Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Américains et Russes tentent de concocter une solution globale à la crise syrienne

Cela paraît évident en première analyse : un expert en affaires militaires souligne que les États-Unis et la Russie, ainsi que certains pays européens, s’emploient au stade actuel à gagner du temps afin de faire le point de la situation présente et de jauger les perspectives d’avenir à la lumière des retombées de l’attaque aux armes chimiques contre la Ghouta de Damas et de la dernière proposition russe visant à placer l’arsenal chimique de la Syrie sous contrôle international.
Selon des sources diplomatiques, Washington a bel et bien pris la décision de principe de lancer une frappe militaire contre le régime syrien. Reste à fixer le timing d’une telle opération. Dans ce cadre, l’administration Obama a décidé dans l’immédiat de donner une chance aux Russes dans le sillage de leur proposition portant sur le dossier des armes chimiques. En acceptant ainsi de réagir favorablement à l’initiative de Moscou sur ce plan, les dirigeants US cherchent à jouer le jeu jusqu’au bout avec le président Vladimir Poutine dans le but d’aboutir à une solution globale, à un package deal, prévoyant un règlement radical et en profondeur de la crise syrienne sous ses différentes facettes.
Une telle solution prévoirait notamment la formation d’un gouvernement de transition ayant toutes les prérogatives du pouvoir exécutif. Ce cabinet devrait regrouper des personnalités modérées du régime actuel, n’ayant pas du sang sur les mains, ainsi que des représentants de l’opposition non jihadiste. Le président Bachar el-Assad serait tenu totalement à l’écart de cette phase transitoire et il serait prié de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de 2014.
Les modalités pratiques et les détails d’un tel package global, notamment en ce qui concerne la forme et la composition du gouvernement de transition, feraient l’objet de tractations loin des feux de la rampe entre Russes et Américains. Ces contacts porteraient plus particulièrement sur le processus et le mécanisme qui devraient être mis en place afin de déterminer, d’abord, l’emplacement et le volume de l’arsenal chimique en question, ainsi que les moyens de le détruire. Il s’agirait également dans ce cadre de savoir si une partie de cet arsenal a été livrée par le régime Assad au Hezbollah, ou aussi si des factions jihadistes ont pu mettre la main sur des dépôts d’armes chimiques.
En tout état de cause, nombre d’observateurs soulignent que la solution qui paraît être concoctée sur ce plan ne signifie pas que le projet de frappes militaires a été écarté, d’autant que les déclarations faites par le chef de la diplomatie syrienne, Walid Moallem, à la suite de la proposition avancée par les Russes, peuvent porter à équivoque. Il ressort en effet des propos tenus par le ministre syrien que le régime Assad accueille favorablement la suggestion russe, mais la partie syrienne n’a évoqué ni les modalités d’application de cette initiative ni le volet politique qui accompagne le règlement du dossier de l’arsenal chimique. En outre, les milieux diplomatiques établissent une distinction entre deux points bien différents : la réaction positive à l’initiative de Moscou, l’objectif étant d’enclencher une solution globale ; et le principe même de la frappe punitive visant à faire payer au régime Assad le prix de son utilisation d’armes chimiques contre la population civile. L’administration US ne peut pas se permettre de ne pas réagir au drame de la Ghouta, car cette absence de riposte ne manquerait pas d’être perçue comme un signe de faiblesse, ce qui risquerait d’encourager l’Iran à faire monter les enchères dans son bras de fer avec les États-Unis et à adopter une attitude intransigeante au niveau du dossier nucléaire.
Les milieux politiques locaux soulignent, à la lumière de l’ensemble de ces considérations, que tous les acteurs régionaux et internationaux adoptent au stade actuel une attitude d’attentisme dans le but de gagner du temps et de donner libre cours aux manœuvres diplomatiques visant à dégager une solution globale à la crise. Il reste que les dirigeants occidentaux paraissent déterminés à réclamer des comptes à Bachar el-Assad et son équipe. Cela se traduirait soit par des frappes militaires – qui permettraient par la même occasion d’enclencher à chaud le règlement global en gestation –, soit par une décision de saisir la Cour pénale internationale du dossier, assez fourni, des crimes contre l’humanité commis par le régime Assad, y compris évidemment l’attaque contre la Ghouta de Damas. Dans l’un ou l’autre cas, le pouvoir en place sur les bords du Barada reste donc dans le collimateur de la communauté internationale.
En ce qui concerne spécifiquement la situation sur la scène libanaise, les milieux du 14 Mars relèvent que les sources diplomatiques occidentales affirment que le Liban a été placé au service des soins intensifs, et il bénéficie dans ce contexte d’une couverture internationale visant à préserver sa stabilité et sa sécurité. Un tel soutien international et arabe devrait se traduire dans une étape ultérieure par la formation du gouvernement présidé par Tammam Salam. La mise en place de cette équipe ministérielle serait le prélude au règlement de tous les dossiers conflictuels qui sont en suspens sur l’échiquier local depuis de nombreuses années, et qui ont été rendus encore plus complexes par les multiples retombées de la guerre syrienne. La formation du cabinet Salam permettrait plus particulièrement, dans le cadre du package deal global à l’échelle régionale, de réactiver les institutions étatiques libanaises et d’imposer, enfin, la primauté de la loi dans les rapports entre les factions politiques locales.
Cela paraît évident en première analyse : un expert en affaires militaires souligne que les États-Unis et la Russie, ainsi que certains pays européens, s’emploient au stade actuel à gagner du temps afin de faire le point de la situation présente et de jauger les perspectives d’avenir à la lumière des retombées de l’attaque aux armes chimiques contre la Ghouta de Damas...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut