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À La Une - Eclairage

Le grand silence d’el-Qaëda sur de possibles frappes occidentales contre la Syrie

« Il y a une communauté d’intérêts entre les États-Unis et les groupes jihadistes : tous les deux visent au renversement du régime »...

Dans le débat sur d’éventuelles frappes militaires occidentales contre la Syrie, les groupes affiliés à el-Qaëda restent silencieux, une attaque pouvant servir leurs intérêts, selon des analystes. L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front al-Nosra, deux des principaux groupes jihadistes qui se battent en Syrie contre le régime du président Bachar el-Assad, se sont ainsi abstenus de tout commentaire, les experts estimant qu’ils ne souhaitent pas reconnaître l’aide que pourrait leur apporter un de leurs principaux ennemis, les États-Unis.

 

« Il y a une communauté d’intérêts entre les États-Unis et les groupes jihadistes : tous les deux visent au renversement du régime » syrien, selon Tareq al-Maamouri, un politologue irakien. « Il est normal que de tels groupes restent silencieux parce que leur objectif affiché est celui d’une opposition à l’Occident, surtout aux États-Unis, et ils ne se risqueraient donc pas à approuver une frappe (...). À cet égard, le silence est vu comme quelque chose d’acceptable », poursuit-il. L’absence de commentaires est d’autant plus frappante que l’EIIL a récemment multiplié ses communiqués, revendiquant des attentats ou appelant au jihad. Les groupes jihadistes « proclament leur haine de l’Occident, mais on voit qu’ils restent bien silencieux alors qu’il s’agit de frapper militairement un pays arabe », selon un responsable irakien sous couvert d’anonymat. Ils restent silencieux « parce que les frappes vont les aider » militairement, ajoute-t-il.

 

(Eclairage : La concession d’Assad pourrait se retourner contre lui)

 


 « Tout à y gagner »
Ihsan al-Chammari, un professeur de sciences politiques à l’université de Bagdad, estime aussi que toute action qui « affaiblit Assad leur permettra de gagner du terrain, ce qui fait qu’ils gardent le silence sur la question des frappes (...). De tels groupes, notamment l’EIIL et al-Nosra, ont tout à y gagner ». Les frappes ne sont toutefois plus d’actualité, tout du moins dans l’immédiat. En effet, le président américain Barack Obama a affirmé mardi qu’il souhaitait donner une chance à la diplomatie en Syrie au moment où Damas assure être prête à renoncer à son arsenal chimique.


Certains jihadistes craignent en revanche, selon des commentaires publiés par des forums Internet proches de leur mouvance, que les Américains profitent d’une intervention militaire contre le régime de Damas pour également frapper leurs bases en Syrie, même si certains affichent une timide approbation pour des frappes, tandis que d’autres restent dubitatifs. Un internaute s’exprimant sur le site Honein et se donnant le nom d’Abou Moussaab al-Iraqi, rappelle par exemple que l’intervention occidentale en Libye en 2011 « ne s’est pas faite à l’initiative des musulmans ou des jihadistes, mais au final, ça s’est révélé bénéfique pour les jihadistes ». Mais pour un autre internaute, Abou Saad al-Ameli, il convient de se méfier des intentions américaines. « Les ennemis vont tâcher de frapper deux objectifs au cours d’une même attaque », estime-t-il.

 

 

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