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Moyen Orient et Monde - Révolte

Fabius : C'est le régime syrien qui nourrit le terrorisme

Les participants à la réunion de Paris réaffirment leur franc soutien à la coalition et la pressent d'aller à Genève.

Le soutien ferme aux adversaires du régime syrien se retrouve dans les mots de circonstance prononcés par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius (à droite), et le président de la Coalition syrienne d’opposition, Ahmad al-Jarba, devant la presse et les ministres des pays amis de la Syrie. Joël Saget/AFP

À quelques jours de la très attendue et maintes fois reportée conférence de paix sur la Syrie dite Genève 2, la France a réussi à rallier unanimement et fortement à ses vues sur le conflit les 11 pays membres du « Core group » (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, France, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Égypte, Jordanie, États-Unis, Turquie), réunis hier au Quai d'Orsay sous la présidence de Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, de ses 11 homologues et d'Ahmad al-Jarba, président de la « Coalition syrienne d'opposition ».

Outre ce qui transparaît dans le texte du communiqué final de la séance, ce soutien ferme aux adversaires du régime syrien se retrouve dans les mots de circonstance prononcés par MM. Fabius et Jarba devant la presse et les ministres des pays du « Core group ». Le chef de la diplomatie française a affirmé notamment que la conférence appelée « Genève 2 » se tiendra comme prévu et que « seule une transition mettant fin à ce régime despotique (le régime syrien actuel) règlera la crise syrienne ». Après avoir condamné les atrocités de ce régime contre son propre peuple, M. Fabius a ajouté que l'on ne peut pas dire que le conflit armé en Syrie oppose le régime à des groupes terroristes, mais qu'il s'agit d'une bataille entre le régime, aidé par des groupes terroristes qu'il a créés, d'une part, à des mouvements d'opposition d'autre part. Il a martelé enfin que seule la conférence de Genève servira de cadre à une solution politique en Syrie.


Pour sa part, M. Jarba a réaffirmé l'unanimité du soutien à l'opposition syrienne exprimé lors de la réunion, ajoutant que cette unanimité reflète une position commune : « Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il n'y a pas d'avenir pour Bachar el-Assad et pour sa famille en Syrie. Son départ est inexorable », a souligné le président de la Coalition nationale syrienne.


Il a ajouté qu'il avait eu l'occasion de souligner l'héroïsme de l'ASL sur le terrain et la nécessité de lui apporter toute l'aide dont il a besoin en cet instant crucial. Dans les cercles proches de certaines délégations et dans les milieux du Quai d'Orsay, on estime que la réunion d'hier a été un succès au niveau de l'appui à l'opposition syrienne et sur la nécessité de tenir la conférence de Genève à la date prévue, c'est-à-dire le 22 courant, laissant entendre que si le chef de la « Coalition » n'a pas annoncé aujourd'hui que l'opposition ira à Genève, il est fort probable qu'il le fasse d'ici à quelques jours et probablement le 17 courant, certains points devant être encore éclaircis au double plan des divergences entre les composantes de cette opposition et de la formation de la délégation que conduira M. Jarba.

 

Invité à tout prix
On apprend par ailleurs de bonne source que des pays amis de la Syrie présents à la réunion d'hier auraient souhaité que la séance se termine par une annonce claire et définitive de la participation de l'opposition syrienne à Genève 2, mais que cela n'a pas été possible en raison d'un manque de coordination dans les rangs des groupes d'opposition et d'une hésitation de M. Jarba à accepter dans sa délégation des groupes extérieurs à la « Coalition », même s'ils en partageaient les principes et la politique. Enfin, on estime à Paris que la rencontre entre Laurent Fabius et son homologue russe, Sergueï Lavrov, qui sera suivie aujourd'hui à Paris par un tête-à-tête Lavrov-Kerry, permettra à la communauté internationale représentée par l'ONU de clarifier et d'obtenir l'aval des grandes puissances aux termes contenus dans l'énoncé des invitations adressées par Ban Ki-moon aux participants à la conférence de Genève.

