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Ponce Pilate n’aurait pas fait mieux...

En ces jours de crises et de tragédies qui se perpétuent ici et ailleurs, chez nos voisins comme partout dans le monde, ce sont le cynisme et l’hypocrisie politiques qui déterminent le cours des choses, des tromperies toujours enveloppées de très bons sentiments et des promesses qui ne sont que l’entrée en matière de cadeaux piégés.
Sans remonter jusqu’aux origines de l’humanité où le malentendu a commencé avec la légende d’Ève créée d’une des côtes d’Adam, légende annonciatrice de l’inévitable querelle des genres, sans s’arrêter au premier des imposteurs, Ponce Pilate, qui s’est tiré d’embarras en se lavant les mains du sang du Christ, il suffit de braquer les lumières sur l’histoire récente pour se rendre compte que sur la planète Terre la duplicité reste le mode de pensée privilégié des hommes qui nous gouvernent.
Héritier de valeurs chrétiennes qui ont fait de l’amour du prochain un credo fondamental, le monde occidental a naturellement mis en avant la défense des droits de l’homme dans toutes les entreprises qu’il a menées ou envisagées. Et c’est précisément au nom de ces mêmes droits que les plus grandes catastrophes sont survenues pour la simple raison que les interventions ont presque toujours été basées sur des mensonges.
Le plus gros, sans conteste, est celui qui a justifié l’intervention américaine en Irak. Point d’armes de destruction massive, point d’arsenaux apocalyptiques, mais George Bush voulait la tête de Saddam Hussein et il l’a obtenue récoltant en même temps la tempête : guerre civile, hostilité grandissante des chiites et les portes largement ouvertes à l’influence iranienne.
Même parcours absurde en Afghanistan, même camouflet, toujours au nom des droits de l’homme et de la femme « niqabisée ». Résultat : le pays est pulvérisé, les Américains sont détestés et les talibans plus forts que jamais. Ben Laden, prétexte de l’intervention, ne court plus, mais il doit bien rire dans sa tombe sous-marine...
Et dans une immédiateté qui est en quelque sorte le bouquet dans la série intitulée « amour du prochain », les Occidentaux se sont empêtrés dans leur aide aux peuples libyen et syrien otages de tyrans longtemps choyés par ces mêmes « secouristes ». L’aide s’étant avérée à double tranchant, la frilosité des « âmes charitables » a vite pris le dessus sur les impératifs de l’assistance à peuple en danger.
Le tableau, aujourd’hui, est le suivant : en Libye, le potentat a disparu mais le pays a été pulvérisé et la population est désormais aux abois. En Syrie, trois ans plus tard, le tyran est toujours là, publiquement loué par l’administration américaine pour son abandon des armes chimiques, et les fous de Dieu, ennemis implacables de l’Occident, sont lâchés dans une arène sanglante.
Mais qu’importe ! Pour les États-Unis l’objectif derrière toute cette « ingéniosité » a été atteint : le rabibochage avec Téhéran qui est de nature à régler, à terme, la question du nucléaire iranien et à rassurer Israël déjà débarrassé des armes chimiques syriennes. D’une pierre deux coups pourrait-on dire. La Syrie poursuivra ainsi sa descente aux enfers et le régime de Bachar el-Assad et les rebelles continueront à se trucider... Les enjeux, bien évidemment, sont désormais ailleurs.
L’Arabie saoudite ne s’y est d’ailleurs pas trompée, refusant l’invitation à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU et récoltant aussitôt la « compréhension » de la France qui n’oublie pas d’avoir été humiliée lors de l’épisode tragi-comique d’une frappe chirurgicale sur la Syrie annulée à la dernière minute par Barack Obama.
Au bout du compte, la défense des droits de l’homme c’est un peu comme le père Noël qui nous rend visite une fois l’an : il distribue les cadeaux, fait de jolies promesses et disparaît au petit matin. 365 jours d’absence qui permettront entre-temps aux manigances de se concrétiser et à la realpolitik de se perfectionner... en attendant la nouvelle distribution des lots de consolation.
Ponce Pilate, époustouflé, ne pourrait qu’applaudir à la performance...

P.-S. Les rebondissements et le dénouement heureux dans l’affaire des otages de Aazaz reflètent, au niveau du monde arabe, la duplicité qui caractérise les relations internationales. C’est ainsi que le Qatar, hier honni par le Hezbollah, rejoue, aujourd’hui, le rôle du grand bienfaiteur et tire les marrons du feu. Quant au parti de Hassan Nasrallah, contraint de se remémorer l’antienne du « choukran Qatar », il avale des couleuvres sans rechigner. En Syrie, entre-temps, l’émirat continuera à soutenir les jihadistes et le Hezb s’obstinera à les combattre. Mais là c’est une tout autre histoire ouverte à tous les revirements...
En ces jours de crises et de tragédies qui se perpétuent ici et ailleurs, chez nos voisins comme partout dans le monde, ce sont le cynisme et l’hypocrisie politiques qui déterminent le cours des choses, des tromperies toujours enveloppées de très bons sentiments et des promesses qui ne sont que l’entrée en matière de cadeaux piégés.Sans remonter jusqu’aux origines de l’humanité...
commentaires (3)

Je m'en lave les mains est devenu en effet le mot de passe dans la plupart des pays arabes qui changent de politique comme ils changent leurs culottes. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

15 h 22, le 21 octobre 2013

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Commentaires (3)

  • Je m'en lave les mains est devenu en effet le mot de passe dans la plupart des pays arabes qui changent de politique comme ils changent leurs culottes. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 22, le 21 octobre 2013

  • TRÈS BON ARTICLE, MAIS JE REMPLACERAI VOLONTIERS LES MOTS "MENSONGES" ET "HYPOCRISIES" PAR LE SEUL MOT "INTÉRÊTS" ! YALLI MA BIA3RIF RABOU...

    SAKR LOUBNAN

    08 h 23, le 21 octobre 2013

  • Et oui!! que cette analyse est correcte et reflete une realite DES plus penibles...

    EDDE PAUL

    08 h 20, le 21 octobre 2013

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