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Liban - Dans les coulisses de la diplomatie

La crise gouvernementale, sujet vedette des entretiens de Sleiman à Riyad

Le chef de l’État prend l’avion aujourd’hui pour Riyad, où il aura des entretiens avec le roi Abdallah d’Arabie, le prince héritier Salman et le ministre des Affaires étrangères Saoud el-Fayçal. Les entretiens porteront sur tous les sujets bilatéraux en suspens, sachant que les relations entre les deux pays sont considérées en général comme « bonnes » dans les milieux officiels. La crise gouvernementale sera incontestablement le sujet vedette des entretiens du chef de l’État, malgré ses protestations publiques qu’il n’en sera rien.
Les rapports bilatéraux entre Beyrouth et Riyad sont considérés comme « privilégiés ». L’Arabie saoudite est en effet appréhendée comme étant le principal appui du Liban dans les instances arabes et internationales, et un contributeur financier de premier plan dans les situations difficiles : agressions israéliennes ou chocs financiers. Le Trésor saoudien apporte en ce moment une contribution essentielle à l’aide aux déplacés syriens.
Toutefois, malgré leur caractère privilégié, les relations entre le Liban et l’Arabie saoudite sont marquées, sinon ébranlées en ce moment par la crise syrienne. Du fait de l’instabilité que connaît le Liban, les touristes et hommes d’affaires saoudiens, sur le conseil de leur gouvernement, ne viennent plus au Liban. Beyrouth, bien entendu, regrette cette décision prise par l’Arabie et reprise par le Conseil de coopération du Golfe, en raison de l’appui qu’ils apportent à l’opposition syrienne. Sachant qu’une et une seule prise d’otage d’un ressortissant du Golfe s’est produite, dans la Békaa, et que l’homme, un Koweïtien, a été relâché assez vite. Toutefois, l’avertissement officiel demeure en vigueur.

L’appui à l’opposition syrienne
Le chef de l’État évoquera avec ses interlocuteurs les conséquences de l’appui saoudien à l’opposition syrienne sur les prises de position d’un certain nombre de partis et de personnalités prosyriennes au Liban.
Pour sa part, l’Arabie saoudite ne mâchera pas ses mots et réclamera devant le président Sleiman le retrait du Hezbollah de Syrie.
Dans un cas comme dans l’autre, le Liban officiel fera savoir aux Saoudiens que ce qui lui est demandé dépasse ses possibilités, et qu’il ne peut faire autrement que répéter devant tous la position officielle du gouvernement libanais vis-à-vis de la crise syrienne : la non-intervention, le désengagement, en un mot la « distanciation », et le respect de ce document de principe qu’est la déclaration de Baabda.

Tension avec Washington
À l’ordre du jour des discussions de Riyad figurera aussi la tension qui se manifeste en ce moment entre Riyad et Washington, au sujet du dossier iranien, les États-Unis ayant renoncé à leur frappe punitive contre la Syrie, après l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques à Ghouta. Il sera également question du réchauffement des rapports entre Washington et Téhéran, sachant que les dirigeants américains ont rassuré à maintes reprises leurs alliés saoudiens que ce réchauffement n’aura aucune influence sur leurs rapports.
Beyrouth fera aussi valoir qu’il n’a aucune espèce de prise sur la crise syrienne qui dure depuis 30 mois, et où les seuls grands joueurs en ce moment sont les États-Unis et la Russie, qui font semblant de travailler pour la tenue d’une conférence de paix à Genève, mais qui en secret font de leur mieux pour retarder la date de sa tenue, afin de marquer davantage de points sur le plan militaire.
Le président Sleiman fera valoir aux yeux de ses interlocuteurs les conséquences négatives de la crise syrienne sur l’état de la sécurité au Liban, que ce soit à travers les combats internes qui se produisent par intermittence à Tripoli, ou en raison de la tension qui se manifeste à sa frontière nord et est, où des villages s’exposent parfois à des chutes d’obus en provenance de Syrie, ou encore à cause des troupes syriennes qui pénètrent parfois en territoire libanais pour y pourchasser des rebelles. Il répétera que l’armée s’efforce, souvent avec succès, d’imperméabiliser une frontière longue et poreuse, en arrêtant le trafic d’armes en direction de la Syrie.

Le dossier politique
Le dossier politique libanais, lui, sera la vedette incontestée des pourparlers libano-saoudiens, malgré les dénégations officielles. Le président Sleiman évoquera la grave impasse politique où se trouve le Liban et l’instabilité réelle qui pourrait provenir de la persistance du vide au niveau de la formation d’un nouveau gouvernement. Et en particulier la gravité de cette situation à partir du 25 mai, date à laquelle expire le sexennat du président Sleiman, et où le Liban se retrouvera sans gouvernement et sans président, sans loi électorale et obligé de proroger indéfiniment un Parlement qui roule au point mort.
Le chef de l’État redira au roi Abdallah qu’il n’a pas l’intention de proroger son mandat, et que « qui vivra verra », selon une remarque qu’il a faite en marge de la cérémonie organisée samedi à l’écrivain Amin Maalouf. Il lui demandera donc de bien vouloir persuader ceux de son camp de faire preuve de souplesse et d’accepter de siéger dans un gouvernement rassembleur. Il reformulera cette thèse devant le chef du courant du Futur, Saad Hariri.
Le chef de l’État prend l’avion aujourd’hui pour Riyad, où il aura des entretiens avec le roi Abdallah d’Arabie, le prince héritier Salman et le ministre des Affaires étrangères Saoud el-Fayçal. Les entretiens porteront sur tous les sujets bilatéraux en suspens, sachant que les relations entre les deux pays sont considérées en général comme « bonnes » dans les milieux...
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