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À l’Université de Balamand, des recherches pour un meilleur environnement

Passionnée par la recherche en matière d’environnement, Mira Skaf soutient en décembre sa thèse de doctorat en chimie appliquée à l’environnement sous la supervision du Dr Samer Aouad. Le sujet ? Remédier à la pollution atmosphérique par la catalyse.

Mira Skaf et le Dr Samer Aouad à l’issue de leurs interventions durant la session francophone « Transformation des déchets en énergie » organisée par l’AUF dans le cadre de la 4e édition du Beirut Energy Forum, le 27 septembre dernier.

Après une licence en chimie de l’UL, Mira complète un master en environnement, attirée par le côté mixte, culturel et pratique de la formation. « En assistant aux cours, j’ai découvert en moi une passion écologique. J’ai voulu aller encore plus loin et faire de la recherche », lance la jeune fille de 26 ans. Son enthousiasme et sa motivation poussent le Dr Samer Aouad, professeur associé à l’Université de Balamand – lui-même détenteur d’un doctorat en chimie appliquée à l’environnement –, à l’encourager à s’investir dans des études doctorales. Elle obtient alors une bourse conjointe de l’AUF et du CNRS pour mener des recherches de thèse à l’Université de Balamand en cotutelle avec l’Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO), en France.
Les recherches de Mira portent sur le développement de catalyseurs qui accélèrent des réactions d’intérêts environnementaux. « Les polluants tels que les composés organiques volatils et les particules carbonées émis par les cheminées industrielles et les pots d’échappement des véhicules automobiles nécessitent des températures de l’ordre de 600 ˚C pour être transformés, dans des incinérateurs, en matériaux secondaires non nocifs pour l’homme et l’environnement », souligne la doctorante. Elle explique : « Les catalyseurs à base d’or, d’argent et de cuivre que nous avons développés dans le cadre de nos recherches ont pu accélérer ces réactions à une température beaucoup plus basse, soit à 200 ˚C, température qui règne déjà dans les cheminées et les échappements. Les usines et les sociétés automobiles, en utilisant des filtres qui contiennent ces solides, pourront réduire la pollution atmosphérique causée par l’émanation de ces polluants. »
Ses travaux de recherche, menés entre les laboratoires de l’Université de Balamand et ceux de l’ULCO, lui ont permis également de préciser le mode de fonctionnement de l’argent comme catalyseur. « Ces conclusions pourront aider la communauté scientifique internationale à optimiser les méthodes de préparation de ce catalyseur pour améliorer son action », affirme le Dr Aouad.

Pas de débouchés au Liban
« C’est dommage que mes recherches n’auront pas de débouchés dans mon pays », se plaint la chercheuse. Le Dr Aouad précise : « Tant qu’il n’y a pas de lois qui exigent que la pollution atmosphérique soit inférieure à certaines normes, on ne pourra pas profiter de ces catalyseurs au Liban. L’achat et la maintenance de ces catalyseurs coûtent cher, et si les industries ne sont pas obligées par la loi à les adopter, elles ne le feront pas. » Pour lui, la conscience environnementale manque au pays du Cèdre. « On enlève les catalyseurs des nouvelles voitures sous prétexte qu’il n’y a pas de pièces de rechange, et lors des tests mécaniques officiels, certains véhicules n’évaluent pas leur production de CO ; tout cela pollue l’air davantage », se plaint le professeur associé qui réclame : « Le gouvernement est appelé à être plus strict en faveur d’un air plus sain. Chacun est invité à faire des gestes écologiques à son échelle. »
« En plus des compétences scientifiques, la recherche forme la personne et élargit ses horizons », affirme le Dr Aouad, qui considère que, pour qu’un chercheur réussisse dans ses travaux de recherche, il faut qu’il dispose du soutien de son institution, d’un environnement de travail agréable et d’un but quotidien à atteindre. Mira ajoute : « Une thèse de doctorat apprend à être dévoué, impliqué à fond, discipliné et à savoir gérer le temps. »

Communiquer les résultats
« Nous présentons nos travaux de recherche lors de nos interventions dans les conférences internationales et par le biais de nos affiches »,
affirme-t-il. Le professeur
associé a participé en tant qu’intervenant à 27 conférences et présenté une trentaine d’affiches. Mira, quant à elle, est à sa deuxième participation et a déjà exposé quatre affiches.
Durant la session francophone « Transformation des déchets en énergie » organisée par l’AUF dans le cadre de la 4e édition du Beirut Energy Forum, le 27 septembre dernier, Mira et le Dr Aouad ont été les seuls intervenants scientifiques à exposer des recherches qu’ils avaient déjà menées et qui sont en rapport avec le sujet de la conférence. Le Dr Aouad a présenté un projet sur la production d’hydrogène à partir du biogaz, et la doctorante une étude qu’elle avait préparée en master dans laquelle elle analyse le coût et les conditions de l’implantation d’une installation de biométhanisation dans la région de Zahlé pour mettre en valeur l’utilité des déchets organiques en énergie et permettre au gouvernement d’économiser 4 millions de dollars par an.
Les projets futurs ? Mira sollicite un poste d’enseignement pour former des étudiants universitaires destinés à travailler dans ce domaine. « Quand on opte pour la recherche il faut avoir en tête le chemin de l’académie », assure le Dr Aouad. Passionné par la recherche, il continue à sortir des publications – 18 dans le domaine de la catalyse –. Le futur professeur affirme : « Pour avancer, il faut persévérer dans les recherches. » En plus de l’influence que tous deux essayent d’exercer sur leur entourage afin de promouvoir les concepts environnementaux, leur rêve professionnel reste de pouvoir appliquer les résultats de leurs recherches au Liban pour aboutir à un meilleur environnement.

Arzé NAKHLÉ
Après une licence en chimie de l’UL, Mira complète un master en environnement, attirée par le côté mixte, culturel et pratique de la formation. « En assistant aux cours, j’ai découvert en moi une passion écologique. J’ai voulu aller encore plus loin et faire de la recherche », lance la jeune fille de 26 ans. Son enthousiasme et sa motivation poussent le Dr Samer Aouad, professeur...
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