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Liban - La situation

Gouvernement : un espoir, un miracle... ou rien ?

Le processus de formation du nouveau gouvernement est à nouveau enrayé. Alors que tous les obstacles semblaient aplanis, un veto de dernière minute du Hezbollah sur l'attribution du portefeuille de l'Intérieur à Achraf Rifi (14 Mars), ancien directeur général des FSI, a brutalement mis un frein à l'élan du Premier ministre désigné, Tammam Salam... et aux timides espoirs de l'opinion.

C'est Nabih Berry qui a appuyé sur la pédale du frein en appelant M. Salam de nuit pour l'informer que le Hezbollah rejetait la formule qui lui avait été transmise, et n'acceptait pas que l'Intérieur soit attribué au général Rifi.

M. Rifi, qui n'a jamais caché son hostilité au Hezbollah, l'avait laissée éclater en public à partir de Tripoli, après sa mise à la retraite pour raison d'âge. Mais il est sûr que derrière l'hostilité à l'officier se profile aussi la méfiance à l'égard des services de renseignements des FSI, qui relèvent de l'Intérieur et qui sont le seul organisme de sécurité que le parti chiite n'a pas réussi à infiltrer.

L'appel de M. Berry a surpris M. Salam, qui considérait comme acquise la formation de son gouvernement, le président de la Chambre n'ayant pas fait personnellement objection à la candidature d'Achraf Rifi. M. Salam avait même pris rendez-vous pour hier matin, 9 heures, avec le président Sleiman, afin de lui annoncer que son gouvernement était enfin au complet. Il a dû se décommander.

(Lire aussi : Les 3 points forts du discours de Saad Hariri : État fort, distanciation, modération)

De source informée proche du 14 Mars, on estime de plus en plus certain que « ce nouveau blocage trahit la politique de pourrissement politique suivie par le Hezbollah et son travail de sape constitutionnelle ».
Selon la source citée, « tout se passe comme si le Liban était à nouveau utilisé comme atout par l'Iran, qui chercherait à obtenir des concessions des États-Unis sur le blocus économique imposé à l'Iran, ou un accès direct aux pourparlers sur la Syrie, ou encore un assouplissement de la position de l'Arabie saoudite sur Bahreïn, etc. À moins que le parti de Hassan Nasrallah ne manœuvre pour modifier l'agencement confessionnel du pouvoir au Liban ».

Si cette hypothèse devait se vérifier, il faudrait, selon la source citée, « s'interroger sur la sincérité » du Courant patriotique libre, qui avait bloqué la formation du gouvernement pour obtenir que le portefeuille de l'Énergie soit attribué de nouveau à Gebran Bassil, son titulaire actuel. Cette exigence s'était heurtée au principe d'une « rotation » des portefeuilles défendu par Tammam Salam, qui cherchait à dissocier certains ministères de toutes les colorations communautaristes ou étroitement politiques qu'ils avaient fini par revêtir.

Dans la formule qui était sur le point d'être acquise, M. Bassil avait finalement accepté d'échanger l'Énergie pour les Affaires étrangères, une solution qui ouvrait la voie à une rotation d'un autre ordre, puisqu'un maronite obtenait ainsi un portefeuille qui allait traditionnellement aux grecs-orthodoxes. Pour compenser ce transfert, un ministre de cette dernière communauté, en l'occurrence Samir Mokbel, obtenait le portefeuille de la Défense, un des quatre ministères définis comme régaliens, avec les Affaires étrangères, l'Intérieur et les Finances.
Toutefois, M. Aoun avait exigé et obtenu que le portefeuille de l'Énergie ne change pas de camp, même s'il changeait de mains. Dans le nouveau gouvernement, ce ministère devait donc être attribué à un ministre du Tachnag.

(Lire aussi : Mikati : La sagesse de Rafic Hariri nous manque...)

Durant la journée, on assurait que le veto du Hezbollah a reçu l'appui du Courant patriotique libre, qui rend ainsi au parti pro-iranien la politesse pour l'appui qu'il avait apporté auparavant à sa propre revendication.

