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À La Une - Education

Psychodrame en France sur la réforme des horaires scolaires

Des parents déplorent une réforme "à la va-vite", l'UMP dénonce l'absence de professionnalisme.

Certains parents s'inquiètent de la réforme des rythmes scolaires. AFP/Archives

La réforme des rythmes scolaires en France devait être une mesure phare du gouvernement de gauche. Mais critiquée pour son improvisation, handicapée par le manque de moyens, prise en otage par l'opposition de droite, elle a viré au psychodrame.

 

Vendredi, des parents d'élèves opposés à une réforme appliquée "à la va-vite" ont bloqué l'accès de l'école de leurs enfants à Aubervilliers dans la banlieue nord de Paris, ville où les enseignants avaient massivement fait grève la veille. D'autres mouvements ont eu lieu ou sont prévus ailleurs.

La réforme, déjà entrée en vigueur dans certaines communes avant une application générale à la rentrée 2014, prévoit de faire travailler les enfants quatre jours et demi, avec des horaires allégés, et non plus seulement quatre comme auparavant.

A un peu plus de cinq mois des élections municipales qui s'annoncent difficiles pour la gauche, l'UMP, principal parti de droite, n'a pas manqué de s'emparer du sujet. Son président Jean-François Copé s'est gaussé mercredi de "l'absence de professionalisme et de rigueur" du gouvernement et a demandé la suspension de la réforme.

Quant aux communes, dont le rôle est crucial pour la mise en oeuvre du nouveau calendrier scolaire, elles ont demandé plus d'argent de l'Etat.

 

 

Paradoxe

Le ministre de l'Education Vincent Peillon a assuré que des "efforts" seraient consentis pour assurer le succès d'une réforme "essentielle" mise en place "dans l'intérêt des enfants", à l'issue d'une réunion gouvernementale convoquée dans l'urgence mercredi par le président François Hollande.


Car le paradoxe, c'est que personne ne conteste le principe de la réforme qui bouscule les habitudes, mais qui était réclamée de longue date par les spécialistes de l'enfance. Ils critiquaient la lourdeur des horaires quotidiens, les plus longs en Europe (6 heures), ramassés sur quatre jours par semaine (lundi, mardi, jeudi, vendredi).
Ce calendrier hebdomadaire, ajouté à une année scolaire parmi les plus courtes du continent, explique en partie les médiocres performances de l'école élémentaire, d'où de nombreux enfants sortent à 11 ans sans savoir correctement lire, selon les spécialistes.

Avec les nouveaux rythmes, les enfants ont classe quatre jours et demi, et l'allègement des horaires (passés à 5H30 ou 3H30) est compensé par des activités culturelles ou sportives.


C'est là que le bât blesse : il a fallu trouver l'encadrement et les locaux pour ces activités, un casse-tête tel que François Hollande avait accepté que les communes puissent différer la réforme à l'an prochain. A la rentrée de septembre, 4.000 communes, sur près de 37.000 en France, ont commencé à la mettre en application, soutenues par une aide financière de l'Etat (250 millions d'euros).
Des efforts insuffisants au vu du mécontentement sur le terrain.

(Lire aussi : France : Hollande rappelle à l'ordre Premier ministre et ministres)


"Les activités proposées à nos enfants ne sont pas celles qui leur étaient promises. On nous a proposé d'avoir le choix des activités, en fait elles leur sont imposées", a expliqué à l'AFP Hannen Kebdani, parent d'élève à Aubervilliers.

"C'est une catastrophe, les enfants sont totalement déconfits", a aussi déploré Valérie, mère d'enfants en école maternelle à Paris, pour qui "les activités proposées n'apportent rien".

Quant aux enseignants, ils dénoncent une désorganisation de leur travail et des enfants déboussolés par une perte de repères.

 

Vincent Peillon s'est inscrit en faux contre un échec de la réforme en assurant qu'il irait "jusqu'au bout". "Même à droite, il y a ceux qui considèrent qu'elle est essentielle", a-t-il assuré.


Ce n'est pas le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris contre la socialiste Anne Hidalgo. L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a dénoncé une réforme "inégalitaire" creusant l'écart entre les quartiers aisés et les quartiers populaires.


Le journal Le Monde a sévèrement jugé jeudi l'attitude de l'UMP et de son président sur ce dossier, y voyant une instrumentalisation politique et dénonçant dans un éditorial "le triomphe du cynisme".

"Négliger" les "enjeux" de la réforme "au nom de calculs tactiques et électoraux à courte vue n'est pas digne de quiconque prétend exercer aujourd'hui une opposition sérieuse et demain les plus hautes responsabilité de l'Etat", a tancé le quotidien.

 

 

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