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À La Une - Événement

Béchara el-Khoury veille désormais sur la place de Beiteddine...

Une cérémonie qui revêt une importance symbolique pour la réconciliation intercommunautaire, la région du Chouf, le Liban et le souvenir des grands hommes qui en ont fait une patrie.

La grand-place de Beiteddine a été rebaptisée hier place Béchara el-Khoury, avec le buste installé du « président de l’indépendance ». Photo Amer Zeineddine

Il est des hommes sans lesquels le Liban n’aurait pas été. Ce sont les pères fondateurs de la République qui ont peiné à bâtir une patrie en temps de crise, soucieux d’instaurer, le temps d’une vie, l’idée même de l’indépendance pleine et entière du Liban. Béchara el-Khoury est l’un d’eux. Le fameux pacte conclu avec Riad el-Solh pour édifier la coexistence, en certifiant l’ouverture du pays sur l’environnement arabe, mais dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté, reste jusqu’à ce jour la pierre angulaire d’un Liban qui se perd encore dans les mêmes querelles, les mêmes passions et les mêmes tensions confessionnelles.


Et c’est pour honorer le souvenir de ce président de l’indépendance, qui a remercié Dieu en ce 18 septembre 1952, « d’avoir pu transmettre le pouvoir intact, sans qu’une goutte de sang ait été versée, sans qu’il soit porté atteinte à la Constitution ni à la dignité de la présidence », qu’une statue à son effigie a été posée hier sur la place de Beiteddine, au palais de l’émir Béchir qui ne manque pas de symbolique. Dans la préface du livre de mémoires du président, l’ancien rédacteur en chef adjoint de L’Orient-Le Jour, Roger Geahchan, notait en effet que Béchara el-Khoury y avait habité lors de son enfance, en raison des fonctions exercées par son père, et qu’ « il gardera toute sa vie la nostalgie de Beiteddine et celle du palais qu’il fera restaurer et où, devenu président, il ira chaque été passer quelques semaines dans le cadre d’une nature paisible et luxuriante ».


La cérémonie, parrainée par la municipalité de Beiteddine, s’est tenue hier après-midi en présence du ministre sortant de l’Environnement, Nazem el-Khoury, représentant le président de la République Michel Sleiman et le président de la Chambre Nabih Berry, le ministre sortant des Déplacés, Alaeddine Terro, représentant le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati, le député Marwan Hamadé représentant le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, et la famille du président Béchara el-Khoury, son fils cheikh Michel, les membres du conseil municipal de la ville et une foule de personnalités et de citoyens de la région.

Marwan Hamadé
Après un bref discours prononcé par Tony Azar, président du conseil municipal, le député Marwan Hamadé a prononcé une allocution, qualifiant l’occasion de « riche en significations et en souvenirs ». « Ce qui m’honore davantage, c’est le sens que porte l’accord entre le président de la République et le leader national du Mont-Liban, l’accord entre le protecteur des institutions constitutionnelles et celui qui veille sur la Montagne, à propos de la nécessité de rendre un nouvel hommage à l’édificateur de la nouvelle indépendance et celui qui a insufflé sur cette place l’esprit de l’unité nationale réelle », a expliqué Marwan Hamadé, affirmant que « cheikh Béchara el-Khoury n’a jamais vraiment quitté Beiteddine et Walid Joumblatt n’a pas souhaité son absence, mais les incidents douloureux de la Montagne nous ont séparés jusqu’au jour où le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a parrainé la réconciliation historique qui se dote aujourd’hui d’une conclusion morale et politique unique et pleine de signification ». Et d’ajouter : « L’histoire de la Montagne ne peut être défigurée par les conflits actuels et il n’est plus possible de retourner au passé. C’est dans cette montagne que les bases du pays prennent naissance, là où les luttes ont toujours aspiré aux libertés publiques et privées. C’est ici aussi que repose l’espoir de la patrie libanaise pour dépasser ces temps de crise. Et l’hommage rendu au président Béchara el-Khoury, héros de cette indépendance dilapidée par beaucoup de personnes à l’heure actuelle, porte un message de la montagne jusqu’aux côtes libanaises à tous les Libanais, un message de fidélité à celui qui a uni au lieu de séparer, qui a construit sans détruire, et qui a lutté sans concessions. Cette place, qui découvre la colline de Deir el-Qamar, le palais de Moukhtara et le sérail de Baakline, a été pour Béchara el-Khoury un souvenir d’enfance et un endroit duquel il s’est plus tard inspiré pour prendre les décisions les plus sages, les plus courageuses, les plus dévouées et pour surmonter l’erreur de la prorogation. Aujourd’hui, les fils de la Montagne saluent avec gratitude cet homme. »


