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Liban - La situation

Trois priorités pour Salam : sécurité, présidentielle et redressement économique

Tammam Salam recevant les félicitations hier en son domicile de Mousseitbé. Le plus dur commence aujourd'hui. Photo Hassan Assal

Passée l'euphorie de la naissance du gouvernement Salam, après onze mois de labeur et un sprint final pénible, samedi, on entre à partir de demain dans une nouvelle étape, celle de l'élaboration du texte de la déclaration ministérielle.


Le nouveau gouvernement tiendra donc demain sa première réunion à Baabda, sous la présidence de Michel Sleiman. Une réunion formelle au cours de laquelle une commission ministérielle sera formée avec pour seule mission de plancher sur la mouture du texte qui fait d'ores et déjà l'objet de contacts intensifs. Le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, a ainsi fait savoir hier que le chef du PSP, Walid Joumblatt, a poursuivi ses concertations à ce sujet au cours du week-end avec le commandement du Hezbollah et le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora. « Les deux affichent une attitude positive et se sont dit disposés à ouvrir une nouvelle page dans leurs relations », a-t-il ajouté.

 

(Voir la composition du gouvernement Salam)


Ces propos se recoupent avec les informations filtrées au sujet de la teneur du texte qui, étant donné la durée de vie réduite du gouvernement, est appelé à être relativement court et, surtout, équilibré. Il tend à éviter ou plutôt à édulcorer les questions litigieuses. La priorité y sera accordée à trois sujets principaux : la sécurité et la lutte contre le terrorisme qui a fait son chemin dans le pays, l'organisation de la présidentielle dans des conditions optimales de sécurité et la redynamisation du secteur économique, d'autant que les organismes économiques auraient un plan d'action de nature à booster rapidement le secteur. Le document fera évidemment référence à la déclaration de Baabda, mais sans reprendre textuellement le paragraphe en rapport avec la neutralité du Liban, alors que le 14 Mars souhaitait, comme on le sait, que ce paragraphe fasse partie intégrante du texte de la déclaration ministérielle.

 
L'idée de base est que celle-ci réaffirmera l'attachement du Liban à tous ses engagements internationaux ainsi qu'aux textes auxquels Beyrouth se conforme, dont bien entendu l'accord de Taëf et la déclaration de Baabda, mais en ajoutant cette phrase nébuleuse, juste après la mention de la déclaration de Baabda : « ...tout en profitant des aptitudes nationales du peuple et de la Résistance libanaise ». Cette phrase, explique-t-on dans les milieux concernés, est censée ménager la chèvre et le chou que sont le 14 et le 8 Mars, de sorte à faire référence à la Résistance tout en éliminant le triptyque peuple-armée-résistance auquel le Hezbollah était farouchement attaché.

 

(Lire aussi : Une équipe pour la normalisation des relations interlibanaises, selon Aoun)


Même si, dans son discours, hier soir, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, s'est employé encore une fois à faire tomber la théorie de la neutralité du Liban en expliquant les raisons pour lesquelles son parti s'est impliqué dans la guerre en Syrie contre les jihadistes de Daech (l'État islamique en Irak et au Levant), force est de constater que ses propos s'adressaient principalement à sa propre base populaire, toujours ébranlée par la vague d'attentats-suicide dans ses régions et profondément irritée par ce qu'elle considère « les concessions » faites dans le cadre du dossier gouvernemental.

 

(Lire aussi : Les nouveaux ministres ont dit)


Mais dans le même temps, Nasrallah s'est montré soucieux d'éviter les expressions et les arguments provocateurs ou menaçants d'usage, révélant ainsi une nouvelle ligne politique tactique qu'il suit et qui rejoint à mi-chemin les récents changements intervenus au niveau des discours à la tête du courant du Futur.
Plusieurs explications sont données à ces changements. L'une d'elles est que le Hezbollah chiite et le sunnisme modéré que représente le courant du Futur sont tous deux conscients de la gravité de la situation au plan de la sécurité et se seraient entendus pour joindre leurs efforts afin de contrer le danger jihadiste qui s'est manifesté par la série d'attentats-kamikazes et à la voiture piégée.


Cette jonction viendrait dans le prolongement de l'initiative de l'Arabie saoudite qui a décidé de faire face à la montée et à l'expansion du jihadisme, et qui a décidé pour cela de sanctionner sévèrement tout individu qui prendrait part à des activités jihadistes en Syrie.

 

(Lire aussi : Les FL attendent la déclaration ministérielle pour définir leur position)


Une autre explication se rapporte à l'évolution du dossier syrien. Au cas où le Conseil de sécurité approuverait le 20 février un cessez-le-feu en Syrie avec l'aval de la Russie et établirait un plan d'application de cette trêve, si jamais elle est acceptée, le Hezbollah se retirerait de facto de ce pays, selon des sources qui suivent ce dossier, pour se retrancher dans des campements établis tout le long de la frontière avec la Syrie.
Considérés aujourd'hui comme des lieux stratégiques pour le parti de Dieu, ces campements, partagés dit-on avec des combattants de la révolution iranienne, ne représentent pas seulement les points de départ vers les batailles qui se déroulent en Syrie non loin des frontières, comme à Qoussair ou Yabroud, mais constituent aussi des points de contrôle, qui ont permis à cette formation d'orienter l'armée vers les pistes jihadistes repérées, et facilité la découverte de voitures piégées.

 

Lire aussi

Un souffle de normalité, l'éditorial de Issa Goraieb

#stripforAlice (au pays des merveilles), le billet de Ziyad Makhoul

 

 

Passée l'euphorie de la naissance du gouvernement Salam, après onze mois de labeur et un sprint final pénible, samedi, on entre à partir de demain dans une nouvelle étape, celle de l'élaboration du texte de la déclaration ministérielle.
Le nouveau gouvernement tiendra donc demain sa première réunion à Baabda, sous la présidence de Michel Sleiman. Une réunion formelle au cours de...

commentaires (3)

Ils rêvent debout, Ces "Salam & Cie." ! Et incessamment, il sera tout seul à le faire !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 38, le 17 février 2014

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Commentaires (3)

  • Ils rêvent debout, Ces "Salam & Cie." ! Et incessamment, il sera tout seul à le faire !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 38, le 17 février 2014

  • Et quid des élections législatives ? Former un deuxième gouvernement, même si celui-ci a le mérite d'exister, sans élections, c'est museler le peuple et lui interdire de se prononcer. Cela signifie aussi que l'Exécutif reste à la merci de ceux qui menacent et intimident.

    Robert Malek

    17 h 38, le 17 février 2014

  • Enfin il faudra ménager la chèvre et le chou que sont le 14 et le 8 Mars mais il faut faire attention aussi au grand lion .

    Sabbagha Antoine

    14 h 48, le 17 février 2014

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