Un autre son de cloche
Du côté du Hezbollah, c'est un autre son de cloche qui s'est fait entendre. On affirmait ainsi dans ces milieux que le nom d'Achraf Rifi avait été écarté il y a quelques jours déjà, au profit de personnalités du 14 Mars plus modérées, comme les députés Jamil Jarrah ou Samir el-Jisr, et que ce revirement était le signe d'un durcissement, ou d'une volonté de faire échouer les tractations en cours. On assurait même, dans ces milieux, qu'après le veto du Hezbollah, Walid Joumblatt a pris contact la nuit avec Saad Hariri, pour lui demander la raison de son changement d'orientation.

En guise de réponse, on a affirmé dans les milieux du 14 Mars, mais pas directement de la bouche de Saad Hariri, qu'on ne voit pas pourquoi le Hezbollah s'arrogerait le droit de poser des veto, quand aucun veto n'a été posé sur ses propres ministres.

(Lire aussi : L'ambassade US rejette le recours à la violence comme « moyen de pression politique »)

Toujours est-il que les intermédiaires ont repris de la tâche hier, en particulier l'infatigable Waël Abou Faour, dans une tentative de dernière minute d'éliminer l'obstacle nouvellement surgi. Pour donner sa chance à cet espoir, qu'il soit vrai ou faux, le président de la Chambre a remis à demain la tournée arabe qu'il devait entamer hier après-midi, par une visite au Koweït.

Le paysage ainsi décrit pourrait apparaître d'une profonde noirceur. Or il n'en est pas vraiment ainsi. La « télévision orange » a fait la cour, hier dans son bulletin d'informations, à la « télévision bleue ». Dans son compte rendu du meeting organisé au BIEL pour la 9e commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri, et en se basant surtout sur le discours de Saad Hariri, la télévision a pris note de la volonté du courant du Futur de diversifier ses alliances politiques et d'en finir avec l'alignement ancien. En soirée, on devait même évoquer un déblocage du processus gouvernemental. Le grand et principal avantage de ce rapprochement concernerait aussi l'échéance présidentielle, que ce rapprochement met désormais à l'abri d'une vacance.

Une bonne nouvelle enfin. À conjuguer avec d'autres nouvelles régionales, comme le rapprochement annoncé entre l'Iran et l'Arabie saoudite et le sommet Obama-Abdallah d'Arabie prévu pour mars. Autant de facteurs d'apaisement dont le Liban devrait ressentir les effets, avec le temps, mais que l'engagement du Hezbollah en Syrie continue de contrecarrer en exacerbant l'extrémisme sunnite et en le canalisant vers le Liban, au lieu que tout soit fait pour l'en éloigner.


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Le processus de formation du nouveau gouvernement est à nouveau enrayé. Alors que tous les obstacles semblaient aplanis, un veto de dernière minute du Hezbollah sur l'attribution du portefeuille de l'Intérieur à Achraf Rifi (14 Mars), ancien directeur général des FSI, a brutalement mis un frein à l'élan du Premier ministre désigné, Tammam Salam... et aux timides espoirs de...

commentaires (5)

Le hezbollah ne veut pas de gens sérieux qui incarnent la loi....

M.V.

11 h 22, le 15 février 2014

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Commentaires (5)

  • Le hezbollah ne veut pas de gens sérieux qui incarnent la loi....

    M.V.

    11 h 22, le 15 février 2014

  • CHAQUE COMMUNAUTÉ DOIT ÊTRE LIBRE DE CHOISIR SES REPRÉSENTANTS. LES ULTIMATUMS DOIVENT ÊTRE REFUSÉS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 21, le 15 février 2014

  • Mais pourquoi bon sang ce gouvernement Rassembleur Bin Nifaq n'a pas vu le jour, alors qu'on avait annoncé sa naissance "dans quelques heures" ? Parce que mal il a sorti la tête, son père Nifaq, le monstre, l'a étranglé.

    Halim Abou Chacra

    05 h 26, le 15 février 2014

  • Une bonne nouvelle à conjuguer avec d'autres dont ce pays devrait ressentir les effets mais que ce hézébbb embourbé en Syrie continue de contrecarrer en exacerbant l'extrémisme et en le canalisant vers le Liban, au lieu que tout soit fait pour l'en éloigner. Yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 15, le 15 février 2014

  • DE PLUS EN PLUS ÇA SE CONFIRME QUE NOTRE NOUVEAU PREMIER MINISTRE A ÉTÉ ELU GRACE À SA FAIBLESSE. IL A ZÉRO POUVOIR COMMENT IL VA GOUVERNER ?

    Gebran Eid

    02 h 13, le 15 février 2014

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