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Législatives ajournées : les jeunes ont la parole

En raison des tensions sécuritaires et d’un désaccord sur le mode de scrutin, les élections législatives, prévues au mois de juin passé, ont été reportées à novembre 2014. Des milliers de jeunes Libanais allaient exercer leur droit de vote pour la première fois.

Élias Faraj et Bouchra el-Charabaty.

«J’avais – et j’ai – hâte de pouvoir voter pour la première fois », affirme Céline el-Howayek, étudiante en architecture, avant d’ajouter : « Mais je ne peux pas compter sur les médias pour connaître la différence entre les divers modes de scrutin. Et cela parce que chacun d’eux fait l’éloge du système électoral qui convient au parti politique que lui-même soutient. » Marianne Bitar partage cet avis. « Lorsque j’entends parler de lois électorales, c’est du chinois pour moi. Il y a un manque d’orientation certain dans ce domaine. Et bien qu’en classe de terminale, un chapitre du cours de civisme traite des élections, ce n’est pas assez pour nous faire comprendre le processus électoral.»
Élias Faraj a 20 ans. Il ne pourra pas encore voter en 2014, mais il encourage tous les jeunes ayant 21 ans à participer aux prochaines élections, «même si c’est par un vote blanc, et cela pour se sentir actif». L’étudiant en droit a appris les types de régimes électoraux dans un cours à l’université. Il précise : «Quand le scrutin est proportionnel, les sièges sont distribués proportionnellement au nombre de votes reçus par chaque liste, assurant une représentation optimale des différents partis. Alors que, dans le scrutin majoritaire, seuls la liste ou le candidat qui ont eu le plus de votes sont élus. Quant au système mixte, il combine les régimes précédents.»

Divergences
Bien que le scrutin proportionnel assure une représentation plus fidèle des différents partis, Élias préfère le mode majoritaire. Le futur avocat explique : «Ce système garantit une stabilité du gouvernement qui est alors formé d’un seul camp, celui qui gagne les élections.» Hadi Akoum, 26 ans, approuve. «Quand la majorité règne, le régime formé échappe au blocage exercé par le camp adverse, les différents partis étant représentés par le biais d’une loi proportionnelle.» Bakhos Abdo, étudiant en journalisme, n’a pas le même regard. Selon lui, le régime majoritaire est injuste puisque la majorité formée peut être erronée. «La liste qui ne dispose que de quelques votes de plus qu’une autre remporte tous les sièges parlementaires alors que la seconde ne gagne rien », rappelle-t-il.
Un étudiant en gestion de 22 ans, qui tient à garder l’anonymat, se prononce pour la loi dite «orthodoxe». «Bien que le Liban soit un pays laïc, le communautarisme inspire le gouvernement. Pour garantir une représentation fidèle de la population, il faut donc que chaque communauté religieuse vote pour ses députés.» Bouchra el-Charabaty, étudiante en droit, ne partage pas son avis. «La loi électorale doit être objective et indépendante de l’importance des partis politiques. La solution pour un pays comme le Liban réside dans une loi mixte qui prendra en considération la situation politique du pays.»
D’autres jeunes préfèrent boycotter les élections. Ghadi Haïdar, 22 ans, fait partie de ce groupe: «Quelle que soit la loi électorale adoptée, tant qu’il n’y a pas de nouveaux candidats qui représentent ma vision de jeune, les élections ne me concernent pas et je ne voterai pas.»

La culture électorale,
ça s’apprend
«L’objet des élections est de favoriser une démocratie représentative», affirme Sabaa el-Ghoussain, étudiant en sciences politiques, avant d’ajouter: «Pour accéder à une culture démocratique, plusieurs étapes sont nécessaires. Ça commence au sein de la famille puis à l’école et enfin dans le milieu de travail.» Le jeune homme poursuit: «Il est utopique de prétendre que les enfants ne doivent pas être influencés par le choix politique de leurs parents. C’est le rôle de ces derniers d’assurer à leurs enfants une socialisation qui développe chez eux un esprit critique leur permettant plus tard d’effectuer leurs propres choix électoraux.»
Joanne Khneisser, 22 ans, trouve que voter pour un délégué de classe à l’école est une expérience vraiment constructive « qui devrait être appliquée dans toutes les écoles ». « Cette pratique initie les enfants à leurs futurs droits d’électeur et peut-être de candidat», assure-t-elle. Bouchra, pour sa part, propose de modifier le cursus scolaire pour inclure des notions qui expliquent aux étudiants les modes de scrutin ainsi que leurs droits et devoirs électoraux. «Ces jeunes seront alors capables de comprendre les élections et d’analyser les programmes électoraux des différents candidats pour choisir celui qui leur convient.»
Élias Faraj a un autre regard sur la question. «Tant que la situation économique et le chômage au Liban obligent les gens à prendre en considération leurs intérêts personnels dans leur choix de vote, assurer une éducation aux droits et aux devoirs électoraux ne suffit pas pour apprendre aux citoyens à voter correctement.» Une remarque à prendre en considération.
«J’avais – et j’ai – hâte de pouvoir voter pour la première fois », affirme Céline el-Howayek, étudiante en architecture, avant d’ajouter : « Mais je ne peux pas compter sur les médias pour connaître la différence entre les divers modes de scrutin. Et cela parce que chacun d’eux fait l’éloge du système électoral qui convient au parti politique que lui-même...
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