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Liban - Tragédie

Qui a tué les enfants de Ersal ?

Des missiles tirés hier du côté syrien de la frontière sur la localité de Ersal ont fait huit morts dont cinq enfants d'une même famille. Le Hezbollah a nié les accusations portées par les notables de la ville, qui l'ont pointé du doigt.

Cinq enfants de la famille de Maher Houjeiri ont été tués hier par le bombardement aux missiles de Ersal. Hassan Abdallah/Reuters

Ce n'est pas la première fois que la ville de Ersal reçoit son lot d'obus et paie fort de son sang le prix du conflit syrien voisin. Mais au-delà de la mort tragique de huit personnes dont cinq enfants d'une même famille, un autre élément de polémique est venu s'ajouter au drame.

Pour la première fois, les notables de la localité ont accusé clairement le Hezbollah d'avoir bombardé leurs maisons, et non pas le régime syrien. Le Hezbollah, lui, s'est empressé de démentir ces accusations, pour désamorcer rapidement une éventuelle escalade sunnito-chiite dans cette région sensible de la Békaa. L'armée de son côté a indiqué que les tirs provenaient du côté syrien.


« Le bilan des tirs d'obus en provenance de Syrie contre Ersal s'élève à huit morts, après le décès d'une femme des suites de ses blessures », a indiqué hier dans la soirée une source des services de sécurité qui avaient fait état auparavant de sept morts et 20 blessés. L'armée a pour sa part expliqué qu'« entre 10h45 et midi, les zones de Ras Baalbeck, al-Kawakh, al-Bweida, Masharia al-Qaa, Ersal et Hermel ont été touchées par 20 roquettes et plusieurs obus tirés de Syrie ».


De son côté, le vice-président du conseil municipal, Ahmad Flayti, a indiqué que « l'attaque a été perpétrée à l'aveuglette et visait à semer la panique parmi les habitants ». « Les cinq enfants, dont le plus âgé n'avait que neuf ans, jouaient près de leur maison. Heureusement que la plupart des habitants étaient toujours à l'intérieur de la mosquée, ou nous aurions eu droit à un véritable carnage », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « Il semble que le régime syrien et le Hezbollah ont perdu six points-clés dans une localité proche du Qaa et effectué des bombardements de représailles. En tout cas, les roquettes proviennent cette fois du territoire libanais, près du Qaa, où le Hezbollah est implanté de manière importante, car le régime syrien n'a pas de postes proches de Ersal pour envoyer ces missiles. »

Des accusations à peine voilées, reprises par le président du conseil municipal, Ali Houjeiri, qui a affirmé que « les régions d'où ont été tirées ces missiles abritent les positions du Hezbollah dans la région de Laboué, juste face à Ersal ».

En outre, une réunion des notables de la ville s'est tenue en fin d'après-midi ; dans un communiqué, les participants ont estimé qu'« il est temps de nous défendre et de protéger nos enfants ». « Nous n'accepterons pas que le Hezbollah et le régime de Damas nous entraînent dans le conflit syrien. Le Hezb doit comprendre que Ersal restera le cœur du pays, et qu'elle fait partie intégrante de ses équations politiques, sécuritaires, économiques et sociales », ont-ils ajouté.

De son côté, le Hezbollah a qualifié ces accusations de « dangereuses », niant avoir envoyé les missiles meurtriers sur la localité. En soirée, sept autres roquettes sont tombées sur la région de Kherbet Daoud, à l'est de Ersal, cette fois-ci sans faire de victimes.

 

Sleiman met en garde
Le drame de Ersal a été condamné hier à l'unanimité par beaucoup d'hommes politiques, notamment du 14 Mars. Le président Michel Sleiman a mis de nouveau en garde contre « les conséquences d'une plus grande implication dans la crise syrienne ». Il a également demandé « aux responsables de sécurité et militaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les villes et les villages libanais proches de la frontière avec la Syrie ». « La priorité désormais, c'est de protéger les zones libanaises et leurs habitants de toute attaque, peu importe l'assaillant », a ajouté le président.

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a également condamné l'attaque, appelant l'armée à prendre « les mesures nécessaires pour protéger le territoire libanais ». L'ancien Premier ministre Saad Hariri a de son côté dénoncé « une attaque criminelle et terroriste qui, quelle que soit sa source, vise à semer la discorde et à terroriser les habitants ».
Le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, a lui aussi condamné le bombardement, affirmant que « la seule solution réside dans le déploiement de l'armée libanaise en coopération avec la Finul sur les frontières libano-syriennes, parallèlement au retrait des milices du Hezbollah de la Syrie, puisque son ingérence ne fait qu'aggraver la crise au Liban ». M. Siniora s'est entretenu par téléphone avec le président du conseil municipal de Ersal, Ali Houjeiri, pour lui présenter ses condoléances.

Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a fait part de sa profonde douleur à l'égard de ce drame. Quant au Premier ministre désigné, Tammam Salam, il a contacté par téléphone le ministre sortant de l'Intérieur Marwan Charbel, pour évoquer l'incident. « Nous espérons que l'entente politique au Liban immunisera le pays et aboutira à la paix civile », a-t-il expliqué, réclamant l'identification des auteurs « de ce crime ».

Par ailleurs, des manifestants ont brièvement coupé hier l'autoroute reliant la ville de Malloula à Tripoli, pour protester contre les tirs de roquettes sur Ersal.

 

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Pour la première fois, les notables de la localité ont accusé clairement le Hezbollah d'avoir bombardé...

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