Qui est l'assassin, qui est la victime, qui raconte n'importe quoi, qui tait les évidences et, au final, qui tire les ficelles ? Ceux qui pourraient fournir une réponse sont aux abonnés absents et ceux qui pourraient passer aux aveux sont passés de vie à trépas...
C'est par le vide que les choses se règlent dans le monde arabe et le Liban se met bien sûr au diapason de l'air du temps. Des voitures piégées, des assassinats ciblés, des décès qui tombent à point : le convoi funèbre voit ses rangs grossir au fil des jours et les pleureuses ne risquent pas de se retrouver au chômage.
Du Hezbollah à la Qaëda, des pasdaran aux jihadistes, tous les prétextes sont bons pour entretenir le bain de sang, pour attiser les rancœurs, et quand les fugitifs et autres criminels tombent dans les filets des forces de sécurité c'est la ruée pour récolter les dividendes, recueillir des preuves pour de nouveaux règlements de comptes.
Et c'est ainsi que l'homme qui aurait ordonnancé l'attentat contre l'ambassade iranienne à Beyrouth s'est retrouvé au centre de polémiques virulentes susceptibles d'embarrasser plus d'une partie interne et externe.
Mais Maged al-Maged est mort en détention emportant tous ses secrets avec lui et sa disparition, il faut bien le reconnaître, n'est pas pour affliger le Liban qui se serait bien passé d'un tel cadeau empoisonné. L'Iran et l'Arabie saoudite étaient déjà sur les rangs pour « cuisiner » l'encombrant colis et les crises diplomatiques pointaient déjà à l'horizon.
Croire pour autant que le Liban est tiré d'affaires avec la seule disparition d'un empêcheur de tourner en rond c'est comme croire au père Noël. Les ennuis ne font que commencer et les hommes d'el-Qaëda ont clairement affiché la couleur : tant que le Hezbollah se battra en Syrie, les attentats se poursuivront au Liban. Et de voiture piégée en contre-voiture piégée, d'assassinat en contre-assassinat, c'est la discorde entre sunnites et chiites qui gagne en virulence, c'est l'irakisation rampante qui s'installe au pays du Cèdre, balayant la « libanisation » de triste mémoire qui n'était, somme toute, au vu des atrocités d'aujourd'hui, qu'une simple entrée en matière...
Ce qui se passe en Syrie et en Irak, le chaos qui y règne, l'implication de parties libanaises dans les conflits en cours ouvrent largement les portes à l'extension du terrorisme islamiste. Que les qaëdistes en Syrie soient manipulés ou non par le régime de Bachar el-Assad, il est incontestable que leur rôle, même combattu par la rébellion modérée, a pris une envergure telle que leur élimination paraît bien difficile. Il en est de même en Irak où les qaëdistes ont réussi dans la province d'al-Anbar à investir deux grandes villes, profitant de l'insurrection de la population sunnite contre le pouvoir chiite.
Deux évidences pour conclure : si Bachar el-Assad avait quitté le pouvoir au début de la révolte, la Syrie ne se serait pas retrouvée dans l'état d'agonie d'aujourd'hui ; si le Hezbollah n'était pas intervenu dans la tuerie en cours, les jihadistes et autres qaëdistes n'auraient pas étendu au Liban leur criminelle entreprise...
Désespérante la situation ? Pas forcément : il suffirait que l'Iran se réconcilie avec la realpolitik, mette en veilleuse ses ambitions impérialistes et ramène le Hezbollah à la raison. Barack Obama en a fait le triple pari mais il risque fort, un jour, de s'en mordre les doigts !
C'est par le vide que les choses se règlent dans le monde arabe et le Liban se met bien sûr au diapason de l'air du temps....
Et ils vont s'en mordre les doigts jusqu’à l'os car l'occident a intervenu la ou il ne fallait pas et ne l'a point fait l'a ou il aurait du le faire. Peut être est ce pourquoi la France a décidé d'agir dans certains pays d'Afrique avant qu'elle ne se retrouve prise dans un engrenage identique a celui du Moyen Orient. Toutes interventions, en faveur des forces démocratiques dans un pays, se doivent d’être faites avec une planification méticuleuse assistées d'un plan Marshall pour soutenir le changement au bénéfice du pays mais aussi du système international tel qu'il s'est formé. Tout comme ce qui a eu lieu au Mali. Ce n’était pas parfait, mais a au moins établi les prémices d'une politique future engagée et consistante dans le temps. Sinon nous verrons continuellement la naissance de mouvements fanatiques religieux ou raciaux catastrophiques.
13 h 24, le 07 janvier 2014