Rechercher
Rechercher

À La Une - Littérature

Yann Moix sacré par le Renaudot, "un prix fait pour moi"

Photo d'archives de l'auteur Yann Moix. JACQUES DEMARTHON/AFP

En choisissant Yann Moix, le prix Renaudot a couronné lundi un sulfureux touche-à-tout à la réputation de mégalomane dont le livre "Naissance" (Grasset), un monstre de près de 1.200 pages, débute par sa venue au monde sous les insultes de ses parents.

 

"Le Renaudot, c'est le plus beau des prix, il ne s'est jamais trompé. C'est celui qu'ont eu Georges Perec, Céline, Marcel Aymé, Aragon", a déclaré chez Drouant l'auteur de 45 ans, fidèle à sa réputation de mégalomanie sans complexe.

"C'est un prix qui était fait pour moi et pour lequel j'étais fait", a-t-il encore affirmé, menton ombré d'une barbe et regard exalté.

 

Ce pavé égocentré et hors norme, difficile, lui, à digérer et impossible à résumer tant il contient de digressions, aura-t-il les faveurs des lecteurs ? Cela reste à prouver..."Ce livre est fait pour le faire fuir. Il est fait pour moi seul", tranche l'auteur.

Le lecteur "est le bienvenu, mais il n'est pas convié, +Naissance+ exige une lecture très lente (...) Il peut être insupportable, ou au contraire représenter une expérience très très neuve".

"Avec Gabriel Matzneff, couronné par le Renaudot de l'essai, nous formons un ticket gagnant de livres exigeants, très pointus", s'est encore félicité Yann Moix.

 

(Lire aussi : Pierre Lemaitre, lauréat du Goncourt, est "le plus heureux des hommes")

 

En 2004, l'auteur a signé un roman controversé, "Partouz", qui établissait un lien entre les attentats du 11-Septembre et la peur du plaisir sexuel chez les terroristes. En 2010, en pleine affaire Polanski, il s'attire les foudres helvètes en défendant le cinéaste accusé de relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977, en lançant, entre autres: "je hais la Suisse".

 

Né le 31 mars 1968 à Nevers (Nièvre), l'auteur avait reçu pour "Jubilations vers le ciel" le Goncourt du premier roman en 1996. Il collabore au Figaro littéraire et à la revue La Règle du jeu. Il fait également partie des chroniqueurs entourant Laurent Ruquier sur Europe 1.

 

 

Voyage dans la France des années 1970

Son premier long-métrage, "Podium", adapté de son roman sur un sosie de Claude François, avait triomphé en 2004. En revanche, son deuxième, "Cinéman" (2009), un échec commercial, et a reçu le Gérard du plus mauvais film.

 

"Naissance" s'ouvre sur la naissance de Yann Moix. Un père haineux et sans pitié se penche sur son berceau en l'agonisant d'injures. La mère laisse faire, et consent à se joindre à l'entreprise paternelle: faire de la vie de cet enfant un enfer, lui interdire catégoriquement le bonheur.

Dès les premières pages, le père s'emploie à détruire son fils en invectivant le lecteur: "Je te fourre mon billet que vous ne le terminerez pas, messieurs mesdames, ce roman! Il est des écrivains autrement plus urgents à lire que les diarrhées de cet espèce d'imbécile!".

Dès l'accouchement, le ton est donné. "Je sens que j'ai mal éjaculé. J'ai joui de travers. Ca ne peut rien donner de bon!", s'exclame l'ignoble père.

S'ensuit une découverte qui finira d'anéantir ses parents: l'avorton est né déjà circoncis, et restera dès lors "le petit juif" de la famille.

 

(Lire aussi : « Le quatrième mur », prix du Choix de l’Orient 2013)

 

Le narrateur, promptement inscrit par ses géniteurs à l'"Association pour la préservation des enfants battus (APEB)", qui se propose d'"aider les parents à immoler les enfants", trouvera heureusement un protecteur, Marc-Astolphe Oh, qu'il finira par choisir comme père.

 

Mais le livre ne se résume pas à un autoportrait corrosif, militant pour le droit de désigner ses parents, au détriment de ses géniteurs ("Les pères sont figure à ensevelir, gueule à oublier... Il ne doit rien subsister d'eux dans nos tripes", écrit-il). Yann Moix fait aussi voyager dans la France des années 1970, évoque l'écrivain Bataille ou Mick Jagger, parle de la Corée du Nord et ponctue son récit de digressions sur le sexe, la mort, les mères, ou encore d'interminables énumérations.

 

"J'aime les listes. Elles génèrent de la poésie (...) Ça crée une sorte de litanie, d'incantation avec un effet hypnotique", s'expliquait récemment Yann Moix dans la Tribune de Genève. "Je m'inscris dans la lignée de Rabelais et de Joyce".

 

 

Lire aussi

Lancement de la « Maison internationale des écrivains à Beyrouth »

 

Tamyras, à fond dans le numérique

 

Le Salon du livre 2013 de Beyrouth bénéficie d'une couverture médiatique francophone vibrant

 

et

L'Edition spéciale Salon du livre de Beyrouth de L'Orient Littéraire
En choisissant Yann Moix, le prix Renaudot a couronné lundi un sulfureux touche-à-tout à la réputation de mégalomane dont le livre "Naissance" (Grasset), un monstre de près de 1.200 pages, débute par sa venue au monde sous les insultes de ses parents.
 
"Le Renaudot, c'est le plus beau des prix, il ne s'est jamais trompé. C'est celui qu'ont eu Georges Perec, Céline, Marcel Aymé,...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut