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Lifestyle - Objets et histoire

Une belle citrouille

Ses deux « r » et ses deux « s » lui confèrent une majesté orthographique ; son nom demeure lourd de symboles. Le carrosse évoque la monarchie, l’apparat, la richesse, la tradition. Le carrosse correspond en fait à une variété luxueuse de ce que l’on appelle plus généralement coche, c’est-à-dire une voiture à cheval, fermée, permettant de voyager à l’abri des intempéries. La mode ne s’en répand que fort lentement. Sous François Ier par exemple, il n’y en avait que trois à Paris, dont on réservait l’usage aux dames de la cour.
En 1599, Bassompierre introduit en France le carrosse à glaces, c’est-à-dire à vitres, inventé en Italie et permettant aux passagers de voir largement l’extérieur sans être incommodés par le vent. L’ajout de rideaux intérieurs répond au désir éventuel d’intimité. Coussins, draperies améliorent le confort et décorent même parfois l’extérieur et le siège du cocher. Au XVIIIe siècle, les grands seigneurs font appel aux artistes de talent pour peindre des scènes à la mode à l’intérieur du carrosse, leurs armoiries ou de fins décors à l’extérieur : le carrosse doit faire rêver. On affiche le sien comme on montrerait sa fortune et l’on rivalise d’ornements. Certains ambassadeurs font même recouvrir le bois de la nacelle d’or et d’argent.
Le carrosse est aussi la voiture à cheval dont la suspension est la meilleure ; on inventera même pour lui les ressorts en acier. Tiré par un attelage de chevaux – huit équidés exactement lorsqu’il s’agit de transporter un monarque –, il se déplace avec une lenteur considérée comme majestueuse. On imagine une tête couronnée se penchant légèrement par la fenêtre pour saluer la foule et vérifier sa popularité. Le carrosse, au fond, est un moyen de déplacement très « people ».
L’objet, en réalité, n’est pas vraiment conçu pour transporter, mais plutôt pour montrer. Il n’a jamais été question de voyager en carrosse. Le véhicule était soigneusement emballé jusqu’au jour de l’événement, avant d’être exposé aux regards envieux, admiratifs ou, pourquoi pas, méprisants, du peuple. Le sacre terminé, on remballait le tout. Fini la magie. Bienvenue dans le monde des vulgaires citrouilles. D’ailleurs, le mot « carrosse » a donné « carrosserie » et « carrossier ».
Mais l’histoire se fait parfois plus grave. C’est en berline que Louis XVI et Marie-Antoinette tentèrent de fuir le royaume, en juin 1791, avant d’être reconnus et arrêtés à Varennes. Le somptueux carrosse du sacre de Louis XVI, doté de boiseries, de gravures, de broderies et de sculptures dorées n’a pas résisté à la Révolution française. En 1794, un décret de la Convention nationale ordonne la destruction de l’objet en le qualifiant de « monstrueux assemblage de l’or du peuple et de l’excès de la flatterie ».
L’Empire, puis la Restauration renoueront avec le faste des véhicules d’apparat. Napoléon Ier disposait d’une série de berlines rapides, adaptées à son activité et à ses batailles. L’empereur doit d’ailleurs ses victoires, en partie, à la rapidité de ses déplacements. « Il avait fait aménager par Getting, son carrossier préféré, des voitures dotées d’un bureau ou d’une bibliothèque ainsi que des voitures-lits, équipées d’une couchette. » L’empereur, toujours en mouvement, préfigurait ainsi l’ultramobilité des dirigeants d’aujourd’hui.
Après 1815, la monarchie revient au prestige des carrosses, plus lents mais si dorés. Le char funèbre de Louis XVIII, construit en 1809 pour les obsèques d’un maréchal napoléonien, impose sa présence, même dans la salle, haute de plafond, de l’abbaye d’Arras. Son frère et successeur, Charles X, commande pour son sacre, en 1825, une voiture luxueuse entièrement recouverte de feuilles d’or, comme s’il voulait affirmer symboliquement une monarchie de droit divin de plus en plus contestée...
Le carrosse du maréchal Turenne se trouvait arrêté dans les rues de Paris. Un jeune étourdi qui ne le connaissait pas, et dont la voiture était derrière la sienne, descend tout bouillant de colère et vient la canne haute pour faire avancer le cocher du maréchal de Turenne. Il jure, il tempête. Le maréchal regardait tranquillement cette scène, lorsqu’un marchand sort de sa boutique et se met à crier :
« Comment ! On maltraite ainsi les gens de M. de Turenne. » À ce nom, le jeune homme se croit perdu et vient à la portière du carrosse de M. de Turenne lui demander pardon. Il le croyait fort en colère. Mais le maréchal se mit à sourire :
« Effectivement, monsieur, lui dit-il, vous entendez fort bien à châtier mes gens. Quand ils feront des sottises, ce qui leur arrive souvent, je vous les enverrai. »
Sources principales :
expression.com
linternaute.com

Ses deux « r » et ses deux « s » lui confèrent une majesté orthographique ; son nom demeure lourd de symboles. Le carrosse évoque la monarchie, l’apparat, la richesse, la tradition. Le carrosse correspond en fait à une variété luxueuse de ce que l’on appelle plus généralement coche,...
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