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« Non à la peine capitale » : la société civile promet de se mobiliser jusqu’à l’abolition

La conférence nationale contre la peine de mort au Liban s'est tenue hier à la Maison de l'avocat.


Rien n'arrête la société civile dans son combat contre la peine de mort au Liban, ni la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays ni le manque d'empressement des autorités à abolir la peine capitale. Hier encore, l'Association libanaise pour les droits civils (LACR) a dit non à la peine de mort, non à la justice par le crime, non à la vengeance institutionnalisée. Et ce, au cours de la conférence nationale qu'elle a organisée à la Maison de l'avocat avec l'association française Ensemble contre la peine de mort (ECPM), en partenariat avec la Campagne libanaise pour l'abolition de la peine de mort et l'ordre des avocats de Beyrouth. Une conférence qui a vu la participation de nombreuses personnalités politiques et du monde judiciaire, d'un important parterre de personnalités diplomatiques européennes et de militants locaux et étrangers.

Un noyau abolitionniste
Certes, les choses n'évoluent pas au pays du Cèdre vu la crise politique et la contagion syrienne. Cinquante-sept condamnés attendent leur exécution dans les couloirs de la mort. Quant à la dernière condamnation à mort, elle a été prononcée en 2012. Un immobilisme que relève l'ambassadrice de l'Union européenne au Liban, Angelina Eichhorst. « J'aurais aimé participer aujourd'hui à un événement célébrant l'abolition de la peine de mort au Liban et vous dire merci », regrette-t-elle. « Hélas, il reste encore du chemin à faire. » Mme Eichhorst va plus loin. Saluant le combat qui se poursuit inlassablement pour l'abolition, elle assure que « ce n'est pas assez ».
Mais il semble que se constitue petit à petit une cellule institutionnelle qui se mobilise contre la peine capitale auprès de la société civile. Depuis le ministre actuel de la Justice, Chakib Cortbawi, qui s'est engagé à ne jamais signer d'arrêt de mort, car « on ne tue pas une personne au nom d'une société », sinon « il n'y a plus de différence entre nous et l'assassin ». Et qui soutient ferme que « cette bataille pour l'abolition de la peine capitale ne doit jamais s'arrêter ». Jusqu'au bâtonnier de Beyrouth, Georges Jreij, qui invite tous les avocats du pays à prendre position contre cette « vengeance organisée », ou au juge Raja Abi Nader qui se déclare « contre la peine de mort, car cela ne sert à rien ». Sans oublier l'ancien ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, membre de la Commission internationale contre la peine de mort qui a toujours refusé de signer des condamnations à la peine capitale. Même s'il reconnaît que la peine de mort « ne sera pas abolie de sitôt au Liban, pour des considérations politiques, religieuses et juridiques ».

Moratoire de fait
Figurant parmi les fervents militants de l'abolition, le député Ghassan Moukheiber tient à évoquer comme une avancée l'adoption par le Parlement de la loi 463 sur la réduction des peines. « C'est le premier texte de loi qui permet de commuer la peine de mort en prison à perpétuité, voire de libérer les condamnés », souligne-t-il. Son application est toutefois liée à certaines conditions qualifiées « d'impossibles » par la société civile.
Il faut aussi dire que l'année 2014 est une année cruciale pour le Liban. Elle devrait consacrer le moratoire de fait sur la peine capitale. Car aucune exécution n'a eu lieu depuis dix ans déjà. Un moratoire qui n'est qu'une étape vers l'abolition.
Il reste cependant à convaincre une société et une classe politique encore en faveur de la peine capitale, et qui prennent pour prétexte la crise que traverse le pays. « Deux crimes ne font pas une justice, note Walid Slaiby, initiateur de la lutte abolitionniste au Liban. Au lieu de commettre un deuxième crime, œuvrons à lutter contre le premier crime. » Le militant estime que la responsabilité d'un criminel est relative, s'il est poussé au crime pour des raisons sociales, comme la pauvreté ou la guerre. « Peut-on appliquer la peine de mort dans ces cas? » demande-t-il. Et d'insister sur la nécessité de traiter les raisons qui poussent à la criminalité, de lutter contre la pauvreté ou de placer les criminels dans un environnement positif, qui les empêche de récidiver.
Une idée reprise par Ougarit Younan, elle aussi initiatrice de la lutte abolitionniste. « La campagne contre la peine capitale vise à trouver une sanction alternative à la peine de mort », en tenant compte du condamné à mort et des victimes, explique-t-elle. « C'est une cause juste. Il est grand temps que les Libanais adoptent une position courageuse dans ce sens. »
Dans l'attente, la mobilisation se poursuit, sans relâche, jusqu'à atteindre son objectif.

Rien n'arrête la société civile dans son combat contre la peine de mort au Liban, ni la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays ni le manque d'empressement des autorités à abolir la peine capitale. Hier encore, l'Association libanaise pour les droits civils (LACR) a dit non à la peine de mort, non à la justice par le crime, non à la vengeance institutionnalisée. Et ce, au...