constatations des médecins et au moins une vidéo mise en ligne par un média.

"Les manifestants ont été tués de manière très professionnelle par des snipers qui ont visé au cœur, au cerveau ou à la carotide", a affirmé un médecin, Olga Bogomolets, interrogée sur la chaîne privée Kanal 5.

 

Des protestataires se faisant tirer dessus à Kiev. (Avertissement : les images sont choquantes)

 

Le ministère ukrainien de l'Intérieur a confirmé dans un communiqué avoir "décidé conformément à la législation le recours aux armes", mais a affirmé qu'il s'agissait d'assurer la "légitime défense" des policiers, affirmant à son tour que les tirs d'un sniper avaient blessé 20 de ses hommes jeudi matin.

La présidence américaine s'est dite "scandalisée" par les images de policiers tirant sur des manifestants.

Un journaliste de l'AFP a vu durant la journée huit cadavres gisant sur le sol devant la poste centrale sur le Maïdan, et dix autres non loin de là, devant l'hôtel Kozatski. Un autre journaliste avait compté sept corps dans le hall de l'hôtel Ukraïna, de l'autre côté de la place. Les alentours de la place de l'Indépendance, en plein centre de Kiev, étaient à de nombreux endroits couverts de flaques de sang.

Le siège du gouvernement, non loin de la place de l'Indépendance, a été entièrement évacué.

Le maire de Kiev a annoncé qu'il quittait le parti au pouvoir pour protester contre le "bain de sang".

 

(Voir notre diaporama ici)

 

Sanctions ciblées
Dépêchés d'urgence jeudi à Kiev où de précédents affrontements avaient déjà fait 28 morts depuis mardi, soit au total une centaine de morts en trois jours, les ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais ont eu des pourparlers de plusieurs heures avec le président Viktor Ianoukovitch, et les leaders de l'opposition.

Frank-Walter Steinmeier, Laurent Fabius et Radoslaw Sikorski restent jusqu'à vendredi à Kiev. Ils comptent imposer une "feuille de route" pour une sortie de crise pacifique, ont indiqué des sources diplomatiques allemandes. Selon une source diplomatique française, les points de compromis pourraient comprendre une révision de la Constitution, et des élections anticipées.

Les Européens, qui ont brandi ces derniers jours la menace de sanctions ciblées contre des responsables ukrainiens, ont parallèlement décidé jeudi de les mettre en œuvre dès maintenant pour sanctionner le bain de sang.

"Nous avons pris la décision (...) de procéder très rapidement, dans les prochaines heures, pour priver de visas et geler les avoirs de ceux qui sont tachés de sang", a dit la chef de la diplomatie italienne, Emma Bonino, à l'issue d'une réunion de crise à Bruxelles. 

 

Sur la place de l'Indépendance, les protestataires érigent de nouvelles barricades jeudi. AFP/Louisa Gouliamaki

 

Relents de guerre froide
Les Etats-Unis ont d'ores et déjà imposé des interdictions de visas à l'encontre de 20 personnalités ukrainiennes. Le président Barack Obama a jugé mercredi que "le gouvernement (ukrainien) a la responsabilité de faire en sorte que nous allions vers une forme de gouvernement d'union nationale, même transitoire, qui débouche sur des élections libres et honnêtes de manière à ce que le peuple ukrainien puisse exprimer sa volonté sans le type de chaos auquel nous avons assisté dans les rues." Prié de dire s'il voyait dans la crise en Ukraine, notamment, le reflet de tensions entre Etats-Unis et Russie, il a répondu par la négative: "Notre démarche, aux Etats-Unis, n'est pas de voir là quelque partie d'échec, digne de la guerre froide, que nous disputerions avec la Russie".


De la crise ukrainienne émanent néanmoins des relents de Guerre froide.

Le Kremlin a indiqué dans l'après-midi avoir dépêché son représentant, le délégué aux droits de l'homme et ancien diplomate Vladimir Loukine, à la demande de la présidence ukrainienne, pour participer à une médiation avec l'opposition.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si se dessinait la perspective d'une double médiation russe et européenne, telle celle qui avait mis fin en 2004 à la Révolution orange, un mouvement pacifique qui portait déjà sur le choix pro-européen ou pro-russe de l'Ukraine. Des experts s'accordent à dire que la Russie est incontournable pour une sortie de crise.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé jeudi un "chantage" européen. Il avait exprimé mercredi la nervosité de Moscou à l'égard des médiations des Européens et les a sommés de condamner les opposants radicaux qui fomentent une "guerre civile". 

