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À La Une - Éclairage

Pas de déblocage avant le sommet Abdallah-Rohani...

Jusqu’à la fin du mois, et même peut-être au-delà, le Liban officiel et politique semble être entré dans une période de quasi-somnolence. En dépit de l’initiative de dialogue lancée par le président de la Chambre Nabih Berry et des explications de cette initiative fournies par la commission parlementaire formée dans ce but, la scène politique traverse une période de semi-coma. Aucun changement dans les positions politiques n’est prévu, ni de la part du 14 Mars ni de la part du 8 Mars, et le Premier ministre désigné Tammam Salam – qui refuse de baisser les bras et de se laisser aller au désespoir – poursuit ses contacts en sachant parfaitement qu’il n’y a aucune percée en perspective. 

 

Au moins jusqu’au retour du chef de l’État et de la délégation qui l’accompagne de New York où, en plus de la conférence d’aide au Liban prévue le 25 septembre, il doit participer aux réunions de la session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Si la conférence d’aide au Liban est consacrée au dossier des déplacés syriens dont le nombre ne cesse d’augmenter au Liban et qui commencent à créer de sérieux problèmes sociaux, économiques et sécuritaires, les contacts parallèles avec des dirigeants du monde participant à l’Assemblée générale de l’ONU pourraient permettre de marquer des points en faveur d’un déblocage interne.

 

Mais, selon des sources proches de Aïn el-Tiné, le véritable déclic ne peut se faire qu’à travers le sommet prévu entre le roi Abdallah d’Arabie et le président iranien Hassan Rohani dans le cadre du pèlerinage pour la fête d’al Adha, vers la mi-octobre. Le nouveau président iranien avait annoncé son intention de se rendre à La Mecque dans sa première conférence de presse après les résultats de l’élection présidentielle iranienne, et le roi Abdallah s’était empressé de lui adresser une invitation officielle pour visiter la Ville sainte, mais aussi la capitale Riyad. Hier encore, le président iranien a réitéré ses avances en direction du souverain wahhabite, affirmant dans un entretien télévisé que l’Arabie est un pays ami et qu’il aspire à avoir les meilleures relations avec le royaume.


Selon les sources proches de Aïn el-Tiné, cette rencontre entre Abdallah et Rohani et le climat de rapprochement qui l’entoure doivent être suivis attentivement car ils pourraient être déterminants pour le sort du gouvernement au Liban. Un peu comme c’était le cas en 2010 des relations entre l’Arabie et la Syrie, et que Berry se plaisait à appeler « S-S » (Syriens et Saoudiens), désormais, ce sont, selon ses proches, les Iraniens et les Saoudiens qui détiennent les clés du déblocage politique libanais. Selon les sources proches de Berry, la rencontre entre Rohani et Abdallah devrait donc avoir lieu aux alentours de la fête d’al-Adha et elle intervient au moment particulier où le pari de l’émir Bandar ben Sultan, l’homme fort de l’Arabie, sur une chute rapide du président syrien Bachar el-Assad soit par le biais des frappes américaines, soit grâce à une attaque massive et déterminante contre la capitale Damas via la Jordanie et Deraa, a visiblement échoué. Sans aller jusqu’à miser sur le fait qu’après l’échec de ce pari, l’émir Bandar pourrait être dessaisi des dossiers syrien et libanais, les sources proches de Aïn el-Tiné estiment qu’il pourrait y avoir un changement dans l’approche du dossier gouvernemental libanais.

 

(Lire aussi: Le Hezbollah s’entête : un cabinet en fonction du poids politique de chacun)

 

Selon les mêmes sources, la formation d’un nouveau gouvernement bute aujourd’hui sur deux points essentiels : la représentation de chaque camp – le 8 Mars et le CPL veulent une représentation proportionnelle au poids parlementaire, et le 14 Mars ne veut accepter que la formule des « trois 8 » – et la déclaration ministérielle – le 8 Mars souhaitant qu’elle reprenne la fameuse formule « armée-peuple-résistance », et le 14 Mars voulant la remplacer par la déclaration de Baabda. Ces divergences ne paraissent pas insurmontables, et si l’on y regarde de plus près, il semble incroyable qu’en une période aussi délicate et avec l’afflux de déplacés syriens et les menaces sécuritaires, le pays soit laissé sans gouvernement pleinement en fonctions pour deux petites phrases et un ou deux portefeuilles. 

 

D’ailleurs, le leader du PSP a proposé, il y a une dizaine de jours, une formule donnant 9 ministres au 8 Mars et alliés, 9 ministres au 14 Mars et 6 ministres aux centristes (le président Sleiman, le Premier ministre et lui-même), et des médiateurs avaient proposé pour la déclaration ministérielle une formule « combinée », qui reconnaît le droit à la résistance au Sud-Liban et rejette la participation aux combats en Syrie. C’est dire que si la volonté existe, les compromis pourront être trouvés. Il faut donc juste un feu vert extérieur. Et c’est justement là que pourrait intervenir le prochain sommet entre le président Rohani et le roi Abdallah, qui donnerait ainsi le signal d’un déblocage interne. Selon les sources de Aïn el-Tiné, le sommet ne se tiendrait pas s’il n’y avait déjà des deux côtés une volonté de trouver un accord minimal ou en tout cas d’améliorer les relations entre les deux pays, dotés d’une grande influence dans la région. Une fois de plus, c’est donc une période d’attente que va traverser le Liban, dans l’espoir qu’il n’y ait pas d’incidents sécuritaires de nature à modifier le statu quo.

 

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