Baroudi préconise la mise en place d’une déclaration de Baabda économique

Tandis que les Libanais, les moins blasés d’entre eux pour le moins, attendent une initiative quelconque qui remettrait sur les rails le dossier du pétrole et du gaz, les pays voisins, que ce soit Chypre ou Israël, planchent de pied ferme sur l’extraction de leur potentiel en or noir.

Au Liban, comme souvent lorsque le dossier est épineux, entendre pécuniairement alléchant, les camps politiques se renvoient la balle. Les décrets qui concernent le cahier des charges et la délimitation des blocs pétroliers, d’une part, et les contrats liés à l’extraction et à la production, de l’autre, sont toujours en attente d’une séance extraordinaire du Conseil des ministres... Se réunira, se réunira pas... Il n’en demeure pas moins qu’à l’heure où le Liban subit un attentisme politique et économique sans précédent, un consensus autour du dossier pétrolier est une urgence. Rappelons que, depuis quelques jours, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Gebran Bassil avait adressé une lettre au président de la République et au Premier ministre sortant Nagib Mikati pour les informer du report de l’appel d’offres des sociétés de forage dans les eaux territoriales libanaises du 10 décembre 2013 au 10 janvier 2014.

« Il faudrait avoir 17 blocs plutôt que 10 »
Sur le plan technique, l’expert en matière pétrolière et gazière, l’ancien secrétaire général du conseil énergétique mondial Roudi Baroudi a dévoilé à l’agence al-Markaziya les résultats d’une étude autour des eaux territoriales libanaises à laquelle il a pris part durant le mandat de l’ancien ministre de l’Énergie et de l’Eau Ayoub Hmayed (2004-2008) et dont une copie a été livrée au président Sleiman. Dans cette étude, Roudi Baroudi indique qu’il aurait été plus judicieux de délimiter 17 blocs de gisements au lieu de 10, comme c’est le cas maintenant. L’expert rappelle qu’Israël a déjà délimité 41 blocs et que Chypre en a délimité 13, mais que chacun devrait bientôt être divisé en deux, ce qui totaliserait 26 blocs.
De plus, M. Baroudi préconise d’ouvrir aux appels d’offres deux blocs uniquement pour l’instant et non pas les 10 en même temps, puisque procéder étape par étape donnerait au Liban un pouvoir de négociation des prix plus élevés. En effet, s’il y a effectivement du gaz dans ces deux premiers blocs, le prix de l’exploitation des autres blocs serait automatiquement plus élevé. « Si tous les blocs sont ouverts aux appels d’offres en même temps, le Trésor libanais perdrait une fortune colossale », a-t-il ainsi mis en garde.

« Une déclaration de Baabda économique »
J’appelle le gouvernement libanais à mettre en place une déclaration de Baabda économique qui ciblerait le dossier pétrolier, puisque c’est un dossier qui concerne le bien-être de tous les citoyens et les générations à venir. « Il va sans dire qu’il ne sert à rien d’émettre les décrets autour de ce dossier sans consensus de la part de tous les bords politiques », a-t-il ajouté.
M. Baroudi a mis l’accent sur l’importance de rester transparents sur toute la ligne parce que les sociétés désireuses de prendre part au processus d’exploitation accordent une importance primordiale à la transparence du processus.
« La séance extraordinaire du Conseil des ministres qui devrait prendre place doit aborder le dossier dans tous ses aspects avec l’aide d’experts pétroliers et juridiques », a insisté l’expert.
Interrogé par L’Orient-Le Jour autour de l’accord négocié par John Kerry autour des zones exclusives économiques (ZEE) entre le Liban et Israël, M. Baroudi s’est montré sceptique. « De toute manière, la zone litigieuse ne représente que 2,5 % de la ZEE libanaise », a-t-il rappelé.

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