L'Iran, qui n'a pas été invitée par l'ONU et qui avait prédit un échec des pourparlers s'il n'y assistait pas, a changé de ton hier. Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a affirmé à partir de Beyrouth hier que son pays ne cherchait pas à être invité à tout prix aux négociations de paix sur la Syrie. « Si nous recevons une invitation sans conditions préalables nous participerons à la conférence de Genève 2, mais nous n'agissons pas dans le but de recevoir une invitation », a-t-il dit aux journalistes à l'aéroport.

 

(Reportage : "Il n'y a rien en Syrie... Notre pays est le pays de la mort")

 

Sept cents tués
Pendant ce temps sur le terrain, les troupes de Bachar el-Assad multipliaient les bombardements sur Alep. L'aviation a jeté des barils d'explosifs sur al-Bab et Hreitane, deux localités de la province d'Alep tenues par les rebelles, faisant au moins 8 morts. Et profitant de la bataille que se livrent rebelles et jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daech), l'armée loyaliste a pris samedi le contrôle de la ville de Nakarine, près d'Alep, ont rapporté des militants. En effet, sur le terrain, l'opposition armée se bat depuis une semaine contre ses ex-frères d'armes, les jihadistes de l'EIIL accusés d'exactions. Ce conflit interne a fait en neuf jours plus de 700 morts et des centaines de disparus, dans le Nord. Signe de l'âpreté des combats entre les rebelles syriens et les jihadistes de l'EIIL, au moins 200 personnes ont péri sur les seules dernières 48 heures. Plusieurs coalitions de rebelles, majoritairement islamistes, exaspérées par la brutalité et la volonté d'hégémonie de l'EIIL, ont retourné le 3 janvier leurs armes contre leurs anciens alliés dans la lutte contre le régime, les chassant de la province d'Alep et d'une grande partie de celle d'Idleb.

 

Seize attentats-suicides
L'EIIL a rétorqué en lançant 16 attentats-suicides contre les rebelles en une semaine, tuant des dizaines de combattants et de civils selon l'OSDH, dans les provinces d'Alep, Idleb, Homs et Raqa, situées dans le nord et le centre de la Syrie. Un commandant de l'EIIL avait averti ses anciens frères d'armes de la rébellion syrienne que si ces derniers l'attaquaient, il recourrait à ce type d'opération, rapporte le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. À Alep et Idleb, où ont lieu la majorité des attentats-suicides, les jihadistes étaient sur la défensive hier. Ils ont d'ailleurs affirmé que les attaques des rebelles contre leurs combattants sont liées à la conférence de paix sur la Syrie prévue en Suisse dans dix jours. « Leur unique objectif est de nous combattre et de détruire le noyau du califat. Ils veulent nous remplacer par un projet dont la forme pourrait satisfaire les États apostats qui vont se réunir à Genève 2 », ajoute cette organisation.
En outre, des combats faisaient rage hier dans certains quartiers de la ville de Raqa, alors que l'EIIL contrôle la quasi-totalité de cette capitale provinciale, qui échappe au pouvoir de Bachar el-Assad. Plus au nord, l'EIIL a repris durant le week-end la ville de Tel Abiad, à la frontière avec la Turquie.

 

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commentaires (2)

L'EIIL ou Assad un choix bien dfficile pour un occident bien perdu dans le monde des salafistes.

Sabbagha Antoine

13 h 46, le 13 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • L'EIIL ou Assad un choix bien dfficile pour un occident bien perdu dans le monde des salafistes.

    Sabbagha Antoine

    13 h 46, le 13 janvier 2014

  • La tyrannie de Damas, soit le gang Assad, et Daech sont les deux faces de la même médaille, l'une aussi criminelle et cynique que l'autre. Depuis que Daech opère en Syrie, après avoir été rappelée d'Irak par ledit gang et avoir retrouvé des centaines de ses chefs et compagnons, libérés des prisons syriennes, et en collaboration avec des officiers des moukhabarat infiltrés dans ses rangs, Daech a tué cent fois plus de vrais révolutionnaires que des soldats du régime. En ce moment elle laisse ce dernier profiter et reprendre les localités qu'elle abandonne en une manoeuvre qui signifie en réalité qu'elle les lui livre en cadeaux.

    Halim Abou Chacra

    10 h 40, le 13 janvier 2014

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