Au cours d'une cérémonie en hommage à l'un des chefs militaires du Hezbollah tué dans la banlieue sud, Hassan Lakkis, le secrétaire général du parti Hassan Nasrallah a prononcé un discours dans lequel il a développé plusieurs points. Nasrallah a commencé par accuser Israël d'être derrière l'assassinat de Lakkis, précisant qu'il ne s'agit pas d'une accusation politique, mais elle est fondée sur des éléments concrets. Il a aussi rappelé qu'il existe un compte ouvert entre « la résistance et l'ennemi israélien ».
Nasrallah a affirmé que son parti est contre le vide à la tête de la République et contre la formation d'un gouvernement « neutre ». « Le courage, a-t-il dit, serait de former un gouvernement d'union nationale rassembleur en disant aux États qui veulent bloquer une telle démarche, s'il y en a, qu'ils doivent respecter les limites de la souveraineté du Liban. »
Il a aussi déclaré que la participation du Hezbollah aux combats en Syrie est « une bataille existentielle stratégique » et qu'elle vise à « protéger le projet de la résistance dans la région ». Il a en outre estimé que certaines parties dans la région « sont tellement en colère qu'elles ont décidé de faire exploser le Liban ».
Au début de la cérémonie, le fils de Hassan Lakkis a pris la parole pour perpétuer l'engagement de son père. Ensuite, ce fut le tour du secrétaire général du Hezbollah qui a divisé son discours en deux parties, la première consacrée au martyr Hassan Lakkis et la seconde à la situation interne.
Au sujet de Lakkis, Nasrallah a précisé qu'il fait partie de ces martyrs auxquels le Hezbollah ne peut pas vraiment rendre justice, en raison de la nature de ses fonctions et parce que « la confrontation est encore ouverte avec l'ennemi israélien ». Tout en indiquant que l'enquête n'est pas encore achevée, il a réitéré les accusations lancées contre Israël « qui sont basées sur des éléments concrets ». « Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à consulter les médias israéliens après l'annonce de l'assassinat, a-t-il déclaré. Leurs commentaires ressemblaient à une revendication de cet assassinat. » Nasrallah a ajouté que « de toute façon, il existe un compte ouvert avec l'ennemi israélien et cet assassinat s'inscrit dans le cadre du prix à payer pour avoir infligé des défaites aux Israéliens et pour les avoir contraints à se retirer du Liban humiliés, même si certains veulent faire oublier ces images ». « De plus, en 2006, le Hezbollah a réussi à mettre en échec le plan du nouveau Moyen-Orient et il paye le prix de son succès », a affirmé sayyed Nasrallah.
Selon lui, « des centaines de millions de dollars sont versés pour détruire l'image du Hezbollah surtout auprès des jeunes et pour affaiblir sa popularité dans le but de briser sa détermination ». Nasrallah a ainsi placé dans ce cadre la campagne menée par des médias du 14 Mars au sujet du nombre de combattants du Hezbollah tombés en Syrie. Ces médias avaient annoncé que ce nombre avait dépassé la barre des 1 000 morts. Il a donc rappelé que « le Liban est comme un village et on ne peut pas cacher les décès », ajoutant que lorsqu'il a fait ses choix, le Hezbollah avait aussi fait des estimations et il sait que dans la voie qu'il s'est choisie, « celle d'une résistance sur le terrain, non d'une résistance de salon », il y a un prix fort à payer. Quant à « la prétendue colère chez les proches des martyrs, elle n'est que mensonge », a dit le secrétaire général du Hezbollah qui a ajouté dans une sorte de boutade que l'on n'en est pas « au point de devoir annoncer la mobilisation générale ». Il a conclu cette partie en affirmant que les auteurs de cet attentat et des autres seront punis...
