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Lifestyle - Environnement

L’océan polaire Arctique se rebiffe

Tara océans Polar Circle devait faire un tour complet en sept mois de l’océan glacial Arctique par le Nord-Est et le Nord-Ouest mais a dû avoir recours à un brise-glace.  V.Hilaire/AFP

L’océan glacial Arctique, l’un des acteurs et régulateurs du système climatique mondial, au cœur de la question du réchauffement, s’est rebiffé avec une importante et imprévisible extension de sa banquise d’été qui a mis à mal trois expéditions françaises croyant pouvoir y naviguer comme en Méditerranée. Et en 2011 déjà, le chercheur québécois Frédéric Lasserre avait souligné que les passages arctiques ne deviendraient jamais un nouveau canal de Panama. Deux expéditions, la voie du pôle, tentative de traversée d’Est en Ouest de l’océan glacial sur un petit catamaran char à voile entre l’Alaska et l’archipel du Svalbard, ainsi que la traversée du passage du Nord-Ouest à la rame entreprise par l’aventurier Charles Hedrich, ont totalement échoué et ont dû être abandonnées, bloquées par les glaces. La troisième et plus importante, Tara océans Polar Circle, devait faire un tour complet en sept mois et sans assistance de l’océan glacial par les passages du Nord-Est (Sibérie) et du Nord-Ouest (Canada), habituellement libres de glace pendant la fonte de la banquise d’été. Mais Tara a dû avoir recours à un brise-glace canadien la semaine dernière pour s’extirper de ce dernier passage, déjà recouvert à 95 % de jeune glace, et poursuivre sa route vers le Groenland.
Sans vraiment contredire la tendance à la fonte accélérée de la banquise d’été enregistrée depuis 1981, les observations satellitaires de la NASA ont établi, à la mi-septembre, la superficie de la banquise d’été à 5,10 millions de km2, contre 3,41 millions l’année dernière, record absolu de fonte depuis le début des prises de mesures. Reste que ce sursaut ou rebuffade de l’Arctique, dû, selon la formule pudique de certains scientifiques, « aux variabilités saisonnières », fait d’ores et déjà mentir les prévisions les plus pessimistes de certains climatologues. Ces derniers prévoyaient, l’année dernière et à très court terme, une disparition totale de la banquise d’été, transformant du coup l’océan polaire, pendant six mois, en autoroute pour les tankers et autres porte-conteneurs entre l’Europe et l’Asie.

Pas de nouveaux Panama
Sur le papier, les distances entre l’Europe et l’Asie en passant par les passages du Nord-Est (Russie) ou Nord-Ouest (Canada) sont inférieures en moyenne de 40 % par rapport aux routes traditionnelles passant par les canaux de Suez et de Panama. D’où une économie de temps et de carburant propre à séduire les transporteurs maritimes internationaux, estiment certains. Tel n’est pas l’avis de Frédéric Lasserre du département de géographie de l’Université de Laval au Québec. Dans une étude approfondie de la question publiée en 2011 dans la Revue européenne de géographie, il note le peu d’intérêt de la majorité des transporteurs maritimes pour cette nouvelle route miracle. Le chercheur a effectué une enquête auprès de près de 150 transporteurs maritimes internationaux et a pointé deux difficultés particulières. Il s’agit en premier lieu des énormes investissements que cela suppose en matière de construction de navires aptes à naviguer dans les glaces. Et puis et surtout, il y a les inconnues climatiques qui, « en fonction des variabilités saisonnières et aléatoires » imprévisibles – comme cette année –, peuvent entraver les deux passages russe et canadien. Ce qui provoquera d’importants retards de livraison, mais aussi le recours obligé, et fort onéreux, aux puissants brise-glace. Le chercheur reconnaît que le trafic de desserte locale, tant du côté russe que du côté canadien, a bien augmenté ces dernières années à la faveur de la fonte de la banquise d’été. Ce qui constitue, selon lui, « le moteur de la navigation dans l’Arctique ». Mais il assure que le trafic de transit entre Asie et Europe, entre Pacifique et Atlantique reste très peu important par rapport aux routes traditionnelles passant par Suez et Panama. « Les passages arctiques ne deviendront pas de nouveaux Panama », a conclu Frédéric Lasserre.

(Source : AFP)
L’océan glacial Arctique, l’un des acteurs et régulateurs du système climatique mondial, au cœur de la question du réchauffement, s’est rebiffé avec une importante et imprévisible extension de sa banquise d’été qui a mis à mal trois expéditions françaises croyant pouvoir y naviguer comme en Méditerranée. Et en 2011 déjà, le chercheur québécois Frédéric Lasserre avait...

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