Marwan Hamadé a en outre estimé que « l’émir Chakib Arslane, toujours vivant dans les consciences des Libanais, nous a sûrement inspiré cette cérémonie de gratitude envers cet homme qui a affirmé l’arabité du Liban, le caractère définitif de ses frontières et la démocratie de son système ». Et de conclure : « Cette place est fière de retrouver le nom et la statue du père de l’indépendance et c’est un grand honneur que d’être sollicité par Walid bey pour le représenter et prononcer cette allocution que je vous porte avec tous mes sentiments d’affection et de respect pour notre président Michel Sleiman. Nous réitérons aujourd’hui à travers cet hommage l’engagement de la Montagne au Liban uni, indépendant, arabe, démocratique, libre et souverain. Car même quand Kamal Joumblatt s’est rebellé contre le mandat de Béchara el-Khoury, il ne visait pas à amoindrir le patriotisme du président, mais il s’agissait d’une tentative d’ajustement de la performance et de l’approche adoptée. Aujourd’hui après 70 ans d’indépendance, nous regrettons la patrie, la performance et l’approche. Mais le Liban tiendra bon à travers ses symboles, à travers le retour du symbole de l’indépendance à sa maison première, et à travers la résistance du président Sleiman. »

Indépendance et liberté
De son côté, le petit-fils du président Béchara el-Khoury, cheikh Malek Michel el-Khoury, a prononcé une allocution au nom de la famille, dans laquelle il a déclaré que son grand-père « rêvait de bâtir un État indépendant et libre, l’indépendance et la liberté étant les aspirations de tout être humain ». « L’indépendance ne signifie pas l’isolement. Bien au contraire, elle signifie l’harmonie totale avec l’environnement régional et l’attachement à l’histoire, au patrimoine, à la culture et à la civilisation », a-t-il poursuivi. « Quant à la liberté, elle signifie le respect de l’autre, de ses idées », a précisé cheikh Malek el-Khoury, qui a déclaré que « ces principes constituaient pour Béchara el-Khoury les valeurs essentielles pour aboutir au développement et à la prospérité aux niveaux intellectuel, technique, social, économique, spirituel et même philosophique. » « J’ai aussi appris de mon grand-père que la réalisation de mes rêves repose entre mes mains seulement », a-t-il conclu.


S’adressant à la foule au nom du président Sleiman, le ministre Nazem el-Khoury a cité pour sa part les caractéristiques du président Béchara el-Khoury, se rappelant des étapes importantes de son histoire, telles que la fameuse arrestation de Rachaya qui a précédé l’indépendance et son serment constitutionnel. « Une relation étroite liait Béchara el-Khoury et Riad el-Solh et cette dernière a abouti au pacte national qui a clamé : Ni Est ni Ouest, ni union ni fusion, mais une union consensuelle entre les Libanais et une indépendance pleine et entière », a-t-il rappelé. Le ministre Nazem el-Khoury a par ailleurs affirmé que « le président Sleiman œuvre et lutte pour préserver le pacte national et le respect de la Constitution ». « La déclaration de Baabda n’est là que pour réitérer ce pacte et l’accord de Taëf et le Liban se doit de suivre les intérêts du peuple, que rien ne protège à part le dialogue, la participation et le consensus », a-t-il conclu, remerciant enfin les organisateurs de la cérémonie. Cette dernière a été suivie par un cocktail au palais Mir Amine, à Beiteddine.

 

B.M



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