Pour le leader druze, ces indicateurs permettent de conclure que « la région glisse petit à petit vers une crise croissante ». « Le conflit communautaire aigu qui ravage chaque jour l’Irak, la Syrie et d’autres pays est appelé à se prolonger et à s’amplifier en raison d’accumulations historiques, d’une part, et à cause de la profondeur du clivage actuel, d’autre part. » « Il va sans dire que l’échec de ce compromis global entraînera la région dans une importante course à l’armement, au détriment des peuples arabes qui vivent dans la pauvreté, les budgets étant consacrés aux marchés des armes », a encore relevé le leader druze, soulignant qu’il « ne fait pas de doute que cette situation profite en premier à Israël, puisqu’elle conduit à affaiblir tous les moyens de développer les États et surtout l’individu arabes. »
Dans ce cadre, Walid Joumblatt s’est dit étonné de « l’hésitation arabe à accepter le siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU ». Il a signalé dans ce cadre que les États arabes du Golfe peuvent tirer avantage de l’expérience du Liban à ce niveau, qui a réussi, en tant que membre non permanent, à « jouer un rôle politique et diplomatique avant-gardiste, grâce au diplomate de talent Nawaf Salam, que nous suggérons aux Arabes de consulter ».
Appel aux « forces islamiques honorables »
S’agissant précisément de la crise syrienne, M. Joumblatt a estimé que le régime de Damas a « appliqué avec vigueur, dès le départ, ce qu’il a qualifié de solution sécuritaire, en vue de semer la discorde entre les régions et entre les communautés syriennes ». « Le régime a ensuite eu recours aux équipes de chabbiha qu’il a rebaptisées comités populaires afin de mettre en confrontation les individus qui composent un même peuple », a souligné le leader du PSP.
Dans cette même logique, Walid Joumblatt a une nouvelle fois appelé toutes les parties libanaises à « se distancier des événements en Syrie et à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires syriennes ». Insistant sur le fait que le PSP n’a aucun lien, « ni de près ni de loin, avec les événements en cours à Jabal ech-Cheikh », il a appelé « les Arabes druzes libanais à appliquer la distanciation parce que le régime de Damas veut déplacer la discorde de la Syrie vers le Liban ».
Il a appelé dans ce cadre les « forces islamiques honorables à ouvrir le dialogue avec leur entourage afin d’empêcher de véhiculer les tensions transmises par les factions d’al-Nosra et autres ».
Évoquant en même temps les incidents de Tripoli, M. Joumblatt a rappelé « la position constante du Parti socialiste progressiste qui ne s’ingère ni de près ni de loin dans cette affaire, et insiste sur le rôle incontournable de la justice pour empêcher la discorde ». « Le criminel est un criminel quelle que soit son identité communautaire, et il ne peut être défendu », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le chef du Front de lutte nationale a reçu hier les ambassadeurs de Russie, de Norvège et de Grande-Bretagne, ainsi que l’ancien député Farès Bouez. Il s’est également rendu à la Résidence des Pins où il s’est entretenu avec le commissaire européen en charge du Marché intérieur et des Services, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier.
EST-CE LA SYRIE QUI DÉPLACE SON CONFLIT AU LIBAN... OU... EST-CE LES LIBANAIS QUI L'IMPORTENT ?
13 h 08, le 13 novembre 2013