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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Perse-murailles

Barack Obama a eu bien du mal à rallier le Congrès américain au principe, très étroitement surveillé et contrôlé, d’une série de frappes brèves et ciblées contre la Syrie. Plus déterminé encore que le président US, François Hollande se trouve contesté jusque dans les rangs de son son propre parti. Mais tant de chichis, dira-t-on, c’est le propre des démocraties. Et pourtant, des lignes de faille apparaissent parfois même au sein des régimes les plus monolithiques, pouvant traduire d’authentiques changements tout autant, il est vrai, qu’une simple et grossière distribution des rôles.

Pour reléguer au musée des horreurs l’outrecuidant Ahmadinejad, difficile de trouver mieux, par exemple, que le nouveau président iranien Hassan Rohani, qui multiplie en effet, ces derniers jours, les gestes de conciliation envers l’Occident. Et qui, pour faire bonne mesure, ordonne la libération de plusieurs prisonniers politiques. Interviewé par une chaîne de télévision américaine, il juge ainsi constructifs les propos du président américain. Il dénonce bien sûr l’envahisseur israélien, mais se refuse à tout négativisme quant à l’holocauste juif, soulignant qu’il n’est pas historien mais politicien. Il assure que son pays ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire et ne veut faire la guerre à personne mais œuvrer au contraire au rapprochement des peuples de la région.

Au diable l’avarice, ce sont jusqu’aux fils d’un même peuple syrien, plongés dans une féroce guerre civile, que le président de la République islamique se dit prêt à pousser généreusement vers la table de négociation. La nuance est de taille, le président Bachar el-Assad ayant déjà affirmé à plusieurs reprises qu’il n’aurait de cesse avant d’avoir écrasé la rébellion. Fait pour le moins inhabituel, la bravade présidentielle vient d’être contredite par le vice-Premier ministre de Syrie qui reconnaît volontiers que cent mille morts plus tard il y a match nul, et que cela n’est pas près de changer. Évolution réelle ou répartition des tâches, une fois de plus ?

Toujours est-il que tant de bonnes dispositions iraniennes ont été quasi universellement saluées, à l’approche des rencontres, hier encore inconcevables, qu’aura Rohani à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Qu’Israël s’abstienne d’applaudir, qu’il crie à la duperie, n’est que normal. Ce qui est tout de même plus remarquable, c’est que le Hezbollah semble nourrir objectivement le même scepticisme quant à la volonté – ou la capacité ? – de changement du président. Comme pour confirmer l’existence de sourdes tensions entre réformistes iraniens et vieille garde, et comme si de paralyser le pays n’était pas encore assez, la milice se répandait jeudi en menaces contre les royaumes pétroliers du Golfe, où vivent et prospèrent des centaines de milliers de Libanais. Cela alors que Rohani avait à peine fini de formuler, sur les ondes, ses bons sentiments pour l’Arabie saoudite, sœur et amie.

C’est dire que s’il plaît à d’aucuns de montrer patte de velours, le Hezbollah, lui, a de la suite dans les idées. Les mauvaises idées.

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

Barack Obama a eu bien du mal à rallier le Congrès américain au principe, très étroitement surveillé et contrôlé, d’une série de frappes brèves et ciblées contre la Syrie. Plus déterminé encore que le président US, François Hollande se trouve contesté jusque dans les rangs de son son propre parti. Mais tant de chichis, dira-t-on, c’est le propre des démocraties. Et...

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