Échos du Salon

Orient/Occident : la culture numérique fait-elle bouger les lignes ?

C’est sur le rôle de la culture numérique et de son influence sur l’Orient et l’Occident que les deux historiens Milad Doueihi et Henry Laurens se sont retrouvés au stand de l’IFL pour un débat qui a suscité un vif intérêt.
Prenant le premier la parole, Henry Laurens évoque l’apparition et l’évolution de ces deux cultures « berceaux de la civilisation », relatant plus particulièrement l’importance de « cette littérature orientale du début du XVIIIe siècle qui a influencé le monde occidental, l’imprégnant de ses éléments et de sa culture. » Fin XIXe siècle, la région connaît certaines mutations dues aux mouvements des personnes et de l’exil. « L’image de l’Orient s’efface petit à petit, les frontières bougent. L’Europe et l’Occident s’orientalisent autant qu’ils occidentalisent le reste du monde. » Apparaît la notion du numérique qui opère une mutation au sein de la société. Milad Doueihi parle plus volontiers d’une « culture du numérique » en imposant une distinction entre le numérique et l’informatique. « Cette dernière a commencé comme une branche mathématique, s’est informatisée et est devenue une culture qui a modifié nos habitudes sociales, culturelles et corporelles. » Il conteste « les effets négatifs, instantanés et immédiats » que certains reprochent à cette aire du numérique, mettant en exergue la « notion spatiale » qu’il a développée.
« L’être humain est un architecte qui ne peut pas exister dans un espace sans le modifier. Le numérique a donné une nouvelle dimension à cet espace, une rapidité et un accès libre à l’information et au savoir qui ont changé notre vision des choses... Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont connecté des personnes physiquement éloignées, mais qui ont les mêmes intérêts. La culture numérique a rapproché deux mondes opposés à l’origine et a effacé les différences entre eux. »