 

Un opposant armé d'un fusil sur la place de l'Indépendance. AFP/Louisa Gouliamaki

 

Merkel, Obama, Poutine pour une solution politique
Malgré ce bras de fer diplomatique, la chancelière allemande Angela Merkel, le président américain Barack Obama et le président russe Vladimir Poutine veulent "une solution politique à la crise", a annoncé jeudi Berlin.

"La chancelière et les présidents étaient d'accord pour dire qu'il fallait trouver une solution politique à la crise en Ukraine le plus rapidement possible et que le bain de sang devait cesser", a indiqué le gouvernement allemand dans un communiqué diffusé après des entretiens téléphoniques de Mme Merkel avec Vladimir Poutine et Barack Obama.

La chancelière a informé les deux présidents "de la mission des ministres des Affaires étrangères d'Allemagne, de France et de Pologne qui a lieu en ce moment à Kiev", a précisé le gouvernement allemand dans son communiqué.

De son côté, la Maison Blanche, rendant compte de la conversation entre M. Obama et Mme Merkel, a indiqué que les deux dirigeants "s'étaient mis d'accord sur le fait qu'il était crucial que les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Union européenne restent en contact étroit dans les prochains jours sur les mesures que nous pouvons prendre pour soutenir" la fin des violences et "une solution politique qui servirait au mieux les intérêts des Ukrainiens".

La contestation de ces trois derniers mois est née du revirement en novembre du pouvoir ukrainien, qui a renoncé soudainement à un accord avec l'Union européenne pour se tourner vers Moscou.

Des manifestations et affrontements avaient également lieu en province, notamment dans l'ouest nationaliste comme à Lviv, où la veille les manifestants se sont emparés d'un dépôt d'armes de la police.

La crise alimente les craintes d'une partition du pays entre l'ouest favorable à un rapprochement avec l'UE et l'est russophone tourné vers Moscou. A Lviv, bastion du nationalisme ukrainien depuis l'époque soviétique, l'assemblée régionale a proclamé mercredi son autonomie à l'égard du gouvernement de Viktor Ianoukovitch.

 

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commentaires (8)

En attendant sa Réelle et Stricte imposition par les seuls États-Unis !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 04, le 21 février 2014

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Commentaires (8)

  • En attendant sa Réelle et Stricte imposition par les seuls États-Unis !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 04, le 21 février 2014

  • Toujours le meme ritual de la propaganda occidecadente , avec des images et des reportages faciles etc....

    FRIK-A-FRAK

    23 h 26, le 20 février 2014

  • Que les victimes du complot eurodecadent regarde a 7 fois avant de s'engager avec l'ue , ou alors qu'ils demandent a ceux qui les ont essaye en Syrie et chez nous au M.O

    FRIK-A-FRAK

    19 h 15, le 20 février 2014

  • Pire que des bääSSyriens, ces "russophiles" ukrainiens !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 40, le 20 février 2014

  • J'ai bien regarde , oufffffff il n'y a pas de hezb resistant implique a Kiev . Peut etre que parce que Poutine saura y faire avec les comploteurs .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 16, le 20 février 2014

  • LA SYRIE ÉQUIVALENTE DE L'AUTRE CÔTÉ ! LÂCHEZ... LÂCHONS... TIREZ... TIRONS... ET CE SERA LA RÈGLE DU JEU DORÉNAVENT... L'OURS PRIS DANS SA TANNIÈRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 43, le 20 février 2014

  • Triste de voir toujours des dirigeants comme Viktor Ianoukovitch vivant à l’ère communiste comme si les temps n’ont pas changé et que la démocratie n’existe pas pour eux .

    Sabbagha Antoine

    13 h 55, le 20 février 2014

  • Saletés de Minables Gnomes et Nains poutiniens Post-staliniens, aussi infects et maléfiques que des fascistes ou des nazis ! Si pas pire !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 53, le 20 février 2014

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