Le terrorisme "touche tous les Libanais". Tel est le constat dressé par le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, après le nouvel attentat à la voiture piégée perpétré jeudi après-midi à Haret Hreik dans la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.
Un attentat qui a eu lieu quelques jours seulement après l'explosion à la voiture piégée qui a coûté la vie, le 27 décembre dernier, à l'ancien ministre et proche de Saad Hariri, Mohammad Chatah, ainsi qu'à 7 autres personnes.
"Les terroristes cherchent à déstabiliser le pays, a lancé M. Mikati. Il s'agit d'un complot visant à semer la discorde entre les Libanais". Le Premier ministre a, par ailleurs, appelé les responsables à adopter un discours politique plus en retenue et à "entamer le dialogue afin de sortir le pays de cette crise".
"Le feu qui se répand dans plusieurs régions libanaises risque de s'aggraver sans l'unité des Libanais", a mis en garde M. Mikati.
"Le responsable de cette attaque est le même que celui qui sème la terreur dans toutes les régions libanaises", a également souligné le président libanais Michel Sleiman, qui a appelé les Libanais à la solidarité et au dialogue "afin de protéger le pays des complots qui visent à porter atteinte à sa stabilité".
Le chef du parti Kataëb et ancien président, Amine Gemayel, a lui aussi estimé que "tous les Libanais étaient visés" par la violence. "Personne n'est à l'abri. La seule solution est l'entente nationale", a déclaré M. Gemayel à la chaîne LBCI. "Il est urgent de se rencontrer, de s'entendre sur un programme, de mettre un terme aux débats stériles. Nous sommes tous sur le même bateau, s'il coule nous coulerons tous avec lui", a-t-il ajouté.
"L'union nationale est le seul moyen de protéger le Liban des crises sécuritaires qui ravagent la région", a renchéri le Premier ministre désigné Tammam Salam.
Même message de la part du ministre sortant de l'Intérieur, Marwan Charbel, qui a appelé à l'unité nationale face à la vague de violence qui frappe le Liban.
"Aucun Etat ne peut protéger ses citoyens à 100%. Nous sommes à la recherche de plusieurs voitures piégées, mais nous ne pouvons pas toutes les repérer", a déclaré M. Charbel à la chaîne LBCI. "Il est très difficile pour les services de sécurité et l'armée de combattre le terrorisme. Le Liban est balayé par le vent terroriste. Tout le Liban est visé, et non une confession ou une région. Ils veulent nous mener à une confrontation confessionnelle", a-t-il dit.
Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a estimé jeudi, pour sa part, qu'il était du devoir de l'Etat d'assurer la sécurité dans toutes les régions, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth. "Nous pouvons contribuer à assurer la sécurité, mais cette tâche incombe d'abord à l'Etat. Comme l'enquête lui incombe totalement", a-t-il déclaré sur la chaîne al-Jadeed.
"Seul le respect de la Constitution et des lois permet à l'Etat libanais de se redresser et à l'armée de se renforcer pour faire face aux défis actuels", a souligné, de son côté, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, en dénonçant l'attentat.
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, a, de son côté, appelé les responsables politiques "à éviter prendre des décisions provocatrices et anticonstitutionnelles qui risqueraient d'enflammer la situation".
"Nous avons besoin d'un gouvernement"
Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a insisté sur la nécessité de former un nouveau gouvernement regroupant toutes les forces politiques libanaises. "Nous avons besoin d'un gouvernement qui aurait pour mission de faire sortir les différentes parties libanaises du conflit syrien, a-t-il dit. La seule solution est de nous unir autour d'un même gouvernement".
Tout en dénonçant un "un acte criminel et démoniaque", l'ancien Premier ministre Saad Hariri a déclaré que les habitants de la banlieue-sud de Beyrouth "sont victimes de l'engagement (du Hezbollah) dans le conflit en Syrie". M. Hariri estime que "la distanciation du Liban des conflits régionaux est essentielle pour protéger le pays de toute forme de terrorisme".
Les hommes du Hezbollah combattent depuis des mois aux côtés des troupes de Bachar el-Assad en Syrie.
"Il faut régler nos différends. Il faut que tous les partis rentrent au Liban", a déclaré Ammar Houri, député du Courant du futur. "On n'a jamais vu ce genre d'attentats au Liban que depuis l'éclatement de la crise syrienne et l'implication du Hezbollah en Syrie", a-t-il ajouté. "Vos blessures sont les nôtres, votre souffrance est la nôtre", a-t-il dit à l'adresse des habitants de la banlieue sud.
Même analyse pour le secrétaire général de l'Alliance du 14 Mars, Farès Souhaid. "Les retombées de ce qui se passe en Syrie et en Irak ont atteint le Liban et c'est pour cette raison que nous avions appelé à un retrait immédiat de Syrie", a-t-il déclaré à la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya. "Il est urgent à présent de nous tenir côte à côte et de nous unir. Tout martyr tombé dans la banlieue sud est un martyr de tout le Liban", a-t-il ajouté.
Plusieurs attentats ont frappé Beyrouth et le nord du Liban depuis juillet, visant en majorité des bastions du Hezbollah.
Le 19 novembre un double attentat suicide a ainsi visé l'ambassade d'Iran, un allié de Damas, dans un fief du Hezbollah à Beyrouth faisant 25 morts.
Le 9 juillet, un attentat a été perpétré à Bir el-Abed, un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant un tué et des dizaines de blessés. Le 15 août, 27 personnes ont été tuées dans un attentat à la voiture piégée à Roueiss, également dans la banlieue sud de Beyrouth. Hassan Nasrallah a accusé les "extrémistes" musulmans en Syrie d'être à l'origine de ces attaques.
Le 23 août, un double attentat à la voiture piégée contre deux mosquées sunnites avait fait 45 morts à Tripoli, la grande ville du nord du Liban.
La semaine dernière, M. Hariri a mis en cause le Hezbollah dans l'attentat contre M. Chatah. Mais le mouvement chiite a démenti tout implication.
L'assassinat de M. Chatah a exacerbé la division déjà profonde au Liban entre partisans et détracteurs du régime syrien, mais aussi les tensions entre chiites menés par le Hezbollah et sunnites représentés par Saad Hariri. Il est survenu alors que le Liban n'a plus de gouvernement depuis huit mois, en raison des profondes rivalités sur fond de conflit en Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban.
Voir aussi, les images de l'attentat
Un attentat qui a eu lieu quelques jours seulement après l'explosion à la voiture piégée qui a coûté la vie,...
commentaires (6)
LES ACTIONS APPELLENT LES RÉACTIONS. PAS DE DOUTE SUR çA. MAIS LÀ Où L'ON EST IL FAUT OUBLIER POUR L'INSTANT LES FAUTES, LES CAUSES ET LES AVENTURES, ET ESSAYER DE SORTIR LE PAYS DE L'ABYSSE Où TOUS L'ONT POUSSÉ ! DONC, DIALOGUE ET ENTENTE SANS RETARD !
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 19, le 03 janvier 2014