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Économie - Reportage

Aimer sans compter, le 14 février...

Difficile de passer outre les vitrines décorées aux couleurs rouge passion de la fête des amoureux. Le temps d'une journée, il semble que les Libanais soient bien décidés à mettre de côté la crise politico-économique ambiante pour célébrer comme il se doit l'amour. Une petite bouffée d'oxygène pour les professionnels, même si cela ne sauvera certainement pas l'année.

Difficile de passer outre les vitrines décorées aux couleurs rouge passion de la fête des amoureux. Le temps d’une journée, il semble que les Libanais soient bien décidés à mettre de côté la crise politico-économique ambiante pour célébrer comme il se doit l’amour. Une petite bouffée d’oxygène pour les professionnels, même si cela ne sauvera certainement pas l’année. Joe Raedle/Getty Images/AFP

Sur les conseils avisés de sa sœur Rayane, Mohammad, 28 ans, s'attèle à garnir amoureusement le coffret de Saint-Valentin qu'il prépare pour sa fiancée. Peluche, coussin, dragées, tasses... Crise économique ou pas, le jeune homme ne compte pas pour faire plaisir à sa bien-aimée. « C'est la première fois que je tombe amoureux, avoue-t-il fièrement, et j'ai bien l'intention de le montrer. »


Outre le coffret cadeau, Mohammad a également prévu d'offrir un bouquet de fleurs à sa Valentine et de l'emmener dîner au restaurant. Au total, il a prévu un budget de 200 dollars pour célébrer son amour. Et il n'est pas le seul. À deux jours de la Saint-Valentin, dans le magasin de cadeaux où Mohammad confectionne son coffret, les deux employés du magasin ne savent plus où donner de la tête.
« Il n'y a pas de crise économique à la Saint-Valentin, s'exclame la responsable de la boutique en terminant un emballage cadeau. Après Noël, c'est la journée durant laquelle nous réalisons notre meilleur chiffre d'affaires, poursuit-elle, et ce grâce aux amoureux. Qu'ils soient adolescents, jeunes mariés ou même plus âgés, tous veulent fêter la Saint-Valentin », ajoute-elle, ravie. Selon la professionnelle, plus d'une vingtaine de clients achètent chaque jour la semaine précédant la Saint-
Valentin et plus d'une trentaine le jour-même, contre 5 ou 6 personnes un autre jour de l'année. « Toute l'année, c'est la crise, mais ce jour-là, les amoureux, surtout les Libanais, souhaitent montrer leurs sentiments. »


Un peu plus loin, chez le coiffeur du quartier, c'est la même euphorie. « Il est vrai que les Libanaises n'attendent pas cette occasion pour se faire belles », insiste Robert, le responsable du salon. « D'autant plus que nos clientes sont des femmes qui ont les moyens et qui ont l'habitude de venir chez nous plusieurs fois par semaine », poursuit-il. « Mais malgré cela, le jour de la Saint-Valentin, je vous conseille fortement de prendre un rendez-vous si vous souhaitez vous refaire une beauté, nuance-t-il. Nous notons une augmentation de notre activité d'au moins 30 %. »
Selon le professionnel du grand salon de coiffure de la capitale, cette croissance peut aller jusqu'à 70 % dans les plus petits salons destinés aux budgets plus restreints.
« Par les temps qui courent, les jeunes femmes sortent moins, il y a la crise économique mais aussi la situation sécuritaire... Alors, pour les professionnels ciblant une classe un peu plus modeste, le jour de la Saint-Valentin est vraiment un jour où les clientes décident de marquer le coup. »


Après l'étape de la mise en beauté vient le moment pour la Valentine de découvrir dans quel restaurant son bien-aimé a décidé de l'emmener passer la soirée. Dans un petit restaurant français de la rue Monnot, cela fait déjà un mois que les amoureux ont commencé à réserver. « Nous sommes complet depuis une semaine », se réjouit Laura Ayoub, la responsable. « Dans un contexte difficile pour le secteur de la restauration, la fête des amoureux est un bon moyen de pousser les gens à sortir, et de redonner une touche d'optimisme », ajoute-t-elle. Dans cet établissement, le ticket moyen est de 45 dollars par personne, mais selon la responsable, le jour de la Saint-Valentin, les couples dépensent beaucoup plus facilement.
Même son de cloche pour Bilal, le gérant d'une pizzeria un peu plus loin dans le même quartier. Selon lui, « depuis plus d'une semaine, tous les appels entre 14 heures et 21 heures viennent des clients qui souhaitent réserver pour la Saint-Valentin, alors qu'ils savent que nous ne prenons pas de réservations, ajoute-t-il, mais ce jour-là, tout le monde veut être sûr d'avoir une table ».


Si la Saint-Valentin constitue indéniablement une bouffée d'oxygène dans le contexte actuel de crise, il est important de souligner que ce jour ne résoudra pas les problèmes économiques. « Pour qu'une entreprise soit rentable, il faut qu'elle travaille tous les jours, insiste le gérant d'un autre restaurant de la capitale. Or ce n'est pas notre cas, nous ne travaillons presque plus. Le pouvoir d'achat des Libanais est en berne, la situation sécuritaire est plus que catastrophique et nous n'avons toujours pas de gouvernement. » Pour la Saint-Valentin, le gérant propose une formule à 120 dollars par couple incluant 3 entrées, deux plats et un dessert. « Il est certain que cela aidera un peu, mais il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas un jour de fête qui amortira nos pertes sur l'année », a-t-il conclu.

 

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commentaires (2)

Avec ou sans ce "Saint-Valentin?!", en "amour" il faut à tout prix compter sinon ça coûte très cher....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 08, le 14 février 2014

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Commentaires (2)

  • Avec ou sans ce "Saint-Valentin?!", en "amour" il faut à tout prix compter sinon ça coûte très cher....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 08, le 14 février 2014

  • On ne peut que saluer l'optimisme des libanais en espérant que Saint-Valentin au nom de l' amour leur portera cette fois ce Bonheur introuvable de notre ciel cesjours-ci.

    Sabbagha Antoine

    12 h 52, le 14 février 2014

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