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Culture - Flamenco

Cette «Moneta » de feu et de transe !

À l’occasion de la fête nationale espagnole, l’ambassade d’Espagne au Liban et l’Institut Cervantès de Beyrouth ont présenté au palais de l’Unesco « Extremo Jondo », un spectacle de feu et de transe de la danseuse et chorégraphe andalouse La Moneta.

La Moneta, l’allure d’une véritable Gitane et un brasier d’expressions et d’émotions... Photo Nasser Traboulsi

De Rafael Amargo à la compagnie d’Antonio Gadès, en passant par María Juncal, Rocío Molina ou encore La Chica..., l’ambassade d’Espagne et l’institut Cervantès de Beyrouth ont fait découvrir au public libanais, au cours de ces quelques trois dernières années, des têtes d’affiche du flamenco dans ses différents styles. Flamenco show, métissé de danse contemporaine, revisité à la sauce rock ou, au contraire, intimiste et «puro»... Les aficionados de ce «chant dansé», typiquement espagnol, «classé depuis 2010 au patrimoine immatériel de l’Unesco», comme l’a rappelé l’ambassadrice d’Espagne dans son mot d’ouverture de ce dernier spectacle à l’Unesco, auront ainsi eu le loisir de se familiariser avec ses différentes variantes et interprétations.
Cette fois, avec Extremo Jondo (qui signifie «extrêmement profond» en référence au «cante jondo», le chant profond), c’est un flamenco gitan, dépouillé, qui puise aux racines de la tradition que danse Fuensanta de La Moneta.
Cette «bailaora» consacrée dès ses débuts, à 17 ans, comme la meilleure artiste flamenco des années 80 par la très sérieuse revue spécialisée El Alma est aujourd’hui l’une des figures de proue d’une nouvelle génération d’artistes flamenco novateurs et passionnés par la tradition.
Originaire de Grenade, elle cultive d’ailleurs l’allure d’une véritable Gitane. Silhouette épaisse, yeux noirs, cheveux de jais tressés en une longue natte, larges créoles aux oreilles, robe à imprimés fleuris et châle à franges, elle révèle dans sa danse une force dramatique intense. Et fait preuve d’une maîtrise rythmique et d’une précision autant dans les zapateados (martèlements cadencés des pieds sur le sol) que dans les mouvements des bras et des poignets, qui lui ont valu le surnom de nouvelle Carmen Amaya.
Lorsqu’elle rejoint sur scène le cantaor Miguel Lavis, le guitariste Luis Mariano et le percussionniste Miguel El Cheyenne, tous trois de noir vêtus, elle impose une présence à la fois statuaire et sauvage. Et offre, dans une première partie, une interprétation rugueuse, singulière avec ce quelque chose de grossier (dans le lever de jupons notamment) qui évoque l’univers gitan dans toute son authenticité.

Et c’est là que surgit le duende...
Mais c’est, paradoxalement, quand elle s’assoit, pour écouter le guitariste égrener ses notes pures et qu’elle en suit le flot dans une attitude hiératique et le visage parcouru de tressaillements – comme si elle dansait assise ! –, qu’elle révèle une sensibilité incomparable.
Un autre duo de douleur, de prière et de douceur, toujours avec le magnifique guitariste, et la voilà qui, au rythme du cajón du percussionniste, entame une danse de tout le corps: gestes lents des bras et délicates rotations des poignets suivis de mouvements tourbillonnants, de brusques embardées et de zapateados claquants, elle danse même – et surtout – sur le silence. Exprimant les vibrations intérieures de ces intervalles muets, temps de pause musical où même la voix du cantaor s’éteint...
Cette femme est un brasier. Elle souffre, aime, exulte, se révolte, se montre tour à tour sauvage, sensible, fragile, forte et éplorée dans une danse d’un style épuré et énergique, qui va crescendo tout au long du spectacle pour l’emporter dans une dimension ouverte au spirituel et habitée par le «duende»... Dans lequel elle entraîne le public. Le souffle coupé, comme envoûté, ce dernier a salué sa performance par une enthousiaste standing ovation !
De Rafael Amargo à la compagnie d’Antonio Gadès, en passant par María Juncal, Rocío Molina ou encore La Chica..., l’ambassade d’Espagne et l’institut Cervantès de Beyrouth ont fait découvrir au public libanais, au cours de ces quelques trois dernières années, des têtes d’affiche du flamenco dans ses différents styles. Flamenco show, métissé de danse contemporaine, revisité...

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