Grande émotion hier au complexe BIEL, pour la neuvième commémoration de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et de ses compagnons, malgré une cérémonie de courte durée, et l'absence notable du chef des Kataëb, Amine Gemayel, remplacé par son épouse Joyce, et celle du chef des Forces libanaises Samir Geagea, représenté par le général Wehbé Katicha. L'occasion cette année revêt en tout cas une importance symbolique après le début du procès du Tribunal spécial pour le Liban, il y a un mois. La cérémonie a de ce fait été placée sous le slogan qui a accompagné le début des travaux du TSL, « l'ère de la justice ».
En début de cérémonie, une minute de silence a été observée en signe de respect pour les victimes de la révolution du Cèdre et un documentaire énumérant les martyrs du 14 Mars et évoquant les étapes de la création du TSL a été diffusé. Sur une note d'humour, un autre montage montrant des extraits de discours de personnalités du 8 Mars à l'égard du Tribunal spécial pour le Liban a été retransmis, des discours entrecoupés par un chef d'orchestre gigotant sur une légère musique viennoise, voulant tourner en dérision les allocutions des huit-marsistes, maintenant que le tribunal est bien lancé.
(Lire aussi : Le veto opposé à Rifi enraye le processus de formation du gouvernement)
Un parterre de figures politiques, militaires, judiciaires et médiatiques était par ailleurs présent au BIEL hier, ainsi que de nombreuses personnalités du 14 Mars. Parmi ceux-ci, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora et les députés Bahia Hariri, Dory Chamoun, Marwan Hamadé, Sethrida Geagea, Khaled Zahraman, Bassem Chab, Atef Majdalani, Amine Wehbé, Samir Jisr, Chant Janjanian, Kassem Abdel Aziz, Ammar Houri, Serge Torsarkissian, Tony Abi Khater, Khodr Habib, Khaled Daher, Sebouh Kalbakian, Mohammad Kabbani, Robert Fadel, Imad el-Hout, Michel Pharaon, Kazem el-Kheir, Ghazi Youssef, Antoine Saad, Nabil de Freige, Hadi Hobeiche, Robert Ghanem, Fadi el-Haber, Ziad el-Kadri, Jamal Jarrah, Boutros Harb, Mohammad Kabbara, Jean Oghassabian et Nidal Tohmé. La représentante du Premier ministre désigné Tammam Salam, Lama Salam, le représentant du patriarche maronite Béchara Raï, l'évêque Boulos Rouhana, l'ambassadeur de France Patrice Paoli, le secrétaire général du 14 Mars Farès Souhaid, le secrétaire général du courant du Futur Ahmad Hariri, l'ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, Nayla Moawad, Solange Gemayel et de nombreux anciens députés et ministres étaient aussi au rendez-vous.
Hariri : Ni Daëch ni Hezbollah
Après l'allocution de la veuve de Rafic Hariri, Nazek Hariri, et celle de l'ancien ministre de la Justice Charles Rizk, c'est l'ancien Premier ministre Saad Hariri qui a clôturé la rencontre par un discours retransmis sur grand écran, et qu'il a voulu complet. Dans ce discours, il a réitéré son soutien au projet de l'État et à la modération, rejetant les appels à la violence et affirmant que seul « l'État est autorisé à frapper d'une main de fer ». « Nous ne mettrons jamais les intérêts de notre parti au-dessus des intérêts nationaux, a affirmé M. Hariri. Nous avons payé avec le sang le prix de la liberté et de la dignité du Liban. Si les autres sont responsables de la destruction de la coexistence, nous serons responsables de sa sauvegarde. Nous ne sommes pas de ceux qui favorisent les intérêts des pays étrangers au profit du Liban », a-t-il dit en allusion à l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie.
(Lire aussi : Mikati : La sagesse de Rafic Hariri nous manque...)
S'adressant aux jeunes membres du courant du Futur, M. Hariri les a appelés à « affronter la violence par le dialogue et l'ouverture ». « Nous résisterons aux tentatives destinées à laisser le Liban s'enliser dans un conflit confessionnel », a-t-il ajouté, critiquant « tous ceux qui essaient d'accuser le courant du Futur et ses partisans d'encourager l'extrémisme et la violence ». « Imaginez que nous empiétons sur les lois, que nous portons les armes et que nous affaiblissons l'armée. Cela serait facile, mais est-ce le Liban que nous désirons ? Tout comme le courant du Futur refuse d'être à l'image du Hezbollah, il refuse aussi d'être à l'image des jihadistes de l'EIIL qui veulent déclencher une guerre sans fin entre les musulmans. Les sunnites ne seront pas un environnement fertile pour accueillir le terrorisme », a-t-il poursuivi.
