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À La Une - syrie

Les rebelles en passe de perdre la « guerre des aéroports » à Alep

Zawahiri appelle à supprimer l’EIIL et à rejoindre le Front al-Nosra.

Le chef d’el-Qaëda, Aymane al-Zawahiri, a ordonné la dissolution de « l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIL) » et demandé à ses combattants de se placer sous l’autorité du Front al-Nosra, pour unifier ses troupes en Syrie. Karam al-Masri/AFP

L’armée a repris aux rebelles plusieurs secteurs de la « Base 80 », chargée de la sécurité de l’aéroport international d’Alep et conquise en février par les combattants hostiles au régime de Bachar el-Assad, a affirmé hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). D’importants combats ont éclaté à l’aube d’hier aux alentours de la base entre l’armée, appuyée par des milices prorégime et des combattants du Hezbollah, et des groupes rebelles, dont certains affiliés à l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), a indiqué l’OSDH. « Les troupes du régime ont avancé à l’intérieur de la base et contrôlent désormais de larges secteurs de celle-ci, tandis que les groupes rebelles et l’EIIL acheminent des renforts », a précisé l’organisation. Les rebelles ont perdu au moins 15 hommes dans les combats, selon l’OSDH, qui a encore précisé que les localités aux alentours de la base et les faubourgs d’Alep étaient soumis à de violents bombardements.
Un haut responsable de la sécurité syrienne à Damas a confirmé ces avancées de l’armée. « Les opérations militaires dans la région progressent avec succès. Le travail est en cours dans le périmètre de la localité de Sfira, et les zones sous contrôle de l’armée sont en train de s’élargir. La « Base 80 » est proche de Sfira et le fait d’avoir récupéré cette ville est le point de départ pour anéantir les groupes terroristes dans l’est de la province d’Alep », a-t-il dit.
L’OSDH a également rapporté que d’autres combats entre armée et rebelles se déroulaient autour d’un énorme dépôt d’armes de l’armée près de la ville de Mahin, dans la province de Homs. Des rebelles, dont des combattants de l’EIIL, se sont emparés en début de semaine d’une partie de cet arsenal, a indiqué l’OSDH, précisant que les deux camps acheminaient des renforts dans ce secteur.

Al-Nosra adoubé par Zawahiri
Par ailleurs, le chef d’el-Qaëda a ordonné la dissolution d’une des principales factions du réseau en Syrie demandant à ses combattants de se placer sous l’autorité du Front al-Nosra, pour ainsi unifier ses troupes dans ce pays. « L’État islamique en Irak et en Syrie (EIIL) va être supprimé », a affirmé Ayman al-Zawahiri dans un enregistrement diffusé hier par la chaîne télévisée al-Jazira, dans lequel il martèle que le Front al-Nosra est la « branche » d’el-Qaëda en Syrie. Cet enregistrement confirme des directives données dans une lettre citée le 11 juin par la chaîne satellitaire qatarie et présentée comme écrite par M. Zawahiri aux dirigeants des factions en Syrie et en Irak. Cette missive est restée lettre morte sur le terrain, les jihadistes continuant de combattre séparément sous les bannières de l’EIIL et du Front al-Nosra. 

 

(Eclairage : Les alaouites du Liban : une minorité fragilisée par la crise syrienne)


M. Zawahiri a indiqué que le chef d’el-Qaëda en Irak, Abou Bakr al-Baghdadi, avait « fait une erreur en établissant l’EIIL sans nous demander la permission ou même nous en avoir informés ». Affirmant que le réseau extrémiste est présent en Irak sous la bannière de l’État islamique en Irak (ISI), le chef d’el-Qaëda a appelé l’ISI et al-Nosra à s’aider quand cela est nécessaire et possible. Et alors que l’EIIL a été accusé par l’opposition d’avoir commis des abus contre les rebelles et civils syriens, notamment des enlèvements et des exécutions publiques dans des secteurs sous son contrôle, M. Zawahiri a réprimandé les islamistes des deux bords pour avoir mené des attaques non autorisées contre d’autres musulmans.

Armes chimiques : la destruction différée
Sur le plan diplomatique, la Russie a jugé hier « sans fondement » le « scepticisme » exprimé par les États-Unis sur le désarmement de l’arsenal chimique syrien. L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Samantha Power, avait évoqué en début de semaine « des années de mensonges » avec le régime de Damas et « beaucoup de promesses non tenues ».
Toutefois, semblant d’accord sur un point, Washington et Moscou estiment de concert que la destruction des armes chimiques syriennes prendra six mois de plus que prévu et devrait donc s’achever fin 2014. Les deux pays souhaitent cependant que les agents chimiques mortels soient transférés hors de Syrie d’ici à la fin de l’année. Les experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui veillent à la mise en œuvre de l’accord sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien, ont d’ores et déjà constaté la mise hors service de 22 des 23 sites de production déclarés. Ils élaborent désormais avec Damas un plan détaillé pour la destruction des agents chimiques et des installations restantes, ce qui pourrait être plus délicat. Selon la résolution 2118 adoptée fin septembre par le Conseil de sécurité de l’ONU, un accord doit être conclu avant vendredi prochain.
L’étape la plus délicate du processus pourrait bien être le transfert des agents chimiques à l’étranger. Aucun axe routier ne paraît sûr du fait de la multiplicité des fronts dans la guerre civile. Expédier les substances chimiques par les airs semble également trop risqué et les faire transiter par le Liban n’est pas non plus sans danger. À ce sujet, le Danemark a annoncé hier qu’il contribuerait à la destruction de l’arsenal chimique syrien en transportant des armes et en assurant des missions de sécurité, à la demande des Nations unies.

 

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