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La laïcité au Québec, un débat "nécessaire" bien que "sensible"

L'interdiction des "signes ostentatoires" entraîne une levée de boucliers.

Le débat "sensible" suscité par le projet québécois de "charte" sur la laïcité a été rendu "nécessaire" par le caractère multiethnique croissant de la province, estime le ministre Bernard Drainville, en charge du dossier.

 

Le gouvernement indépendantiste du Parti québécois a présenté cette semaine son projet de "charte des valeurs" avec lequel il entend asseoir la "neutralité" religieuse de l'État, tout en interdisant les "signes ostentatoires" aux fonctionnaires lorsqu'ils sont au travail.

 

Si la volonté de réaffirmer la laïcité de l'État semble faire consensus dans l'opinion publique, celle de proscrire voile islamique, kippa et autre turban dans les institutions ou à l'école a entraîné une levée de boucliers.

 

"Ce sont des débats intenses, mais ce sont des débats nécessaires", déclare M. Drainville, ministre des Institutions démocratiques, dans un entretien à l'AFP.

"Le Québec est une société de plus en plus multiethnique et multi religieuse, ce qui est une très belle chose, mais il faut qu'au-delà de nos différences individuelles, on puisse se retrouver autour d'un cadre commun, de règles communes, de valeurs communes, pour assurer l'harmonie des Québécois entre eux", ajoute-t-il.

 

Le Québec, comme le reste du Canada, a pour tradition de conjuguer les demandes des différentes minorités en recourant au principe juridique des "accommodements raisonnables".

Or, la province a connu ces dernières années "de nombreux cas d'accommodements raisonnables (...) qui ont suscité tensions et frustration", car ils étaient "clairement déraisonnables", dit encore le ministre.

 

Alors que le Québec a coupé ses liens avec l'Église catholique il y a 50 ans, "il y a eu une réintroduction du fait religieux au sein de l'État par l'entremise de certaines décisions d'accommodements qui donnaient préséance à la religion", estime-t-il.

Ouvrir la boîte de Pandore du multiculturalisme s'imposait donc, note M. Drainville, pointant d'ailleurs le "laisser-aller" du précédent gouvernement libéral, accusé d'avoir "laissé le problème sans solution".

 

"C'est un enjeu très sensible, qui nous touche profondément dans nos valeurs personnelles, dans nos convictions, c'est sûr qu'on va avoir un débat à fleur de peau, mais je pense qu'on est capable de le mener avec une certaine sagesse", dit Bernard Drainville, ancien journaliste vedette.

 

Indépendantiste, il juge que cet épineux projet de loi, dont l'adoption au parlement est loin d'être gagnée, n'avait pas à attendre une éventuelle sécession du Québec: "L'identité d'un peuple n'est pas conditionnelle à son statut politique, l'identité d'un peuple il faut la définir et la redéfinir régulièrement".

 

Beaucoup d'observateurs ont dénoncé une loi stigmatisant les musulmans, illustration selon eux d'un mouvement nationaliste aux accents xénophobes, mais le ministre balaie ces jugements: "Ce n'est pas une religion qui est visée, c'est un choix collectif que nous visons".

Si le crucifix chrétien qui trône dans l'Assemblée nationale doit rester là où il est, ce n'est pas par attachement à l'Église mais parce qu'il constitue "un symbole culturel, un symbole de notre parcours historique", poursuit le ministre. "Le Québec n'est pas une page blanche."

"La société québécoise a toujours réglé ses grands choix d'une façon démocratique, d'une façon pacifique et respectueuse, et le gouvernement est confiant, on est aussi capable d'y arriver sur cet enjeu", conclut-il.

 

 

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