Bernard Mourad n'est pas médecin ou secouriste. Ce Franco-Libanais évolue dans le monde de la finance au cœur d'une des plus prestigieuses banques d'affaires au monde. Il vient de révolutionner le monde de la santé en lançant en France une application mobile d'utilité publique, mySOS, destinée à mettre à contribution le public pour sauver des vies.
Gratuite, elle est d'ores et déjà disponible dans l'Hexagone en version beta pour iPhone sur l'AppStore.
Tout a commencé début 2012. « L'idée m'est venue en apprenant une triste histoire, qui illustre un paradoxe choquant de notre époque soi-disant "connectée" », explique à lorientlejour.com Bernard Mourad, 38 ans.
Une vieille dame vivant seule fait un malaise et appelle les services de secours avant de s'écrouler, victime d'une crise cardiaque. Au même moment, à 10 mètres de là, derrière la fine cloison qui sépare leurs appartements, un jeune homme formé à la Croix-Rouge et spécialiste du massage cardiaque surfe tranquillement sur Internet ; « connecté » avec ses amis à l'autre bout de monde mais incapable d'être « connecté » à une situation critique à quelques mètres de lui. Voilà une mort absurde qui aurait pu être évitée. « Et il existe des milliers de situations similaires chaque jour à travers le monde. Le projet mySOS est né de la volonté de résoudre ce paradoxe », souligne le jeune banquier.
Il décide alors de faire bouger les choses. Il aura fallu près de deux ans pour que son application mySOS voie le jour. Elle permet aux utilisateurs de se porter volontaires en cas d'urgence, grâce au réseau d'anges gardiens mySOS. Une fois inscrit, le public peut être alerté d'une urgence à proximité de son domicile ou lieu de travail, et ainsi porter secours à une victime potentielle.
« MySOS crée le premier système d'alerte intelligente sur smartphone et le premier réseau citoyen au monde fondé sur la solidarité de proximité en cas d'urgence. Face à toute situation de détresse, mySOS permet de déclencher en quelques secondes une alerte générale qui démultiplie les chances d'être rapidement et efficacement secouru, grâce à la réalisation instantanée de plusieurs tâches cruciales », affirme Bernard Mourad.
Cette application permet en effet de prévenir les proches identifiés comme contacts en cas d'urgence (par SMS/e-mails géolocalisés), de contacter les services de secours compétents (police ou pompiers, selon les cas), d'avertir le médecin traitant (si l'urgence est médicale), d'alerter toutes les personnes à proximité susceptibles de porter secours (grâce au réseau d'« anges gardiens mySOS », auquel tout citoyen de bonne volonté peut participer) et d'afficher les informations vitales de la victime (la « carte mySOS » ) en fond d'écran.
MySOS, entièrement financée sur les fonds personnels du jeune banquier, est devenue en une semaine, depuis son lancement le 11 décembre, la première application santé téléchargée en France. Elle compte déjà plusieurs milliers d'inscrits, et des alertes mySOS ont déjà été lancées.
Encouragé par les premiers succès de l'application, dont la Croix-Rouge française et la Fédération française de cardiologie sont partenaires, l'ancien diplômé de Sciences po et HEC a l'ambition de décliner mySOS dans le monde entier. « Cette application a clairement une vocation universelle, et notre ambition est de la décliner à l'international ainsi que sur tous les objets connectés qui feront demain notre quotidien (montres, lunettes, télévisions, voitures, meubles...). La protection des personnes et la création de nouvelles solidarités de proximité sont des enjeux majeurs de notre ère numérique, qui peuvent contribuer à sauver des millions de vies dans les prochaines années », relève Bernard Mourad.
Afin d'assurer la pérennité et le développement du projet (notamment son adaptation à toutes les plates-formes techniques et son déploiement à l'international), ce Franco-Libanais, né au Liban en 1975 mais ayant fui son pays pour la France avec le déclenchement de la guerre civile, pourra envisager de faire appel aux entreprises du secteur des télécoms (fabricants de terminaux, opérateurs...), à la banque-assurance ou à d'autres acteurs publics ou privés qui seront susceptibles de financer ce service. « Mon objectif sera toujours de maintenir sa gratuité totale pour les utilisateurs », insiste-t-il.
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