Dans la seconde partie, Nasrallah est revenu sur la « déclaration de Tripoli » (du 14 Mars) qui, selon lui, a pris une tournure dangereuse, d'autant qu'il s'agissait de discours écrits. Le secrétaire général du Hezbollah s'est demandé ce que voulaient dire les orateurs en accusant les membres de son parti d'être des takfiristes venus d'Iran et qui veulent éliminer les autres. « Il s'agit d'une déclaration de guerre qui signifie qu'ils ne veulent plus s'asseoir avec nous autour de la table de dialogue ni dans un gouvernement, qu'ils le disent clairement, a déclaré Nasrallah. S'ils veulent nous écarter totalement, qu'ils le disent. Nous ne voulons pas d'une guerre avec eux, puisque notre combat est contre Israël, mais ils ne doivent pas non plus jouer ce jeu-là avec nous. » Si, par contre, cela fait partie d'un jeu politique qui vise à effrayer le Hezbollah pour qu'il cède, « ils se trompent », a-t-il dit, ajoutant qu'au Liban, « il faut toujours laisser une place à la réconciliation et pour cela respecter la dignité des autres dans les discours ».
Nasrallah a aussi invité toutes les parties à préserver l'armée « qui est aujourd'hui ce qui reste des institutions de l'État ». Selon lui, « les attaques contre elle ne doivent pas être prises à la légère et si cette institution tombe, il ne restera plus grand-chose ».
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Évoquant la possibilité de former un gouvernement neutre, Nasrallah a estimé qu'il s'agit d'une duperie, car « il n'y a pas de personnes neutres au Liban ». Selon lui, « le véritable courage serait de former un gouvernement politique qui rassemble en disant aux pays étrangers qui bloquent cette option, s'il y en a, d'arrêter leurs manœuvres ». En même temps, Nasrallah a déclaré : « Nous ne conseillons à personne de former un gouvernement du fait accompli. Point à la ligne. »
Le secrétaire général du Hezbollah a aussi affirmé que son parti est contre le vide à la tête de la République, ajoutant que son camp compte avoir un candidat fort et capable. Au passage, il a rappelé que lorsque l'ambassadeur de France a déclaré que son pays préfère la prorogation du mandat de l'actuel président au vide, « aucun des souverainistes n'a tiqué... ». « Au lieu de s'accuser mutuellement de vouloir le vide, entamons des contacts pour établir une feuille de route qui nous permette d'aborder cette échéance », a déclaré Nasrallah.
Le leader du Hezbollah est revenu sur la présence de ses combattants en Syrie en disant qu'à « supposer que le Hezbollah se soit trompé au début, aujourd'hui, le tableau est clair et justifie sa participation aux combats ». « Les takfiristes sont une menace pour tout le monde, y compris les sunnites, puisque Daech et al-Nosra se battent entre eux alors qu'ils appartiennent à la même mouvance et ont le même émir. » « Aujourd'hui, a-t-il dit, tout est ramené à cette présence en Syrie. Mais si nous retirons nos hommes de là-bas, tous les problèmes seront-ils résolus ? Si, par contre, cette campagne vise à faire pression sur nous, elle est inutile. Lorsque nous avons commencé la résistance, les trois quarts du pays étaient contre nous. La bataille en Syrie est existentielle pour nous. Elle est stratégique et vise à préserver le projet de la résistance. »
Nasrallah a encore rappelé que « la résistance n'a jamais voulu le pouvoir » et il a conclu en soulignant que l'élément nouveau est le suivant : « Il semble que dans la région, une partie a atteint un tel stade de colère et de déception qu'elle veut désormais entraîner le Liban vers l'explosion... »
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Bon, c est maintenant le Hezbollah qui tient le pouvoir au Liban. Lwes Chretiens n ont plus aucun role sinon de dire oui et amen a toutes ces fanfaronnades du sayyed. Quant aux sunnites, encore un peu et ils vont aussi se faire ramasser. Ce sera malheureusement la fin du Liban tel que nous avons connu. Ce sera la Republique Islamique du Liban. Dommage..
12 h 17, le 22 décembre 2013