« L'unique poste chrétien de la région »
Évoquant la prochaine élection présidentielle, M. Hariri a déclaré que son parti refusait catégoriquement le vide présidentiel. « Nous considérons que le président maronite est un symbole de la cohabitation entre musulmans et chrétiens au Liban, a-t-il affirmé. Nous réitérons notre attachement à cette cohabitation et refusons que le poste de l'unique président chrétien dans tout le monde arabe et dans toute la région soit touché par le vide. »
Saad Hariri a par ailleurs salué le président de la Chambre Nabih Berry, « un des piliers de la communauté chiite » au Liban et « bâtisseur de ponts entre les différentes communautés ». « Nous n'avons pas le droit d'empêcher les partisans du président syrien Bachar el-Assad de soutenir le régime syrien, tout comme personne ne peut nous empêcher de soutenir l'opposition, a dit M. Hariri. Mais n'est-il pas temps de mettre fin aux combats aux côtés de l'armée syrienne ? » Et d'ajouter : « L'ingérence dans le conflit syrien menace toutes les confessions au Liban que ce soit par la participation directe ou par les répercussions internes sur la sécurité des Libanais. Des villages libanais frontaliers sont attaqués chaque jour et de nombreux Libanais innocents paient le prix de cette ingérence, sans parler de la destruction et des pertes économiques. Nos fils ne méritent-ils pas de vivre ? Doivent-ils mourir ? » « La lutte contre le terrorisme nécessite une unité nationale basée sur la déclaration de Baabda et un contrôle des frontières par l'armée », a poursuivi le chef du courant du Futur, qui a appelé à la neutralité du Liban et au respect de la charte de Bkerké.
(Lire aussi : L'ambassade US rejette le recours à la violence comme « moyen de pression politique »)
Reprochant en outre au Hezbollah de refuser les appels au dialogue, de chercher à imposer son point du vue sur la scène politique locale et d'user de l'État pour mener à bien son propre projet régional, M. Hariri a accusé le parti chiite de « protéger les cinq accusés dans l'assassinat de Rafic Hariri », estimant que « personne n'ose demander des comptes au Hezbollah, pas même l'État », et rappelant que « l'accusé dans l'affaire de la tentative d'assassinat de Boutros Harb est toujours protégé par le parti armé ».
Et d'ajouter : « Comment peut-on donc encore se demander si un tribunal international était nécessaire ? Quand j'ai pénétré dans la salle du procès à La Haye, j'ai senti que la justice était plus forte et plus assourdissante que l'explosion de 2005, et que le sourire de Rafic Hariri était plus tranchant que l'épée des criminels. À La Haye, la révolution du Cèdre a annihilé l'effet de trois tonnes de matières explosives, implantées au cœur de Beyrouth pour ravir l'espoir aux Libanais. À La Haye, c'est la révolution de l'indépendance qui a prévalu, et la volonté des Libanais qui ont rempli les rues de la capitale pour demander la fin de la tutelle. La Haye a ravivé nos plaies, depuis Riad el-Solh à Mohammad Chatah, mais sans éveiller en nous ni rancune ni désir de vengeance. » « C'est par la justice que règne la modération, a conclu l'ancien Premier ministre. Nous avons toujours appelé à la modération, et maintenant que le procès du Tribunal spécial pour le Liban a débuté, c'est la logique de la modération qui a vraiment prévalu sur celle de la violence. »
Lire aussi
Cherchons sage-femme, l'éditorial de Issa Goraieb
Bleu comme une orange, le billet de Ziyad Makhoul
La politique saoudienne dans la région sous les projecteurs, l'éclairage de Scarlett Haddad
commentaires (4)
ET IL A DIT TOUT POUR UN LIBAN DONT RÊVENT TOUS SES ENFANTS LIBANAIS ! L'ESPRIT DE FEU RAFIC HARIRI VIT TOUJOURS...
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 06, le 15 février 2014