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Économie - Tourisme

L’absence de neige désespère la montagne libanaise

Comme si l'instabilité politique, la situation sécuritaire, la crise économique et la désertion des touristes ne suffisaient pas, la neige a, elle aussi, décidé de boycotter le pays du Cèdre, au grand désespoir de tout un secteur qui compte sur la saison d'hiver pour survivre.

Beyrouthi : L’absence de neige cette année a causé des pertes estimées à 500 millions de dollars.

La tempête Alexa, qui en avait effrayé plus d'un début novembre, était également le signe d'une saison prometteuse pour les amoureux des sports d'hiver et pour tout un secteur touristique qui dépend de ces quelques mois pour assurer la grande partie de son chiffre d'affaires annuel. Les météorologues annonçaient même « l'hiver le plus froid que le Liban ait connu depuis des décennies ». Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu et le soleil a brillé très fort depuis, balayant tout espoir de voir les montagnes libanaises se parer de leur traditionnel manteau blanc.


Pour le secrétaire général de l'Union des syndicats touristiques, Jean Beyrouthi, « la situation est catastrophique ». Il estime à 500 millions de dollars le manque à gagner pour toute la montagne libanaise. Il y inclut, bien entendu, les hôtels, les restaurants, les complexes de ski (pistes, location d'équipement, location de ski-doo...), mais également les habitants qui vendent leur « mouné » ou des « manakiche », ceux qui sont moniteurs de ski ou guides de montagne.

« La saison dernière, les hôtels jouxtant les grandes stations de ski affichaient complet en week-end, alors que cette saison, le taux d'occupation atteint à peine 40 % le week-end et il est aux alentours de 15 % en semaine ; sans parler des hôtels plus éloignés, dans de petits villages, qui restent désespérément vides », se désole M. Beyrouthi.

Selon lui, la saison d'hiver représente 70 % du chiffre d'affaires des hôtels et restaurants de montagne et presque 100 % des revenus des habitants. Il explique avoir essayé de lancer une campagne promotionnelle, en coopération avec le ministère du Tourisme, pour sensibiliser les Libanais au « danger qui menace la montagne » et les inciter à s'y rendre au cours de leurs week-ends pour toutes sortes d'activités sportives ne nécessitant pas forcément de la neige. « Mais la situation politique est compliquée, ce n'est apparemment pas la priorité du moment, et même les propriétaires d'hôtels et de restaurants refusent de croire que l'hiver n'arrivera plus », indique M. Beyrouthi.


Et les pertes se font également sentir chez les particuliers, amateurs de ski qui avaient pris des forfaits pour la saison dès les mois d'octobre et novembre. « Comme tous les ans, dès l'automne, j'ai contracté un forfait ski pour ma femme, mes trois enfants et moi-même, à 700 dollars environ par personne, et j'ai inscrit mes enfants à l'école de ski à 800 dollars par enfant, sans compter le coût de l'équipement que je paie également à l'avance », raconte Sami. Il perd ainsi plus de 6 000 dollars, non remboursables, « sauf peut-être une partie de la part de l'école de ski, mais cela reste des rumeurs et on n'est sûr de rien », regrette-t-il.

 

Essayer de s'adapter
Des alternatives donc, pour attirer tout de même un maximum de personnes ? Les professionnels du tourisme en montagne ont dû y réfléchir et s'adapter. Sans vouloir chiffrer les pertes subies par son hôtel, le directeur général du Mzaar Intercontinental, Joost Komen, estime qu'elles sont « très importantes ». « Les autres années, en haute saison, le prix d'une chambre double s'élevait à un minimum de 300 dollars en bed & breakfast, alors que cette année, nous sommes en train de proposer des chambres en demi-pension pour 199 dollars », indique-t-il.


Avedis Kalpaklian, directeur du club Sports 4 Life et guide de montagne, a dû lui aussi chambouler son programme d'hiver habituel. « Pendant la saison d'hiver, nous proposons habituellement du ski de randonnée et des balades en raquettes, chose qui a été impossible cette année », explique-t-il. « Mais l'avantage de la montagne, c'est qu'à défaut de neige, on peut toujours y faire de belles randonnées pédestres, de l'escalade ou du vélo », poursuit le guide. Alors pour M. Kalpaklian, même si l'année a été moins rentable que les précédentes, « la pluralité des activités que nous proposons a réussi à sauver le club et nous a permis de nous en sortir beaucoup mieux que d'autres ».


Pour les jours à venir, la météo annonce du soleil, encore du soleil, au grand désespoir de la montagne. « Et même s'il neigeait à partir de demain, c'est quasiment trop tard, on pourra rattraper à peine 10 % des pertes, et encore... », conclut M. Beyrouthi.

 

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commentaires (3)

Pauvre Grand-Liban ! Même le climat !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 05, le 13 février 2014

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Commentaires (3)

  • Pauvre Grand-Liban ! Même le climat !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 05, le 13 février 2014

  • SI LE MANQUE DE NEIGE DÉSESPÈRE LA MONTAGNE DU LIBAN... QU'EN EST-IL DES ABRUTIS PANURGES ÉRIGÉS EN CHEFS-BERGERS... DE LA MAUVAISE HEURE... ET DES MOUTONS QUI LES SUIVENT TÊTE BASSE ET STUPIDEMENT BÊLENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 42, le 13 février 2014

  • Un Malheur n'arrive jamais seul . Il nous manquait le temps . Triste et mauvais cette fois pour tout le Liban et toutes ses confessions .

    Sabbagha Antoine

    13 h 43, le 12 février 2014

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